dimanche 16 décembre 2012

Massacre à la tronçonneuse : la nouvelle génération

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui du quatrième volet de la saga tronçonneuse, MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE : LA NOUVELLE GÉNÉRATION, réalisé par Kim Henkel en 1994.
Retrouvez mon dossier sur la saga Massacre à la tronçonneuse en cliquant ICI.


Titre : Massacre à la tronçonneuse : la nouvelle génération
Réalisation : Kim Henkel
Acteurs : Renée Zellweger, Matthew McConaughey, Robert Jacks, Tonie Perensky, Joe Stevens, Lisa Newmyer, Tyler Cone, John Harrison, James Gale...
Année de sortie : 1994
Genre : Horreur

Synopsis : Barry, Heather, Sean et Jenny rentrent de leur soirée de promotion quand un accident de la route les contraint à chercher du secours en pleine forêt. Leur détresse attire l'attention d'une famille de meurtriers qui vit dans la région et leur soirée de bal se transforme alors en une sanglante chasse à l'homme.

Infos utiles : Certains acteurs du premier opus de la saga font une courte apparition dans le film, comme Marilyn Burns dans le même rôle que l'original, Paul A. Partain et John Dugan.

Ma critique : Après Texas chainsaw massacre (1974) de Tobe Hooper, le premier volet de la saga, et sa suite très réussie Texas chainsaw massacre 2 (1986) du même réalisateur, la saga a connue peu de suites comme en ont connu - sans compter les remakes - les autres sagas des célèbres boogeymen de Halloween (8 films), Vendredi 13 (11 films) ou encore Freddy (8 films). Le personnage de Leatherface offre peu d'horizons à explorer car les films ne mettent pas en scène un tueur en particulier qui poursuit ses victimes, mais met en scène une famille rattachée à un lieu bien précis où c'est finalement la maison qu'ils habitent qui constitue le "personnage principal" du film. Le risque est donc que l'histoire se répète. Mais deux réalisateurs vont tout de même tenter de mettre à nouveaux en scène les aventures du tueur masqué. Tout d'abord Jeff Burr en 1990 avec Leatherface : Massacre à la tronçonneuse 3, suite plutôt réussie, puis Kim Henkel avec MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE : LA NOUVELLE GÉNÉRATION (en anglais Texas chainsaw massacre : next generation), le scénariste et producteur de l'original et des deux suites, ainsi que producteur du remake. Le propos du film de Henkel est incertain. S'agit-il d'une suite ou d'un remake ? Même lui ne semble pas le savoir. Il s'agit en fait presque d'un plagiat de l'original, car moult scènes sont reprises à l'identique, mais avec le talent de Hooper en moins. Le réalisateur cherche à redonner du nouveau à la saga, d'où "nouvelle génération", mais Henkel si prend si maladroitement que le film semble tout juste issu du début des années 80, avec des répliques tellement ridicules qu'elles en deviennent gênantes, comme lorsque l'une des héroïnes surjouant la jeune fille écervelée déclare sans cesse "Je rêve souvent qu'un tueur me poursuit" ou encore "Je suis persuadé qu'il y a quelqu'un dans ces bois, on va mourir". De plus le montage est bâclé, laissant de belles bourdes de faux raccords à l'écran, en plus du ridicule des scènes de poursuites et de meurtres, comme celle où Leatherface poursuit l'héroïne sur le toit de la maison et, cette dernière cachée derrière la cheminée, le tueur tronçonne la cheminée dont les briques tombent une par une. C'est au moins des éclats de rires garantis, mais malheureusement involontaires. Henkel ne semble pas avoir pris conscience du personnage qu'a créé son collègue Tobe Hooper. Leatherface pousse sans interruption des cris de cochons, qui en font un personnage qui semble sans cesse apeuré et maladroit, tandis que celui de Hooper est sûr de ces actes, même si il les exécute de façon routinière, dans la tradition familiale. Le réalisateur a aussi voulu explorer une autre facette d'Ed Gein, le véritable tueur dont s'inspire le premier volet, à savoir celle du complexe d'Oedipe, en transformant Leatherface en travesti. Il en fait trop et rend le personnage beaucoup trop caricatural. Henkel tente beaucoup de choses intéressantes, mais ne les achève pas et celles-ci n'ont finalement pas leur place dans l'univers de la saga. Il ajoute par exemple une femme exhibitionniste, une ambiguïté sur le fait que la famille Tronçonneuse ne soit plus cannibale, se nourrissant plutôt de pizzas, mais il ajoute surtout une touche pseudo-fantastique qui serait une justification des actions de la famille, ce qui ne peut avoir sa place dans le film. On retrouve dans MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE : LA NOUVELLE GÉNÉRATION la toute jeune et encore physiquement naturelle Renée Zellweger (Bridget Jones : l'âge de raison, Le cas 39), mais surtout Matthew McConaughey (Magic Mike, La défense Lincoln), chacun regrettant probablement cette étape de leur filmographie. Si il y a bien une raison de voir ce film, c'est pour McConaughey qui joue - voire surjoue un peu, ce qui est pardonnable vu son peu d'expérience à l'époque - le rôle d'un tueur fou qui dirige la famille. Le futur acteur de Killer Joe (de William Friedkin) nous offre une véritable démonstration de ses capacités à interpréter toutes sortes de folies à travers un florilège de grimaces, de mimiques et d'une présence inquiétante. MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE : LA NOUVELLE GÉNÉRATION est donc un épisode qui aurait pu être évité et qui n'est malheureusement pas à la hauteur de la saga, frôlant presque l'imposture. Heureusement que le remake de l'original par Marcus Nispel et sa préquelle par Jonathan Liebesman sauveront le mythe de Leatherface.

Leatherface travesti lors d'une scène de fin bien copiée sur l'original

Matthew McConaughey et Renée Zellweger

samedi 8 décembre 2012

Chroniques de Tchernobyl

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de CHRONIQUES DE TCHERNOBYL de Bradley Parker.


Titre : Chroniques de Tchernobyl
Réalisation : Bradley Parker
Acteurs : Devin Kelley, Jonathan Sadowski, Ingrid Bolso Berdal, Olivia Dudley, Jesse McCartney, Nathan Phillips, Dimitri Diatchenko...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : Un groupe d'amis partis explorer la ville de Prypiat, dans les environs du site de Tchernobyl, se retrouve pris au piège dans une ville abandonnée, entre des animaux féroces et une présence inquiétante qui les tue un à un.

Infos utiles : CHRONIQUES DE TCHERNOBYL n'a pas été tourné à Prypiat mais à Belgrade en Serbie et à Budapest en Hongrie. Les lieux déserts proviennent d'une ancienne usine et de bâtiments militaires, voire dans d'anciens tunnels datant de la Seconde Guerre mondiale. Le film a du faire face à une polémique lors de sa sortie en salle aux Etats-Unis de la part d'une association américaine de défense des victimes de Tchernobyl. Celle-ci reprochait au film de ne pas respecter les victimes. Le scénariste du film de Parker a eu l'idée de ce scénario en regardant des photos de la ville de Prypiat sur internet. La grande roue que l'on voit dans le film est fausse. La base a été construite pour les gros plans mais pour les plans d'ensembles la partie haute a été réalisée à l'aide d'images de synthèse lors du montage.

