mardi 27 septembre 2016

Critique : 31 de Rob Zombie

,

retour aux sources du survival

Parce que Rob zombie est l'un des rares réalisateurs de films d'horreur à entretenir la tradition du genre et à proposer des oeuvres originales, on attend chacun de ses films avec impatience. Présenté dans la section Midnight Movies au FEFFS (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg) 2016, 31 est le dernier film de Rob Zombie. Tout en revenant à la base du film d'horreur, le survival, son film s'intègre dans la lignée de ses contemporains, entre Hostel, La Cabane dans les bois, American Nightmare ou encore une version gore de Hunger Games.









Depuis son avant-dernier film, The Lords of Salem (2012), Rob Zombie semble s'être rangé du côté d'un cinéma plus mainstream, bien qu'il bénéficie toujours d'autant de liberté pour faire ses films. Après un long-métrage à la sauce paranormale produit par Jason Blum et Oren Peli (à l'origine de la saga Paranormal Activity), Rob Zombie reprend le principe de ce qui fait le bonheur de la jeune génération et des gros producteurs américains, à savoir celui du young adult movie et sa mise en scène de la compétition, de Hunger Games (2012) à Divergente (2014) en passant par Le Labyrinthe (2014), où des jeunes doivent surmonter des épreuves pour survivre.

Mais dans le cas de 31, on serait tenté de dire qu'il s'agit d'un "strong" adult movie. Si Rob Zombie reprend le principe d'une compétition dans laquelle les participants de la classe moyenne doivent survivre sous le regard voyeuriste d'arbitres de la classe élevée, c'est bien sûr en le transposant à sa sauce. Au groupe d'adolescents se substitue une troupe d'artistes de cirque tous plus ou moins âgés et loin d'être des enfants de coeur. De cette façon, le film fait un savoureux pied de nez à la production hollywoodienne en nous livrant une version trash de Hunger Games.

Jeff Daniel Philipps et Sheri Moon Zombie

Mais la portée provocatrice de 31 - alors très présente dans les premiers films de Zombie - ne va pas au-delà, et le film se révèle finalement bien sage. Alors que Rob Zombie a toujours su respecter son univers en s'émancipant de ce que faisaient ses confrères, il semble ici puiser de façon simpliste dans ce qui se fait de plus commercial dans le genre, en reprenant le principe d'une nuit de massacre réglée à la minute près de American Nightmare (2013) et la galerie de monstres de La Cabane dans les bois (2012), sans aller au-delà. En résulte un survival conventionnel. Même si le film fonctionne et suscite une certaine tension, on en attendait plus du maître de l'horreur.

Les meurtres s'enchaînent et les corps tombent, si bien qu'en sortant de la salle, et pendant les jours qui suivent, on ne se rappelle plus que d'un patchwork de scènes de meurtres ordinaires. Nous sommes loin de l'ultraviolence et des visions d'horreur de ses anciens films, perdant par là la notion de trauma chère à l'univers zombien. Peut-être que cette impression de faiblesse provient du fait que Zombie place le spectateur entièrement du côté des victimes, à l'inverse de ses précédent films où il le poussait à s'identifier soit totalement aux bourreaux dégénérés soit partiellement au tueur Michael Myers.

Richard Brake, terrifiant dans le rôle de Doom-Head

Malgré tout, on retrouve quelques réminiscences de son cinéma antérieur, ce qui laisse penser que son style est toujours présent. En témoignent le générique d'ouverture, la musique, la présence de sa femme Sheri Moon Zombie, la reconstitution intemporelle des années 70, le goût pour l'art du cirque et ses freaks.

Bien que 31 soit une petite déception - moindre toutefois que celle provoquée par son film précédent - en ce qu'il cède aux facilités évoquées plus tôt et qu'il paraisse bien sage pour un film de Zombie, le réalisateur donne toujours à voir quelque chose d'inédit au cinéma, placé bien au-delà des productions horrifiques insipides actuelles. Et ça, ça fait du bien aux amateurs de cinéma de genre que nous sommes.

Une référence explicite à Massacre à la tronçonneuse

Finalement, il faut peut-être apprécier ce film pour ce qu'il est. Il faut apprécier simplement ce film de série B comme une oeuvre de bonne facture et divertissante, et la considérer comme une "série B de série B" dans la filmographie de Rob Zombie, en cela qu'il est peut-être son film le plus sensible. En effet, les victimes de 31 semblent exténuées par la violence, pleurent à plusieurs reprises et ne font preuve que de très peu de résistance face à leurs bourreaux, à l'inverse des protagonistes des autres films de Zombie. On ressent comme un ras-le-bol chez ses personnages. Rob Zombie éprouverait-il lui aussi un ras-le-bol de faire des films d'horreur ? On espère pas.

31
Réalisé par Rob Zombie
Écrit par Rob Zombie
Avec Sheri Moon Zombie, Lawrence Hilton-Jacobs, Meg Foster, Jeff Daniel Phillips, Malcolm McDowell, Richard Brake...

Date de sortie inconnue

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire