samedi 31 mars 2012

La dame en noir

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! La célèbre production britannique Hammer, après son retour fulgurant en 2008 avec Morse de Tomas Alfredson (La taupe), nous livre une autre grande surprise, LA DAME EN NOIR, de James Watkins (Eden Lake), qui renoue avec le style gothique de la production qui avait cessé toute activité en 1979.


Titre : La dame en noir
Réalisation : James Watkins
Acteurs : Daniel Radcliffe, Ciaran Hinds, Janet McTeer, Liz White, Shaun Dooley, Roger Allam...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur/Epouvante

Synopsis : Jeune clerc de notaire à Londres, Arthur Kipps ne se remet pas de la mort de sa femme à la naissance de leur fils, quatre ans plus tôt. Envoyé en province pour régler la succession d'une vieille excentrique, il rencontre des villageois traumatisés par des évènements dont ils ne veulent même pas parler...

Infos utiles : LA DAME EN NOIR est adapté du roman anglais "The woman in black", écrit par Susan Hill et publié en 1983. Depuis sa publication, le roman a été adapté plusieurs fois au théâtre et même à la télévision avec un téléfilm du même nom. Afin d'éviter un format d'image traditionnel des films d'horreurs, James Watkins a choisit de tourner en 2.35 à la place du 1.85.

Ma critique : La Hammer revient en force avec LA DAME EN NOIR, respectant les codes de ses films d'horreurs gothiques des années 70, mais avec une image et une technique moderne. James Watkins, le réalisateur de l'incroyable Eden Lake, parvient à créer une peur rare et originale, celle apportée par des apparitions silencieuses dans le dos du personnage, dont le spectateur seul commence par les voir, lui laissant le doute de l'authenticité des visions. Les fantômes et esprits, modernisés avec le temps, qui triomphent actuellement dans les films d'horreurs comme Paranormal activity d'Oren Peli, ont ici une approche plus classique, renouant avec le film de fantôme gothique, laissant place à de simples apparitions et détails, mais foudroyant d'effroi et d'angoisse. LA DAME EN NOIR respecte ses ancêtres avec un début typique des films de la Hammer, dans la ligné des Dracula, où un jeune homme naïf - ici notaire, comme Jonathan Harker - a comme mission de s'occuper d'une vieille et grande demeure, n'ayant bien évidemment pas suivit les avertissement des villageois hostiles. Après une arrivée dans la maison hantée à travers de grands paysages majestueux sans fin, le héros va peu à peu trouver raisons aux préventions des habitants. Cette trame oubliée depuis les derniers films de la production britannique fait un retour jubilatoire, permettant aux fans des classiques de l'épouvante de redécouvrir cet émerveillement à travers une technologie évoluée et des acteurs de notre époque. James Watkins visite certes tout les clichés de l'épouvante, mais avec une finesse et une parfaite façon de les filmer, rendant l'ennuie et le ridicule impossibles. On retrouve dans LA DAME EN NOIR le post-Harry Potter, Daniel Radcliffe, qui parvient à lâcher ses lunettes et sa baguette magique et à se démarquer de la saga à succès, comme l'avait fait Leonardo DiCaprio après Titanic (De James Cameron). Le jeune acteur, au physique d'enfant, joue pourtant un jeune homme de 22 ans, à l'instar des héros très jeunes de l'âge d'or de la Hammer. Il parvient parfaitement, en toute modestie, à jouer son personnage, un personnage naïf, honnête, bon et innocent, à qui il arrive une succession de malheurs, avec des yeux bleus en parfaite harmonie avec les couleurs froides et bleuâtres du film. On retrouve aussi Ciaran Hinds (La taupe, Bons baisers de Bruges), qui avait déjà joué aux côtés de Radcliffe dans Harry Potter et les reliques de la mort, juste, dans un personnage amical et touchant. LA DAME EN NOIR, munis d'un budget moyen, parvient à nous offrir une nature anglaise sublime, à dominante d'un bleu très froid, jouant avec des touches de jaune, notamment à travers de grands plans de vastes plaines, où le héros s'aventure, la nature prenant le dessus de l'homme, comme l'avait fais Werner Herzog dans Nosferatu, fantôme de la nuit, où le jeune Harker, interprété par Bruno Ganz, arpentait les collines humides d'une nature glaçante. Le film de Watkins s'achève avec une fin crue, à l'instar du très bon Jusqu'en enfer de Sam Raimi (Evil dead, Intruder) mais finalement enjolivée, pour finalement finir avec un plan final majestueux et ironique. LA DAME EN NOIR renoue donc avec un genre longtemps enfouit que long exhume enfin pour livrer un film d'épouvante gothique et classique, avec une grande peur et une angoisse omniprésente, rare dans la vague gore et commerciale des films d'horreurs actuels, permettant à Daniel Radcliffe de se détacher de son personnage d'Harry Potter.

Voici le site officiel de LA DAME EN NOIRhttp://www.ladameennoir-lefilm.com
Et cliquez ICI pour visiter le site officiel de la Hammer Production

Daniel Radcliffe

Daniel Radcliffe
Ciran Hinds

dimanche 18 mars 2012

38 témoins

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui de 38 TÉMOINS, un film français réalisé par Lucas Belvaux (Rapt, La raison du plus faible) en 2012.


Titre : 38 témoins
Réalisation : Lucas Belvaux
Acteurs : Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia, François Feroleto, Natacha Régnier, Patrick Descamps, Didier Sandre...
Année de sortie : 2012
Genre : Drame

Synopsis : Une nuit, dans une rue du Havre, une femme est sauvagement assassinée. Les habitants de l'immeuble au pied duquel elle est morte jurent n'avoir rien vu ni entendu, excepté un pilote de bateau, peu à peu rongé par le remords.

Infos utiles : 38 témoins est adapté du roman "Est-ce ainsi que les femmes meurent ?" de David Decoin, dont l'histoire se situe à New York dans les années 60. Le tournage a eu lieu pendant 8 semaines, en février et mars 2011, dans la ville du Havres et ses alentours.

Ma critique : 38 TÉMOINS commence comme un polar sombre, avec des plans froids de bateaux à containers, d'une dominante de bleu, déshumanisant le film, également dans les plans qui suivent, ceux d'un cadavre dans le hall d'un immeuble. Cette ambiance glacial, sans aucune source de vie, à l'instar de la scène d'ouverture de The Ghost writer de Roman Polanski (Le pianiste, Chinatown), cloue le spectateur dans son fauteuil. Cet aspect de polar va pourtant se dissiper dans la suite du long-métrage, pour laisser place à une réflexion sur le refus de s'adonner à la souffrance et a exécuter une rédemption, tout en titillant l'ampleur de la "non-assistance à personne en danger". La présentation du personnage principal est faite par l'intermédiaire du meurtre et de la police lors des témoignages des voisins. Le spectateur ne sait donc rien du personnage avant le terrible évènement. 38 TÉMOINS aborde un sujet banal mais dont la question n'est pourtant rarement relevé : celle du regret de la "non-assistance à personne en danger". Cette question n'avait pas lieu dans le roman, se déroulant aux Etats-Unis, où cette loi est inexistante. Belvaux situe l'histoire dans le Havre, petite ville pourtant tranquille, qui va correspondre totalement au climat glacial et vide du film. Le meurtrier est ingénieusement retiré de l'histoire, pour ne laisser place qu'à la réflexion des personnages, afin de ne pas sombrer dans le film policier. Malgré un casting réussi, on retrouve malheureusement de fortes longueurs à travers des dialogues lourds et trop appuyés, enlevant une grande crédibilité au film. Les ressorts de l'histoire sont également tous livrés des le début du film, ce qui semble au spectateur n'avoir plus aucune découverte dans la suite du film. Malgré tout, le génie du réalisateur belge se retrouve à travers des détails subtils, comme une scène où Yvan Attal avoue ce qu'il a vu et entendu à sa femme, alors qu'elle dort, laissant à celle-ci ainsi qu'au spectateur le doute de l'existence de ces aveux, et le voisin qui apparaît inexplicablement sur son balcon pour observer le personnage de Pierre, rappelant sans conteste un autre film sublime de Roman Polanski : Le locataire. On retrouve dans 38 TÉMOINS Yvan Attal (Rapt, New York, I love you) d'un physique particulier et d'une humanité extraordinaire, jouant avec perfection la destruction intérieure d'un homme, dont Belvaux donne cependant trop la parole, empêchant un jeu davantage silencieux, qui forme pourtant le charme du personnage, une Sophie Quinton (Poupoupidou, Le Skylab) quelque peu insupportable, ne faisant que déclarer ses répliques, dépourvu de personnalité, mais qui colle justement à son rôle, un rôle fantomatique. On retrouve également Nicole Garcia (Pourquoi tu pleures ?, Les bureaux de Dieu), frôlant un jeu excessif, le juste François Feroleto (Asylum) et l'excellent Didier Sandre (Train d'enfer, Memory lane) en procureur strict mais honnête. Le film s'achève par une fin relevant un rythme essoufflé par ses quelques longueurs, en mettant en scène une reconstitution incroyable du meurtre. 38 TÉMOINS se démarque des thrillers français actuels par la création d'une ambiance glacial rare et originale, et permet à Yvan Attal de se surpasser.