Ma critique : Après le maintenant culte Paranormal activity, Oren Peli, réalisateur du premier volet, revient mais cette fois-ci du côté de la production et du scénario pour CHRONIQUES DE TCHERNOBYL, qui s'abstient du fameux procédé de "found-footage" qui devient sérieusement agaçant. On revient donc à des prises de vue "classiques", ce qui repose les yeux, même si la façon de filmer reste agitée. Aux premiers abords le premier film de Bradley Parker semble culotté, étant donnée qu'il aborde un sujet sensible qu'il met au service d'un film d'épouvante. On sentait avant même sa sortie la polémique qu'il engendrerait. On devine aussi le pitch, à savoir d'étranges créatures ayant survécu aux radiations qui refont surface, mais c'est le lieu choisit qui apporte de l'originalité à un scénario bien classique. Mais les lieux sont malheureusement pas assez mis en scène et pas assez "personnalisés", car oui, pour ce genre de films le lieux doit être le personnage principal du film. Les immeubles délabrés - très bien fait par ailleurs - et la nature morte sont expédiés, pour laisser place à une intrigue qui commence bien, avec un scénario bien ficelé et un suspens à coupé au couteau, puis se perd dans une recherche d'action horrifique fade à travers une poursuite des plus ordinaire, qui part de l'extérieur spacieux vers les couloirs sous-terrains de plus en plus étroits dans un univers claustrophobique et crade qui peux rappeler l'ambiance de Hostel (de Eli Roth). Les créatures dont on craint longuement l'arrivée ne sont finalement que de vulgaires monstres dépourvus de toute humanité, ce qui empêche toute crédibilité et frayeur que l'on retrouvait à l'inverse dans l'excellent La colline a des yeux (de Alexandre Aja), dont Bradley Parker semble vouloir imité tant bien que mal. Le temps des véritables films d'horreurs-chocs qui en mettent plein la vue ne lésinant pas sur les effets spéciaux et sur les gros plans de monstres semble malheureusement bien révolu, laissant place à des films comme CHRONIQUES DE TCHERNOBYL où l'on cherche à en montrer le moins tout en essayant d'effrayer le plus à l'aide de techniques issues de facilités. On retrouve dans le film une bande de jeunes acteurs sympas tels que Devin Kelley (Chicago code), Jonathan Sadowski (Vendredi 13, Die hard 4 : retour en enfer) ou Olivia Dudley (The dictator, Le stratège), dont on ne reproche pas le jeu, mais malheureusement trop conventionnels et dont la mort de chacun est téléphonée. Même si CHRONIQUES DE TCHERNOBYL cherche à imiter ses aînés tout en s'en éloignant et manque de rigueur, il a le mérite d'offrir au spectateur un paysage nouveau, filmé dans une image bleuâtre appréciable. CHRONIQUES DE TCHERNOBYL est à voir pour une première moitié réussie, avec un scénario qui tient la route et une tension pesante, et pour une deuxième moitié beaucoup moins réussie mais qui mène vers un final jubilatoire.

Devin Kelley et Jonathan Sadowski


mardi 13 novembre 2012

Argo

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de ARGO, le nouveau film de Ben Affleck, sorti le 7 novembre dernier.


Titre : Argo
Réalisation : Ben Affleck
Acteurs : Ben Affleck, John Goodman, Alan Arkin, Bryan Cranston, Clea DuVall, Kyle Chandler, Chris Messina...
Année de sortie : 2012
Genre : Policier, espionnage

Synopsis : Novembre 1979. En pleine révolution iranienne, des étudiants islamistes forcent l'entrée de l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran et prennent en otage une cinquantaine de citoyens américains. Profitant de l'assaut, six personnes réussissent à s'échapper et trouvent refuge dans la résidence de l'ambassadeur du Canada. Conscient que leurs jours sont comptés, le gouvernement US charge Tony Mendez, un agent de la CIA spécialisé dans l'exfiltration, d'élaborer un plan pour les rapatrier. Son idée - les faire passer pour une équipe de cinéma en repérages en Iran - est tellement folle qu'elle pourrait marcher.

Infos utiles : ARGO est inspiré d'une histoire vraie survenue en 1979, une douzaine d'américains avaient été pris en otage dans leur ambassade en Iran. Six d'entre eux étaient parvenus à s'échapper à se cacher auprès de l'ambassadeur canadien Ken Taylor à Téhéran. La CIA a alors tout mis en oeuvre pour les ramener chez eux.

Ma critique : Après le gentil Gone baby gone (2007) et le réussi The town (2010), Ben Affleck (Daredevil, Pearl Harbor) réalise avec ARGO son troisième film, une merveille. Alors que son petit frère, le brillant Casey Affleck (The killer inside me, Gone baby gone), avait déjà trouvé sa voix dans le cinéma et tournait son premier film I'm still here - époustouflant - en 2010, Ben Affleck se colle à la mise en scène plus tardivement, après une longue carrière de niaiseries qui le menaient de plus en plus vers l'oubli. C'est après son premier essai, qui s'avérait être intéressant mais beaucoup trop imparfait, qu'il a la chance de réaliser The town, dans lequel il mise beaucoup plus sur l'action et où incarne un gangster un peu trop "gentil". C'est alors qu'il parvient à trouver avec ARGO un juste milieu entre action et drame, soit un thriller politique. Ben Affleck se place de nouveau en tête d'affiche et fait le choix de s'inspirer d'une histoire vraie. On aurait pu s'attendre à ce qu'il ait pris la grosse tête et qu'il noie le spectateur dans un film beaucoup trop bavard et ennuyeux qui s'appuie seulement sur l'aspect politique du film. Mais non. Affleck n'oublie en rien le thriller et se concentre sur une histoire plus centrée, mais toujours sur un fond politique présent. De plus le réalisateur/acteur ne vole en rien la vedette aux autres acteurs, en parvenant à s'effacer comme il le faut. On ressent enfin davantage sa présence dans une mise en scène bien maîtrisée que dans le film lui-même, ce qui dévoile le talent de mise en scène de ce dernier. Le film brille par sa sobriété. Même si on se doute de la fin dès le début du film , Affleck parvient à nous tenir en haleine jusqu'à la dernière minute d'ARGO avec un suspens très bien mené. On prend un malin plaisir à suivre une aventure improbable mais pourtant véritable, avec un film dans le film presque aussi intéressant que le film qui le met en scène. Toujours dans un but de divertir, le cinéaste va toujours vers l'essentiel, en s'abstenant de scènes superflues ou trop longues. On retrouve également un humour inattendu disséminé tout au long du film. ARGO est un pur plaisir visuel, avec une image lisse et une reconstitution esthétique mais réaliste, et un travail de recherche minutieux, allant jusqu'à utiliser des acteurs aux physiques quasi sosies des véritables protagonistes. On peut en faire la constatation lors d'un panorama d'images d'archives au générique de fin. On retrouve dans ARGO un super casting de "vieux", comme Bryan Cranston (John Carter, la série Malcolm), l'incroyable John Goodman (Dans la brume électrique, Panic sur Florida Beach), toujours dans un rôle secondaire mais très classe, ici en tant que créateur d'effets spéciaux, ou encore le super Alan Arkin (Little Miss Sunshine, Echange standard). On retrouve aussi la jeune Clea DuVall (Zodiac, Conviction), ici méconnaissable. Même si ARGO pousse parfois un peu trop loin les clichés américains et Ben Affleck s'efface parfois trop au point de devenir presque inexpressif, son troisième film est une réussite, qui permet décidément à l'acteur de relancer sa carrière, qui promet d'être détonante...

Cliquez ICI pour visiter le site du film, riche en images, vidéos et informations.

Ben Affleck, entouré de sa fausse équipe de tournage

Ben Affleck (à gauche) dans une situation délicate

lundi 12 novembre 2012

L'étrange créature du lac noir 3D

Bonjour ! Je vais vous aujourd'hui de L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR, le célèbre film du Studio Universal qui met en scène une bien étrange créature que je vous présenterai. Ce film réalisé en 1953 par Jack Arnold a eu le privilège d'être ressorti en 3D dans quelques salles en France. Courez-y vite ! Il ne restera probablement pas longtemps dans les salles !


Titre : L'étrange créature du lac noir
Réalisation : Jack Arnold
Acteurs : Richard Carlson, Julie Adams, Richard Denning, Antonio Moreno...
Année de sortie : 1954
Genre : Épouvante

Synopsis : Après avoir été droguée et capturée par une équipe de scientifiques, la "créature" s'éprend de leur assistante. Souffrant de solitude, ce "chaînon manquant amphibie" s'échappe et kidnappe l'objet de son affection. Le chef de l'équipe entreprend une véritable "croisade" pour secourir la jeune femme et renvoyer la créature dans les profondeurs abyssales du lagon.

