samedi 8 septembre 2012

Touristes

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Lors de la dix-huitième édition de l’Étrange Festival qui se déroule du 6 au 16 septembre au Forum des Images, j'ai pu assister en avant-première à TOURISTES (Sightseers en anglais), un film anglais de Ben Wheatley, à l'affiche récemment avec Kill list. Le film, sélectionné pour le Prix du Public, sortira le 26 décembre 2012. Le film sera aussi diffusé le 15 septembre lors du festival.
Cliquez ICI pour visiter le site officiel de l’Étrange Festival et y retrouver toute la programmation à ne pas manquer.


Titre : Touristes
Réalisation : Ben Wheatley
Acteurs : Alice Lowe, Steve Oram...
Année de sortie : 2012
Genre : Comédie satirique

Synopsis : Tina a toujours mené une vie bien rangée, protégée par une mère possessive et envahissante. Pour leurs premières vacances en amoureux, Chris décide de lui faire découvrir l'Angleterre à bord de sa caravane. Un vrai dépaysement pour Tina. Mais très vite, ces "vacances de rêve" dégénèrent : touristes négligents, ados bruyants et campings réservés vont rapidement mettre en pièces le rêve de Chris et de tous ceux qui se trouveront sur son chemin...

Infos utiles : TOURISTES a reçu le prix Palm Dog lors de la Quinzaine des Réalisateurs 2012.

Ma critique : Il n'y a véritablement que les anglais qui sont capables de nous livrer un tel choc cinématographique. Dans la lignée de Bons baisers de Bruges (De Martin McDonagh) - malgré une grande marge de différence - TOURISTES, produit par Edgar Wright (Shaun of the dead, Scott Pilgrim vs the world) est un film à l'humour noir typiquement anglais, qui trouve son comique non pas dans la parodie des codes du film du genre mais dans le contraste fort entre les différentes activités et attitudes des deux personnages principaux, un couple de prolétaires lambda et soudé. Ces deux-là ont comme projet de visiter des musées plus incongrus les uns que les autres, du musée du tramway au musée du crayon, jusqu'au jour où tout dérape, lorsqu'un touriste jette un papier par terre, et traumatise ainsi Chris. Le film commence avec un générique accompagné d'un son indescriptible, dont on comprend l'origine ensuite dans une scène tant complaisante qu'elle pousse à en rire, à la manière de l'humour belge. Après plusieurs scènes qui nous en disent plus sur le personnage de Tina, mais pas sur celui de Chris, suspecté dès le départ par sa belle-mère, suit une explosion musicale et cinématographique avec le départ de la caravane et l'arrivée au musée du tramway, bordée par la superbe chanson "Tainted love" du groupe anglais Soft Cell ( reprise de la chanson de Gloria Jones) que l'on retrouve d'ailleurs au générique de fin du film. C'est à partir d'un accident plus ou moins involontaire que l'énergie meurtrière du personnage se développe, le rendant insensible au meurtre. Le génie du film réside dans la façon de Wheatley de bousculer, de détourner le recul du spectateur par rapport aux faits. Ce n'est plus le meurtre qui interloque le spectateur, mais la façon de l’exécuter, avec plus ou moins de "style", selon les dires de Chris. Wheatley parvient à rendre le meurtre naturel et anodin. Le spectateur est donc forcé de s'immiscer dans une sorte de complicité avec les personnages. Ce qui renforce l'aspect dantesque de TOURISTES sont les scènes qui jonglent entre rêve et réalité, notamment celle filmée en contre-jour dans la magnifique campagne anglaise où Chris prend l'aspect d'un prédateur jusqu'à ce que la scène explose pour dériver sur une forte référence à 2001 : L'odyssée de l'espace. L'autre dimension extravagante du film est l'univers du camping auquel sont confrontés nos deux personnages, avec la concurrence des autres touristes et des rencontres plus saugrenues les unes que les autres. Wheatley parvient à rendre le K-away ordinaire effrayant, voir à en faire un costume officiel de tueur en série. On retrouve dans cet anti Bonnie and Clyde Alice Lowe (Kill list, Hot fuzz) et Steve Oram (Bitter), tous deux exceptionnels, qui signent également le scénario. C'est ce contraste fort entre des meurtres ultra-gores tant dans les effets spéciaux que dans les bruitages et les activités et les délires enfantins des personnages qui fait la force du film et de son humour, sans jamais parodier le cinéma de genre ni en utiliser les codes. Malgré un semblant de longueur qui se fait ressentir au milieu du long-métrage - qui se rattrape aussitôt - le film s'achève avec une fin jouissive, qui semble narguer le spectateur. Ben Wheatley est un réalisateur à suivre de près.

CLIQUEZ ICI pour visiter le site officiel du film, très bien fait et riche de contenu (dossier de presse, vidéos à télécharger...).

Alice Low et Steve Oram

Voici la chanson "Tainted Love" du groupe Soft Cell :


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