Yvan Attal et Sophie Quinton

samedi 10 mars 2012

[REC] 3 Génesis

Bonjour ! Je vais aujourd'hui vous parler en avant-première du film espagnol [REC] 3 GENESIS, troisième volet de la saga [REC], qui sortira dans nos salles le 4 avril 2012. J'ai pu le voir en avant-première au cinéma le Grand Rex le mercredi 7 mars, en présence de l'équipe du film.


Titre : [REC] 3 Génesis
Réalisation : Paco Plaza
Acteurs : Leticia Dolera, Diego Martin, Ismael Martinez, Alex Monner, Claire Baschet, Sr. B, Jana Soler, Emilio Mancheta...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : C'est le plus beau jour de leur vie : Koldo et Clara se marient ! Entourés de leur famille et de tous leurs amis, ils célèbrent l'évènement dans une somptueuse propriété à la campagne. Mais tandis que la soirée bat son plein, certains invités commencent à montrer les signes d'une étrange maladie. En quelques instants, une terrifiante vague de violence s'abat sur la fête et le rêve vire au cauchemar... Séparés au milieu de ce chaos, les mariés se lancent alors, au péril de leur vie, dans une quête désespérée pour se retrouver...

Infos utiles : [REC] 3 GENESIS est le premier volet de la saga [REC] à être distribué par la compagnie américaine Fox Searchlight Pictures, qui a acquis les droits de la franchise en 2011. Comme son titre l'indique, le film se déroule avant [REC] et [REC] 2.