Infos utiles : Il a fallu deux costumes différents pour la créature : un costume plus léger et plus souple pour les scènes sous-marines, porté par Ricou Browning, et un costume plus sombre et plus lourd pour les scènes hors de l'eau, porté par Ben Chapman. Chacun des costumes faits de caoutchouc ont été moulés selon la silhouette des acteurs. Ils leur fallait trois heures pour les enfiler avant de tourner les scènes.

Ma critique : Il y a près de soixante-ans, Jack Arnold (L'homme qui rétrécit, Tarantula) tournait pour Universal Studios L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR, après avoir fait ses preuves avec Le Météore de la nuit la même année. Universal Studios avait alors déjà sorti plusieurs monstres comme Dracula, L'homme invisible ou encore Le loup-garou, qui formeront la firme des "Universal Monsters". Mais ce qui est particulier avec L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR, c'est que c'est l'un des premiers films hollywoodiens tourné en 3D, selon le procédé polarisant. La 3D au cinéma existe effectivement depuis bien longtemps, malgré des périodes d'essor plus importantes dans les années 80 et surtout aujourd'hui, utilisée à des fins commerciales pour des films qui la plupart du temps n'en valent pas la peine. Seulement par la suite le film est visible dans les salles avec le système anaglyphe, soit les lunettes "rouge-bleue", qui créer une dominante de vert. Le distributeur Carlotta Films à eu l'ingénieuse idée de ressortir le film en version restaurée et en respectant le système de la trois dimensions d'origine. C'est donc un véritable hommage fait au film d'Arnold, un hommage soigné qui respecte le film. L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR commence avec une explosion qui en envoie plein la vue, au sens propre du terme, avec des éclats qui semblent nous arriver droit dans le visage. Arnold s'amuse déjà avec la 3D, avant de nous dévoiler l'un des effets les plus impressionnants du film, le fossile en forme de main retrouvé par un archéologue qui semble traverser l'écran. Suivront alors moult effets impressionnants qui creveront l'écran, comme des poissons, un harpon ou des bulles d'eau. On retrouvera dans la suite du film l'histoire classique de la belle et de la bête, mais avec une créature beaucoup plus sombre, vivant au fin fond d'un lac de l'Amazonie. Même si cette "étrange créature" - qui ressemble fort à un poisson - s'avère être particulièrement dénuée de charme, elle n'en est pas moins pleine d'humanité et de tendresse. Après tout elle n'a pas demandé à ce qu'on vienne la capturer, elle est tout en droit de défendre son paisible territoire. Mais ce n'est pas aussi simple que ça pour ce que les fans appelleront plus tard Gill-man (l'homme branchies), étant donnée qu'il s'éprend d'une jolie jeune femme insouciante, interprétée par Julie Adams (Ordure de flic, Meurtres sur la 10e Avenue). Il en arrive donc à la capturer mais on découvrira vite que les charmes de la créature n'atteindront malheureusement pas la jeune femme... Mais c'est à travers une magnifique scène, culte par ailleurs, que le Gill-man révèle sa passion pour la jeune femme, lorsque que celle-ci décide d'aller nager dans le lac et que l'homme-branchies, tapissé dans l'ombre, remonte vers la nageuse et répète ses mouvements à son insu, comme un ballet qui frôle symboliquement l'érotisme, tant les mouvements des corps l'un au dessus de l'autre se répètent avec grâce. Cela ne serait rien sans cette magnifique image sous-marine et la prestation de l'acteur qui, il faut le rappeler, se doit de nager sous l'eau dans une combinaison probablement lourde où est dissimulée une bouteille à oxygène dont on ne repère aucun des artifices. La créature semble prendre vie. Ce monstre, dont on ressent la couleur verdâtre et l'aspect vaseux à travers le noir et blanc, est une pure merveille en terme de création de costume et de maquillage. Malgré quelques effets qui ont quelque peu vieilli et des clichés scénaristiques - comme les pauvres esclaves qui se font décimés un à un et auxquels personne ne prête attention - qui pousse au rire, L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR est une leçon de cinéma, qui aura su éduquer des réalisateurs comme Tim Burton, et reste un bijoux du cinéma d'épouvante. Etant donné que les autres monstres d'Universal n'ont pas été tournés en 3D, on n'attendra donc surement pas d'autres sorties utilisant ce procédé, mais au moins espérons des ressorties sur grand écran avec un traitement semblable à celui de L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR 3D. En attendant, nous pouvons redécouvrir la plupart de ces titres dans un "Coffret Universal Monsters" édition limitée et numérotée regroupant huit films, de Dracula (de Tod Browning) à Frankenstein (de James Whale) en passant bien évidemment par le film de Jack Arnold. Malheureusement le coffret ne semble exister qu'en blu-ray.

Cliquez ICI pour visiter le site officiel de Carlotta Films.

Gill-man

Voici l'affiche originale de la ressortie de L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR 3D :


vendredi 9 novembre 2012

Sinister

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui de SINISTER, un film d'horreur américain réalisé par Scott Derrickson.

"Si vous le voyez, vous ne pourrez plus lui échapper."


Titre : Sinister
Réalisation : Scott Derrickson
Acteurs : Ethan Hawke, Juliet Rylance, Fred Dalton Thompson, James Ransone...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : Cherchant à renouer avec le succès, un auteur de livres policiers inspirés de faits réels emménage avec sa famille dans une maison dont les anciens occupants ont été retrouvés pendus. La découverte de vieilles bobines 8 mm le met sur la piste d'un mystère surnaturel. Pendant ce temps, tous les soirs, à la nuit tombée, les lattes du plancher se mettent à grincer...

Infos utiles : Suite aux problèmes rencontrés par certaines salles lors de projections de Paranormal activity 4, perturbées par des actes de vandalismes et des agressions commis par certains jeunes spectateurs, des exploitants ont réagi en déprogrammant SINISTER de plus de quarante salles en France.

Ma critique : Alors que les films sur le paranormal envahissent de plus en plus le grand écran et battent des records de banalité et d'arnaques commerciales, comme la saga Paranormal activity à partir du second volet - le premier étant sympathiquement suffisant - et que le found footage est un moyen facile et rentable d'attirer les foules dans les cinémas - et par ailleurs une façon d’accélérer la mort du cinéma d'épouvante, Scott Derrickson (Hellraiser 5 : inferno, Le jour où la Terre s'arrêta), le réalisateur du gentil mais original L'exorcisme d'Emily Rose, a tout compris. Il est selon lui beaucoup plus intéressant de filmer un personnage qui découvre des films amateurs, plutôt que d'utiliser la facilité de donner l'illusion que ce que le spectateur regarde en est un. SINISTER se place dans la lignée des films d'horreur sur le paranormal, principalement dans la lignée d'Insidious (de James Wan) une sorte de compilation de l'Exorciste et de Poltergeist, Wan semblant se fiche de ses spectateurs, crainte que l'on craignait de retrouver avec le film de Derrickson. Mais ce dernier, avec l'aide de son coscénariste C. Robert Cargill raconte une "vraie" histoire, et ça fait du bien. Même si on devine celle-ci dès les premières minutes du film, voire dès la bande-annonce, et qu'elle se compose de nombreux clichés, elle met en scène des snuffs-movies absolument terrifiants que l'on découvre en même temps que le héros. Le premier d'entre eux, le plus glauque, est montré dès les premières secondes du film, avant même l'apparition du titre, afin de clouer le spectateur dans son fauteuil. Derrickson prend un malin plaisir à manipuler son héros et le spectateur dans une sorte de mise en abîme des différents films, des snuffs-movies au film "que l'on fera peut-être sur moi", selon les dires du héros. Même si SINISTER use d'un scénario classique, la construction de celui-ci n'en pas moins intéressante. A la manière de Daniel Radcliffe dans La dame en noir (de James Watkins), on suit notre héros déambuler dans les couloirs, à l’affût d'un moindre bruit, dans un huis-clos infernal qu'est la maison. Même si ce procédé est lourdement répétitif, se déroulant chaque nuit, il est efficace. Le spectateur se met peu à peu à redouter la tombée de la nuit. Le film use aussi abondamment de Jump scares, au point de s'attendre à chacun d'entre eux, mais ils ont au moins le mérite de se révéler vraiment, et non de se limiter seulement à une porte qui claque et un volet qui grince, soit tout ce qui fait la série des Paranormal activity. De plus le "monstre" du film donne véritablement froid dans le dos, dévoilé aux yeux du spectateur comme il le faut, sans sombrer dans l'excès. On retrouve Ethan Hawke (Daybreakers, L'élite de Brooklyn) dans le rôle de l'écrivain menant une enquête parfois aux airs de Blow up, parfait dans le rôle d'un homme aussi effrayé que fasciné par ce qu'il vit. En plus d'une photographie irréprochable dévoilant des clairs obscurs impeccables, le film s'accompagne d'une magnifique musique, digne de celle de classiques des années 70, écrite par l'incontournable compositeur Christopher Young (The secret, Jusqu'en enfer). SINISTER est donc l'une des rares réussites de la vague "paranormale" actuelle, certes simpliste mais efficace, à voir au cinéma. Frissons garantis.

CLIQUEZ ICI pour visiter le site officiel du film et y découvrir des images animées (comme celle ci-dessous) ou encore le poster vidéo du film.
Retrouvez aussi un extrait de la musique de SINISTER et des images du film sur la page Facebook de LHmovies, en cliquant ICI (pas besoin d'être inscrit pour consulter la page !)

Ethan Hawke


mercredi 31 octobre 2012

Skyfall

Bonjour chers cinéphiles ! Je vais vous parler aujourd'hui de SKYFALL, le 23ème et tant attendu volet de la saga James Bond réalisé par Sam Mendes, fêtant par la même occasion les 50 ans du célèbre agent secret.


Titre : Skyfall
Réalisation : Sam Mendes
Acteurs : Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Ralph Fiennes, Naomie Harris, Bérénice Marlohe, Ben Whishaw, Albert Finney...
Année de sortie : 2012
Genre : Action

Synopsis : Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l'Agence. Ces évènements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l'ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d'une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu'un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l'ombre. Avec l'aide d'Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l'objectif secret et mortel...

Infos utiles : SKYFALL aurait pu ne jamais voir le jour. La production, lancée en 2010, a du être interrompue en raison de problèmes financiers rencontrés par la MGM, avant le rétablissement du studio. L'acteur Daniel Craig, qui interprète 007, a tenu a assurer lui-même la plupart de ses cascades. Le tournage du film s'est déroulé en Chine, en Turquie et au Royaume-Uni, à Londres et en Ecosse.

Ma critique : Avant même sa sortie en salles, SKYFALL faisait déjà parler de lui et rendait les fans de plus en plus impatients avec une promotion extrêmement bien préparée, de la publicité pour la bière Heineken aux affiches très réussies laissant imaginer un retour aux sources, tout ça en même temps que l'anniversaire du célèbre agent secret britannique, qui fête ses 50 ans d’existence et ses 23 films. De plus le film se fait remarquer en annonçant une sortie mondiale le vendredi 26 octobre 2012. Réaliser un nouvel opus de l'une des plus grandes sagas de tous les temps était un véritable défi pour Sam Mendes (American Beauty, Jarhead), qui a toujours fait preuve d'une direction d'acteurs parfaite et qui a toujours bénéficié d'une image soignée. De plus il était difficile de surprendre le spectateur après les deux volets précédents avec Daniel Craig (Dream house, Layer cake), notamment après Quantum of solace (de Marc Forster), où l'on retrouvait le français Mathieu Amalric (Tournée, Cosmopolis) qui interprétait incroyablement bien le rôle du méchant. Mais Mendes y est arrivé, en renouvelant le mythe autant qu'il en fait un retour aux sources, en commençant par un magnifique générique, bordé par la voix électrique de la chanteuse Adele, dans la plus pure tradition des génériques de James Bond, beaucoup moins respectée dans les volets précédents. Ce générique est précédé par l'une des plus belles introduction du héros, qui brille par sa simplicité et son efficacité, dévoilant la silhouette de l'agent secret se rapprocher peu à peu de l'écran avant de laisser découvrir les yeux bleus de l'acteur, le tout dans une maîtrise filmique irréprochable. Mendes nous mène ensuite de surprises en surprises, en se dépassant à chaque fois, en mentionnant par exemple le nom du méchant puis en le faisant apparaître qu'à partir de la seconde moitié du film, faisant languir le spectateur à l'idée de le découvrir. Sa première apparition - semblable à l'arrivée de James Bond au début du film - n'est pas fracassante, mais n'en est pas moins impressionnante, tant la prestation de Javier Bardem (Biutiful, Mar adentro) est intense, surpassant son rôle -déjà assez fou - de tueur dans le sublime No country for old men (de Joel et Ethan Coen), en ne se limitant pas à la folie de son personnage, mais en parvenant aussi à le rendre humain. Il signe ici son plus beau rôle, qui lui sera indélébile, et incarne l'un des méchants les plus impressionnants de la saga, qui est une référence sans conteste à Max Zorin, le méchant - blond lui aussi - de Dangereusement Vôtre interprété par Christopher Walken. SKYFALL pourra, comme il plaira à certain, déplaire à d'autre, comme aux fans endurcis des premiers James Bond, avec des changements qui persistent depuis le début du relancement de la saga avec Craig. L'agent 007 ne cesse par exemple de dévoiler certaines faiblesses au fil des films, ce qui donne un aspect beaucoup plus réaliste et non idéologique à la franchise, comme pouvaient le montrer les anciens James Bond pleins de gadgets, qui sont à oublier ici. James Bond change et évolue avec son temps, et c'est tant mieux. On retrouve donc dans SKYFALL Daniel Craig pour le rôle titre, le -seul - rôle qui lui va à merveille, dans le rôle du méchant Javier Bardem, et dans ceux des "James Bond girls" la belle française Bérénice Marlohe (L'art de séduire, Un bonheur n'arrive jamais seul), pour un début de carrière explosif, et Naomie Harris (28 jours plus tard, Pirates des caraïbes : jusqu'au bout du monde). On retrouve aussi l'inégalable Judi Dench dans le rôle de M, qui se révélera dans cet épisode, plus particulièrement face au personnage de Bond, ainsi que deux personnages qui renouvellent la franchise, Ralph Fiennes (Bons baisers de Bruges, Démineurs) et Ben Whishaw (Bright star, Le parfum : histoire d'un meurtrier), qui marque le retour de Q. SKYFALL s'achève par une véritable leçon de cinéma, n'hésitant pas à nous livrer des plans qui durent, ce qui bouscule le rythme de film d'action traditionnel récurrents dans les James Bond. Cette fin, magistrale, explosive, crépusculaire, hallucinante, évoque aussi - pour la première fois dans la saga - l'enfance de James Bond, dans un magnifique château au beau milieu des landes écossaises, filmées avec maestro par Mendes, tel un rêve dont on en ressort pas indemne. On retiendra aussi une magnifique séquence à Shanghai, avec une mention spéciale pour le dragon de Komodo. Le film s'achève par une scène finale qui assure au spectateur un retour certain de notre agent préféré. SKYFALL est sans aucun doute le meilleur volet de la saga.

Cliquez ICI pour visiter le site officiel du film.
Et retrouvez des informations supplémentaires, comme les superbes affiches de SKYFALL et des vidéos exclusives sur la page Facebook de LHmovies, en cliquant ICI (pas besoin d'être inscrit pour consulter la page !)

James Bond (Daniel Craig) et son Aston Martin DB5

Voici le clip officiel de la chanson "Skyfall" d'Adele pour le générique du film :


dimanche 28 octobre 2012

Contrebande

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui de CONTREBANDE, un film américain réalisé en 2012 par le réalisateur islandais Baltasar Kormakur (Crime city, Jar city).


Titre : Contrebande
Réalisation : Baltasar Kormakur
Acteurs : Mark Wahlberg, Kate Beckinsale, Ben Foster, Giovanni Ribisi, Lukas Haas, Diego Luna, J.K. Simmons...
Année de sortie : 2012
Genre : Action

Synopsis : Pour aider son beau-frère à s'acquitter d'une dette, Chris, ancien roi de la contrebande rangé des voitures, est contraint de renouer avec son passé en montant un trafic de faux billets entre La Nouvelle-Orléans et Panama.

Infos utiles : CONTREBANDE est une "adaptation" - et non un remake selon les dires de Kormakur - américaine de Reykjavik-Rotterdam de Oskar Jonasson (disponible en DVD sous le titre de Illegal traffic). L'acteur principal et le producteur n'est autre que Kormakur, le réalisateur de la version américaine. Mark Wahlberg a réalisé lui-même la plupart de ses cascades.

Ma critique : CONTREBANDE est le troisième long-métrage tourné et produit en Amérique par Kormakur, après Crime city et Etat de choc. Le film - dont l'histoire est on ne peux plus banal - empile clichés sur clichés, avec l'histoire d'un bien gentil père de famille et ancien criminel rangé, qui est contraint de retrouver ses affaires. Mais le réalisateur aborde le sujet de façon a assumer totalement la banalité scénaristique, pour nous livrer un film honnête et modeste et pour s'appuyer davantage sur le réalisme des scènes d'actions, époustouflantes, étant tournées en temps réel et très peu chorégraphiées, pour laisser les acteurs libres de leurs mouvements. De plus CONTREBANDE ne tombe pas dans la facilité de la violence gratuite, n'exposant que très peu de violence pour rendre les rares scènes de meurtres d'autant plus percutantes. Kormakur expédie les préparatifs du coup monté pour mieux se centrer sur l'action et laisser le spectateur la découvrir. L'action, très peu théâtralisée mais plutôt réaliste, trouve lieu principalement sur un bateau et s'enchaîne par le biais de nombreux acteurs qui permettent au héros de progresser tout au long du film. Parmi ce cocktail explosif d'acteurs, on retrouve le gentillet Mark Wahlberg (Fighter, La nuit nous appartient), quelque peu fade mais efficace, qui s'efforce de prendre des airs de méchants, l'inquiétant Ben Foster (30 jours de nuit, 3h10 pour Yuma), qui s'éloigne ici de ses rôles de méchant, Kate Beckinsale (la saga Underworld, Motel), dans le rôle de la mère de famille dévouée, l'inquiétant Diego Luna (Harvey Milk, Rudo et Cursi), Lukas Haas (Tripper, Inception) et le très drôle J.K. Simmons (Spiderman 1, 2 et 3, Ladykillers) dans son rôle habituel de grincheux. Mais on retiendra surtout l'incroyable prestation de Giovanni Ribisi (Avatar, Il faut sauver le soldat Ryan), que l'on a peu l'habitude de voir au grand écran et pour la plupart dans des seconds rôles. Il incarne de façon électrisante le criminel classique, mais dont la vie est d'une noirceur indescriptible, laissant apparaître ses faiblesses, comme celle d'un homme perdu, largement fragile et finalement vulnérable. Ce sont donc les acteurs qui animent et accompagnent l'action de CONTREBANDE, qui fait toute la force du film. Ce que l'on pourrait reprocher au film est la volonté de filmer certaines scènes du film - en particulier de dialogues - à la façon d'un documentaire, en utilisant le zoom et le de-zoom. Le long-métrage de Kormakur est un bon petit film d'action du samedi soir, divertissant et beau, qui s'assume entièrement, et dont on retiendra surtout la performance d'un acteur en devenir, Giovanni Ribisi, ainsi que de nombreuses scènes d'actions efficaces, comme des poursuites en voiture, des scènes de tirs et de braquages qui peuvent rappeler celles de The town (de Ben Affleck).

Cliquez ICI pour visiter le site officiel du film.

Giovanni Ribisi

Diego Luna (à gauche) et Mark Wahlberg (à droite)

Retrouvez aussi la critique express de Cosmopolis de David Cronenberg sur la page Facebook de LHmovies, en cliquant ICI.

dimanche 21 octobre 2012

Police squad !

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de POLICE SQUAD ! une série télévisée américaine diffusée en 1982 aux Etats-unis et en 1989 en France.

N'ayant pu trouver la bande-annonce de la série, voici le générique, en VF :


Titre : Police Squad !
Création : Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker
Réalisation : épisode 1 : Jim Abrahams
                   épisode 2 : Joe Dante
                   épisode 3 : Pat Proft
                   épisode 4 : Paul Krasny
                   épisode 5 : Reza Badiyi
                   épisode 6 : Joe Dante
Acteurs : Leslie Nielsen, Alan North, Ed Williams, William Duell, Rex Hamilton, Peter Lupus...
Année de sortie : 1982
Genre : Série humoristique

Synopsis : Frank Drebin est un fin limier de la police de Los Angeles... enfin presque ! S'il fait bien partie de la police de Los Angeles, le lieutenant Drebin est plutôt spécialisé dans les gaffes, quiproquos, interrogatoires surréalistes et catastrophes en chaîne. C'est à se demander comment il réussit à résoudre les enquêtes...

Infos utiles : POLICE SQUAD ! est disponible en double DVD depuis le 20 janvier 2009.

Ma critique : Ces cinéastes à l'origine des meilleures comédies qui soient, de Y a-t-il un pilote dans l'avion (de David Zucker) à Scary movie 3 et 4 (de David Zucker) en passant par Hot Shots ! 1 et 2 (Jim Abrahams) créent après la série des "Y a-t-il un flic pour..." une série télévisée qui n'est autre que POLICE SQUAD !, mettant en scène d'autres aventures du lieutenant Frank Drebin. Pour cette mini-série de six épisodes, les créateurs font appel à différents réalisateurs tels que Jim Abrahams, Pat Proft (Le détonateur), Paul Krasny (la série Mission : Impossible), Reza Badiyi (The way back home) mais surtout le grand Joe Dante (Gremlins, Panic sur Florida Beach), l'un des maîtres de la farce et de l'horreur, qui réalise avec "Le cercle de la peur (une mission dangereuse)" l'un des meilleurs épisodes de la série, mettant en scène le milieu de la boxe, et tous les gags qui peuvent y découler. C'est humour potache et quelquefois gentiment vulgaire est l'un des rares à parvenir à additionner gags sur gags, des plus flagrants aux plus pointilleux cachés en arrière-plan. Le spectateur ne cesse de découvrir des détails à l'arrière-plan, voire deux gags en simultané. Cet humour ne peut cependant plaire à tout le monde, à ceux qui exigent une certaines rationalité même dans les comédies, pour l'aspect illogique des dialogues, comme l'hilarante réplique que l'on retrouve presque dans chaque épisode : " - Cigarettes ? - Oui, je sais", qui évoquent sans conteste celles des Hot Shots !. POLICE SQUAD ! est donc un best-of de 144 minutes de gags non stop, malgré des gags qui ont mal vieilli malheureusement. La série procède selon une même recette à chaque épisode - peut être un peu trop ? - c'est à dire que la construction narrative est toujours la même, parodiant toujours parfaitement la série policière des années 60, dans laquelle on retrouve toujours un même générique avec une guest-star (comme Lorne Greene, William Shatner ou encore William Conrad) se faisant tuer, ne pouvant donc figurer dans l'épisode, une même altercation au laboratoire, tenu par un chimiste des plus fous, un ascenseur quelque peu étrange, un policier coupé au niveau du cou, tellement grand qu'il ne peut entrer entièrement dans le champ... Mais cela ne serait rien sans la prestation de Leslie Nielsen (Scary movie 3 et 4, Hamburger film sandwich), malheureusement disparu il y a bientôt deux ans, doté d'une capacité de mimiques incroyables. En bref, POLICE SQUAD ! fait partie de ces rares comédies - avec celles de Mel Brooks (La folle histoire du monde, Frankenstein Junior) - véritablement drôles qu'il ne faut pas oublier, et qui sont probablement la source d'inspiration de La cité de la peur (de Alain Berbérian) chez nous.


mercredi 17 octobre 2012

Zombie planet

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de ZOMBIE PLANET, un film italien sorti le 18 septembre 2012 en DVD.


Titre : Zombie planet
Réalisation : Marco Ristori et Luca Boni
Acteurs : Alex Lucchesi, Guglielmo Favilla, Claudio Marmugi, Rosella Elmi, Elisa Ferretti, Steve Sylvester...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : Dans un futur proche, suite à une expérimentation catastrophique, l'espèce humaine a muté, transformée en morts-vivants cannibales. Prédateurs presque invincibles, cette nouvelle race domine le monde, bien déterminée à anéantir toute autre espèce vivant sur la planète. Cependant, grâce à quelques survivants, un noyau de résistance s'est formé et organise l'ultime contre-attaque. L'espoir de réussite est faible, mais une seule chose est sûre : il n'y aura pas de seconde chance.

Infos utiles : Uwe Boll, le producteur du film, fait une apparition dans le film dans le rôle du président des Etats-Unis.

Ma critique : ZOMBIE PLANET est de toute évidence un Direct-to-DVD, venu tout droit du cinéma transalpin. Coup de chance pour Marco Ristori et Luca Boni qui signent ici leur premier film, le long-métrage est produit et distribué par le réalisateur allemand Uwe Boll (Alone in the dark, King Rising au nom du roi), soit le "maître" des séries B fantastiques et d'action, avec déjà une longue liste de films en tous genres derrière lui, et qui n'est pas prête de s'achever. Il y a bien longtemps que le cinéma d'horreur italien est rare, voire inexistant, à vrai dire depuis le grand Lucio Fulci (L'enfer des zombies, Frayeurs). Surtout dans le film de zombies, dont on voit fleurir en masse des chef-d'oeuvre et des navets du monde entier, mais pas de l’Italie. C'est donc avec curiosité que l'on découvre ce film de zombies, qui semble annoncer du lourd dans la bande-annonce. Mais la question que l'on se pose est - comme avec la plupart des DTV - si le film sera à la hauteur de la bande-annonce. ZOMBIE PLANET - intitulé aussi Eaters - dévoile certes moult imperfections, mais fait preuve aussi de beaucoup d'originalité et de recherche technique. Après un générique à la 28 jours plus tard (de Danny Boyle), le duo italien nous plonge directement dans l'action avec une discussion entre deux hommes en habits de soldats sur l'origine du virus, explorant d'autres hypothèses que celle que l'on a l'habitude d'entendre. Les deux personnages pénètrent ensuite dans un labo, nous dévoilant alors une tête arrachée toujours en mouvement. Cette première démonstration des effets spéciaux du film est époustouflante, tant le réalisme est poussé et les maquillages faits main sont incroyables. C'est de main de maître que l'équipe FX continuera tout le long du film de nous surprendre avec des zombies tous plus réussis les uns que les autres, notamment un accroché à un mur, du moins ce qui reste, son tronc et sa tête, gesticulant dans tous les sens sous les impacts de balles. ZOMBIE PLANET trouve donc sa place dans ses effets spéciaux uniques. On remarquera cependant certaines facilités futiles incrustées numériquement à l'image, comme des giclées de sang sur l'écran ou des coups de feu qui ne font qu'appuyer l'amateurisme. On retrouve aussi des acteurs qui surjouent, à l'accent italien qui les décrédibilise. Mais cela a son charme, tout comme cette image hyper contrastée et fluide qui fonctionne. Malgré les nombreuses incohérences de mise en scène, Ristori et Boni explorent avec ce road-movie de nombreux horizons au niveau du scénario, comme un peintre qui trouve son inspiration dans les corps déchiquetés de morts-vivants et se faisant appeler "Caravage" ou encore un groupe de survivants nazis reculés dirigés par une espèce de nain psychopathe. Les deux cinéastes parviennent à s'approprier leurs propres zombies, mais ne semble pas décidés sur leur démarche, alternant entre marche et course. Ils semblent s'affirmer d'autant plus dans la suite du film, commandée toujours par Boll, en mettant en scène cette fois-ci plus des victimes de réactions chimiques que des zombies à proprement parler. J'adhère à ce point de vue. Les deux réalisateurs annoncent un film plus lourd, avec de l'humour et de l'action, et on leur fait confiance, étant donné le premier teaser du film ainsi que de sa récente bande annonce officielle. Attendons donc impatiemment la sortie de Zombie massacre, adapté du jeu vidéo éponyme, et souhaitons longue vie à une saga qui se crée peut-être ? ZOMBIE PLANET est certes une véritable série B, qui frôle parfois le nanar, mais est avant tout un pur film de zombies déjanté.

Si vous désirez en savoir plus sur Uwe Boll, je vous invite à lire cet article très intéressant du site Nanarland.com, en cliquant ICI.
Retrouvez aussi des infos supplémentaires à propos de ZOMBIE PLANET, comme une featurette inédite du film sur la page Facebook de LHmovies, en cliquant ICI (pas besoin d'être inscrit pour consulter la page !)



Voici le super teaser de Zombie Massacre, de Marco Ristori et Luca Boni :


dimanche 7 octobre 2012

The theatre bizarre

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui d'un film bien étrange, le film collectif THE THEATRE BIZARRE, une anthologie réalisée par sept réalisateurs américains connus ou non. Le film est sorti en DVD le 3 octobre dernier.


Titre : The theatre bizarre
Réalisation : Richard Stanley (The mother of toads)
                   Buddy Giovinazzo (I love you)
                   Douglas Buck (The accident)
                   Tom savini (Wet dreams)
                   Karim Hussain (Vision stains)
                   David Gregory (Sweets)
                   Jeremy Kasten (Theatre guignol)
Acteurs : Udo Kier, Guilford Adams, Suzan Anbeh, Lindsay Goranson, André Hennicke, Kaniehtiio Horn, Lena Kleine, Catriona McColl, Victoria Maurette, Virginia Newcomb, Debbie Rochon, Tom Savini, Melodie Simard...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis :
THE MOTHER OF TOADS : En France, un couple de vacanciers rencontre une sorcière qui prétend posséder une copie du Necronomicon.
"I LOVE YOU" : Une femme annonce à son mari qu'elle le quitte.
THE ACCIDENT : Une mère et sa fille sont témoins d'un accident de la route.
WET DREAMS : Une femme blessée se venge de son mari infidèle.
VISION STAINS : Une tueuse en série extrait les souvenirs de ses victimes à l'aide d'une seringue.
SWEETS : Un couple obsédé par la nourriture consume son amour.
THEATRE GUIGNOL : Une salle de cinéma se transforme en véritable théâtre de pantins sous l'égide d'un automate.

Infos utiles : Pour chacun des films de THE THEATRE BIZARRE, les réalisateurs étaient contraints de respecter des règles bien précises, comme un même budget pour chacun, une durée de 10 à 20 minutes par segment, un calendrier à tenir et une même ligne narrative, celle du théâtre du "Grand-Guignol". Ce théâtre dont l'anthologie s'inspire ouvrit ses portes à la fin du 19ème siècle dans le 9e arrondissement de Paris et ferma ses portes en 1963. Il proposait des spectacles d'horreur, particulièrement glauques et sanguinolents. Le théâtre existe toujours, et est situé au 7 Cité Chaptal, à Paris. Il fut réhabilité en 2004 pour devenir l'"International Visual Theatre". The mother of toads, le segment réalisé par Richard Stanley, est une adaptation de la nouvelle éponyme du poète et auteur américain Clark Ashton Smith.

Ma critique : THE THEATRE BIZARRE sortait dans très peu de nos salles en mai dernier, malgré la contribution française dans le film, étant donné que Jean-Pierre Putters, le créateur de la célèbre revue de cinéma de genre Mad Movies et de la boutique Movies 2000 à Paris, produit le segment The mother of toads de Richard Stanley (Le souffle du démon, L'île du docteur Moreau) via Metaluna Productions, qui se déroule en France. Cette anthologie marque un retour réjouissant du cinéma d'horreur pur, crade et sans concession que l'on a plus le plaisir de voir depuis un bon moment. Chaque réalisateur ose, au risque de déplaire à un grand nombre de spectateurs, mais aussi de régaler quelques fans du genre. La narration de THE THEATRE BIZZARE se fait par le segment Theatre Guignol, de Jeremy Kasten (The wizard of gore, The attic expeditions), plus particulièrement par l'incontournable et grand Udo Kier (Melancholia, Iron sky), terrifiant dans le rôle du conteur, que l'on retrouve avant et après chaque court-métrage, d'une manière qui rappelle sans conteste Cryptkeeper, le célèbre conteur de la série-télé Les contes de la crypte. Ce segment est celui qui rend le plus hommage au théâtre du Grand-Guignol, avec de magnifiques jeux de marionnettes et d'éclairages, donnant un univers absolument macabre au film de Kasten. C'est à travers ce court que le spectateur assiste au "spectacle", en même temps que l'héroïne. Après cette introduction suit The mother of toads, se déroulant dans une France quelque peu stéréotypée, mais qui est intéressante à voir à travers l'oeil américain. Mais Stanley nous offre des plans de notre bonne vielle campagne qu'il est bon et rare de voir mise en scène dans un film de genre. Malgré le fait qu'on ne sait véritablement jamais où veut en venir le réalisateur, le segment nous offre une très belle image, notamment d'une scène dans une piscine, mise en parallèle avec des plans de paysages montagneux, jouant avec les climats chaud et froid des deux scènes, bordés d'une superbe musique angoissante. On remarquera aussi une référence à Shining (De Stanley Kubrick). On retrouvera par la suite un segment tout à fait intéressant de Buddy Giovinazzo (No way home, Life is hot in Cracktown), se déroulant en Allemagne et mêlant psychologie et psychose, avec le génial André Hennicke (Antibodies, La comtesse). On retrouvera par la suite un segment beaucoup trop onirique et ennuyeux réalisé par Douglas Buck (Sisters, Family portraits), et un bel épisode réalisé par le grand Tom Savini (Zombie, Massacre à la tronçonneuse 2), le maquilleur par excellence de films d'horreur, plus particulièrement de zombies, qui depuis un certain temps à décidé de se consacrer à la mise en scène et au jeu d'acteur. Il fait donc ici ses preuves, avec une caméra maîtrisée et une direction d'acteurs satisfaisante, à travers une histoire et une ambiance rappelant celle de la série-télé Masters of horror. Il assure malgré tout les maquillages du film, toujours aussi saisissants, dont on retiendra surtout le super monstre-vagin. Savini apparaît également à l'écran, dans un rôle auto-dérisoire. L'un des meilleurs moments de THE THEATRE BIZARRE reste Vision stains, le segment de Karim Hussain, faisant preuve de beaucoup d'originalité scénaristique. On retrouve Kaniehtiio Horn (Sur la route, Voyage au centre de la terre), une belle canadienne qui on l'espère reviendra à l'écran. Ce que l'on retiendra surtout du segment d'Hussain est l'effet ultra-réaliste et mystérieux de la seringue pénétrant un oeil, qui restera gravée dans nos esprits. L'anthologie s'achève avec Sweets, une belle métaphore de la relation amoureuse et du couple par David Gregory, qui signe sa toute première oeuvre. Le film se conclut par la fin du segment de Kasten, emprisonnant le spectateur dans le théâtre, et annonçant une possible suite... THE THEATRE BIZARRE est donc un véritable retour aux sources de l'horreur qui procure un pur plaisir, certes imparfait, mais qui renoue avec l'ambiance des séries télévisées d'horreur et du Grand-Guignol, en respectant tous ses aspects : le rire, le sexe et l'horreur. Une suite est envisagée, mais cette-fois ci totalement made in France, dont les réalisateurs pressentis seraient Xavier Gens (The divide, Hitman), Pascal Laugier (Martyrs, The secret), Julien Maury et Alexandre Bustillo (A l'intérieur, Livide), Olivier Abbou (Territoires), Talal Selhami (Mirages) et Lucile Hadzihalilovic (Innocence, seul contre tous).  Un septième devrait être ajouté à la liste, mais dont l'identité est en discussion. Espérons que The theatre bizarre 2 : Grand Guignol sera à la hauteur.

Cliquez ICI pour visiter le site officiel de Metaluna Productions.

Lindsay Goranson

                
Le DVD :

Comme à son habitude, Wild Side nous livre un très beau DVD.
En plus d'un sur-étui cartonné et de menus interactifs réussis, il contient comme bonus :
- 3 makings-of ("Vision stains", "The accident" et "The mother of toads")
- Un commentaire audio du film
- Des galeries photos
- Des bandes annonces
Mais aussi deux superbes affiches du film !
Retrouvez THE THEATRE BIZARRE sur le site de Wild Side.



Voici les superbes affiche du film ainsi que de sa suite :



mardi 11 septembre 2012

Killer Joe

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de l'une des grandes surprises de la rentrée, de KILLER JOE, réalisé par William Friedkin et sortit le 5 septembre dernier.


Titre : Killer Joe
Réalisation : William Friedkin
Acteurs : Matthew McConaughey, Emile Hirsch, Juno Temple, Thomas Haden Church, Gina Gershon...
Année de sortie : 2012
Genre : Thriller

Synopsis : Endetté auprès d'un caïd, Chris découvre que sa mère, qu'il déteste tant, possède une assurance-vie de 50 000 dollars. Il décide de la faire buter par Killer Joe, un flic qui arrondit ses fins de mois en tant que tueur à gages. Problème : ce dernier réclame une avance que Chris ne peut régler. Alors qu'il est sur le point d'annuler le contrat, Killer Joe tombe en extase devant Dottie, la jeune et innocente soeur de Chris, et la "négocie" à la place de l'avance. Chris et son dégénéré de père n'y réfléchissent pas à deux fois.

Infos utiles : Le tournage de KILLER JOE a duré un peu plus d'un mois et s'est déroulé entre novembre et décembre 2010.

Ma critique : Âgé de 77 ans, William Friedkin n'a pas perdu de son énergie et n'a pas finit d'explorer de nombreux horizons. Après avoir été séduit par les pièces de théâtre de l'auteur Tracy Letts et après avoir adapté l'une de ses pièces au grand écran avec le génial et glaçant Bug, le réalisateur de French connection et de L'Exorciste renouvelle l'expérience avec KILLER JOE, autre adaptation d'une pièce éponyme de Letts, écrite en 1991. On y retrouve une quasi unité de lieu et le style propre de l'auteur, également scénariste du film, ainsi que la mise en scène très maîtrisée de Friedkin, qui a tendance à toujours apporter une dimension fantastique dans ses long-métrages, ici à travers des scènes qui penchent subtilement dans l'irréalité. Le film s'ouvre avec une séquence remarquable, où l'on suit un personnage - d'abord inconnu - en gros plan, qui crie en courant sous la pluie, le tonnerre grondant et un chien aboyant, le tout filmé avec maestro par Friedkin, comme un film noir. Un contraste se fait lorsque l'on découvre Dottie, innocente, à l'abri de toute cette frénésie cinématographique et scénaristique. Friedkin ne cessera par la suite de bousculer et de surprendre le spectateur avec un enchaînement d'action plus ou moins violentes, puis avec une multitude de scènes remarquables tout au long du film, comme l'apparition du tueur, qui frôle volontairement le ridicule, avant de découvrir toute la noirceur de Killer Joe. Les éléments essentiels des pièces de Letts sont les prestations des acteurs, qui doivent assurer des rôles de personnages torturés et qui mènent de plus en plus vers une explosion de folie. Friedkin avait assuré le coup avec Michael Shannon (Take Shelter, Boardwalk Empire) dans Bug et de nouveau avec Matthew McConaughey (Tonnerre sous les tropiques, Magic Mike), dans le rôle de Joe, après avoir dévoilé son talent dans La défense Lincoln (De Brad Furman). Matthew McConaughey tient avec KILLER JOE le rôle de sa vie, désormais indélébile de son physique de charmeur. Terrifiant et inexpressif, il imprègne un personnage impénétrable aux "yeux qui font mal", comme le remarque si bien le personnage de Dottie, interprété par Juno Temple (The dark knight rises, Greenberg), qui parvient avec ce film à se démarquer. Mais c'est aussi Emile Hirsch (Into the wild, Speed racer) qui décroche son meilleur rôle, excellent dans le rôle d'un jeune aussi inconscient qu'antipathique, Friedkin parvenant à trouver la juste mesure pour ne pas trop s'attacher à son personnage, malgré sa situation à plaindre et son physique d'ange. Le réalisateur du Convoi de la peur parvient aussi au fil du film à manipuler le spectateur en faisant passer Killer Joe pour le personnage principal, avant Chris. Le fait que le film soit adapté d'une pièce se fait malheureusement - mais aussi inévitablement - ressentir vers le milieu du film par l'étouffement du lieu et des dialogues. Le réalisateur aère cependant son film avec des scènes d'extérieurs absolument angoissantes, voir dérangeantes pour certaines scènes d'intérieures, notamment une qui vous coupera l'envie de manger du poulet pour un bon moment. Malgré sa limite pour les moins de douze ans, le film fait preuve d'une violence particulièrement crue, qui rappelle par certains aspects celle de The killer inside me, le chef-d'oeuvre de Winterbottom, la nudité en plus. De plus, le film vous offre les "charmes" de la vie texane et de ses paysages, filmés majestueusement par Friekin, avec une dominante de bleu. Certaines scènes ne manquent pas de rappeler Massacre à la tronçonneuse (De Tobe Hooper), notamment à travers une scène de repas aussi fascinante que dérangeante, Friedkin avouant adorer ce classique de l'horreur, même si il dit ne pas y avoir penser pendant le tournage. KILLER JOE est accompagné d'une superbe musique qui ne manque pas de souligner la noirceur du film, semblant nous rappeler constamment la présence de Killer Joe, qui ère de pièces en pièces, passant la plupart de son temps dans la chambre de Dottie, tel un adolescent. Le film s'achève avec une orgie de folie, une explosion d'absurdité et de violence, totalement jubilatoire. En bref, KILLER JOE est un film, un vrai, comme il est rare et bon d'en voir, réalisé par un maître de l'horreur et du film policier qui ne cesse de s'améliorer et qui semble avoir trouvé sa voie, à l'inverse de la plupart des "grands" réalisateurs actuels qui régressent.

Cliquez ICI pour visiter le site officiel du film.

Emile Hirsch (à gauche) et Matthew McConaughey (à droite)

Voici l'affiche originale du film :


samedi 8 septembre 2012

Touristes

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Lors de la dix-huitième édition de l’Étrange Festival qui se déroule du 6 au 16 septembre au Forum des Images, j'ai pu assister en avant-première à TOURISTES (Sightseers en anglais), un film anglais de Ben Wheatley, à l'affiche récemment avec Kill list. Le film, sélectionné pour le Prix du Public, sortira le 26 décembre 2012. Le film sera aussi diffusé le 15 septembre lors du festival.
Cliquez ICI pour visiter le site officiel de l’Étrange Festival et y retrouver toute la programmation à ne pas manquer.


Titre : Touristes
Réalisation : Ben Wheatley
Acteurs : Alice Lowe, Steve Oram...
Année de sortie : 2012
Genre : Comédie satirique

Synopsis : Tina a toujours mené une vie bien rangée, protégée par une mère possessive et envahissante. Pour leurs premières vacances en amoureux, Chris décide de lui faire découvrir l'Angleterre à bord de sa caravane. Un vrai dépaysement pour Tina. Mais très vite, ces "vacances de rêve" dégénèrent : touristes négligents, ados bruyants et campings réservés vont rapidement mettre en pièces le rêve de Chris et de tous ceux qui se trouveront sur son chemin...

Infos utiles : TOURISTES a reçu le prix Palm Dog lors de la Quinzaine des Réalisateurs 2012.

Ma critique : Il n'y a véritablement que les anglais qui sont capables de nous livrer un tel choc cinématographique. Dans la lignée de Bons baisers de Bruges (De Martin McDonagh) - malgré une grande marge de différence - TOURISTES, produit par Edgar Wright (Shaun of the dead, Scott Pilgrim vs the world) est un film à l'humour noir typiquement anglais, qui trouve son comique non pas dans la parodie des codes du film du genre mais dans le contraste fort entre les différentes activités et attitudes des deux personnages principaux, un couple de prolétaires lambda et soudé. Ces deux-là ont comme projet de visiter des musées plus incongrus les uns que les autres, du musée du tramway au musée du crayon, jusqu'au jour où tout dérape, lorsqu'un touriste jette un papier par terre, et traumatise ainsi Chris. Le film commence avec un générique accompagné d'un son indescriptible, dont on comprend l'origine ensuite dans une scène tant complaisante qu'elle pousse à en rire, à la manière de l'humour belge. Après plusieurs scènes qui nous en disent plus sur le personnage de Tina, mais pas sur celui de Chris, suspecté dès le départ par sa belle-mère, suit une explosion musicale et cinématographique avec le départ de la caravane et l'arrivée au musée du tramway, bordée par la superbe chanson "Tainted love" du groupe anglais Soft Cell ( reprise de la chanson de Gloria Jones) que l'on retrouve d'ailleurs au générique de fin du film. C'est à partir d'un accident plus ou moins involontaire que l'énergie meurtrière du personnage se développe, le rendant insensible au meurtre. Le génie du film réside dans la façon de Wheatley de bousculer, de détourner le recul du spectateur par rapport aux faits. Ce n'est plus le meurtre qui interloque le spectateur, mais la façon de l’exécuter, avec plus ou moins de "style", selon les dires de Chris. Wheatley parvient à rendre le meurtre naturel et anodin. Le spectateur est donc forcé de s'immiscer dans une sorte de complicité avec les personnages. Ce qui renforce l'aspect dantesque de TOURISTES sont les scènes qui jonglent entre rêve et réalité, notamment celle filmée en contre-jour dans la magnifique campagne anglaise où Chris prend l'aspect d'un prédateur jusqu'à ce que la scène explose pour dériver sur une forte référence à 2001 : L'odyssée de l'espace. L'autre dimension extravagante du film est l'univers du camping auquel sont confrontés nos deux personnages, avec la concurrence des autres touristes et des rencontres plus saugrenues les unes que les autres. Wheatley parvient à rendre le K-away ordinaire effrayant, voir à en faire un costume officiel de tueur en série. On retrouve dans cet anti Bonnie and Clyde Alice Lowe (Kill list, Hot fuzz) et Steve Oram (Bitter), tous deux exceptionnels, qui signent également le scénario. C'est ce contraste fort entre des meurtres ultra-gores tant dans les effets spéciaux que dans les bruitages et les activités et les délires enfantins des personnages qui fait la force du film et de son humour, sans jamais parodier le cinéma de genre ni en utiliser les codes. Malgré un semblant de longueur qui se fait ressentir au milieu du long-métrage - qui se rattrape aussitôt - le film s'achève avec une fin jouissive, qui semble narguer le spectateur. Ben Wheatley est un réalisateur à suivre de près.

CLIQUEZ ICI pour visiter le site officiel du film, très bien fait et riche de contenu (dossier de presse, vidéos à télécharger...).

Alice Low et Steve Oram

Voici la chanson "Tainted Love" du groupe Soft Cell :