Ma critique : [REC] 3 GENESIS est le troisième volet d'une franchise qui a démarré fort avec un [REC] dynamique et sanglant à souhaits, pour sombrer dans le ridicule avec [REC] 2, tous deux réalisés par Paco Plaza (Les enfants d'Abraham, L'enfer des loups) et Jaume Balaguero (Malveillance, A louer). Pour le troisième épisode, Jaume Balaguero laisse sa place de réalisateur à Paco Plaza seul, pour s'occuper de la production. Jaume Balaguero réalisera cependant le prochain [REC] Apocalypse. Plaza a donc le champ libre pour exprimer son imagination. Dans le souci d’essouffler - encore plus - la saga, il prend donc l'ingénieuse mais lourde résolution de transgresser les codes d'une franchise qui virait dans la prétention et le n'importe quoi. Il prend donc l'énorme risque - de décevoir les fans - d'arrêter le procédé fort à la mode actuellement, celui du found-footage, utilisé dans un but uniquement commercial depuis son apogée avec [REC], venant à l'origine de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato. Il prend aussi le risque de mélanger humour et horreur. Ces deux intentions fort généreuses mais risquées démontrent déjà un aspect auto-dérisoire de la franchise qui commençait à se prendre largement au sérieux, notamment par la présence de Balaguero. Cependant l'humour de [REC] 3 GENESIS est mal exploitée par le réalisateur. Plaza ne pousse jamais ses limites et rend le spectateur dans une situation délicate où il ne sait où donner de la tête, indéterminé face à l'humour et l'horreur, par un cinéaste qui ne fait que donner de fines touches de pinceau pour chaque élément, sans jamais les exploiter. De très bonnes idées sont tout de même présentes, comme le personnage de "John l'Eponge" et la séquence géniale, accompagnée de violons grinçants, où le personnage de Koldo découvre une armure pour l'enfiler afin de sauver sa dulcinée, accompagné d'un autre, lui aussi en armure, qui disparaîtra de façon hilarante. Cela rappelle sans conteste le dément Evil dead 3 - Army of Darkness, de Sam Raimi (Trilogie Spider-man, Jusqu'en enfer). [REC] 3 GENESIS commence à l'instar des deux premiers. Un faux menu de DVD s'affiche alors à l'écran, et un diaporama de photographies de mariage est lancé, puis suivent des images filmées par des caméras subjectives du même évènement. On reste donc dans la tradition du found-footage. Cependant après une scène de massacre beaucoup trop rapide, la caméra est subtilement cassée (voir la bande-annonce). Aucune preuve de l'évènement n'est donc possible. Le film se transforme donc en "véritable film", de façon très réjouissante pour les yeux du spectateur. Quelques clins-d'oeil seront tout de même introduits par la suite à travers des caméras de surveillance où la vision infrarouge d'une caméra utilisée par les personnages pour se frayer un chemin. C'est peut-être ce changement de mise en scène qui explique le manque important d'originalité dans les scènes de "zombies", toutes caractérisées par une simple apparition de ceux-ci dans le dos d'un personnage, puis très vite éliminé. De plus, après une courte scène de massacre expédiée, où la quasi-totalité des personnages ont trouvés la mort, les quelques survivants trouvent la leur dans le quart-d'heure qui suit, laissant donc la place au couple de mariés pour le restant du film, alors que l'on s'attendait à un véritable massacre tout au long du film, comme ses deux prédécesseurs. Les caractéristiques des infectés changent quand cela arrange le réalisateur, hésitant entre le zombie classique de Romero (La nuit des morts-vivants, Survival of the dead) et celui qui court, pour finalement laisser place à des espèces de vampires, craignant la religion. En plus de l'humour, le cinéaste introduit une véritable histoire d'amour au film, celle du couple de mariés, avec de trop nombreuses scènes d'amour entre les deux personnages, cassant un rythme de film d'horreur effréné, désiré par le réalisateur espagnol. On retrouve dans [REC] 3 GENESIS un casting inconnu en France, mais dont les deux personnages principaux sont des vedettes en Espagne. On retrouve donc la belle Leticia Dolera (Disparitions, Man push cart), excellente en marié révoltée et rancunière, qui nous livre une phrase ironique et puissante déjà culte, présente dans la bande-annonce : "c'est mon jour", armée d'une tronçonneuse et prête à découper du zombie. Son jules est interprété par Diego Martin (Manolete, Les borgia), surmené, sachant jouer de façon fine et expressive avec ses expressions physiques. [REC] 3 GENESIS s'achève avec une fin quelque peu bâclée et cédant à une énorme facilité, précédent une scène finale esthétique et forte, pour déboucher sur un plan final symbolique bouclant ce conte horrifique, mais n’annonçant malheureusement pas le quatrième volet de la saga. [REC] 3 GENESIS est donc un film plein de défauts, avec un scénario mal exploitée, pourtant munis d'un lieux et d'un contexte supers : le mariage. Le film est tout de même constitué de très bonnes idées, et ose certaines choses qui affirment un certain courage chez le metteur en scène, celui de l'auto-dérision, de l'humour et d'une mise en scène originale et modeste, constituée de certains plans majestueux, jouant avec des couleurs orangeâtres, qui montre au spectateur que c'est parfois l'intention qui compte, pardonnant les erreurs techniques d'un film certainement pas nul, et qui révèle la réflexion intelligente de Paco Plaza.

Voici le site officiel de [REC] 3 GENESIS, très bien fait, pleins de téléchargements gratuits et d'informations : http://sites.wildside.fr/rec3/index.html

Leticia Dolera
















Leticia Dolera et Diego Martin



















Voici la superbe affiche promotionnelle de [REC] 3 GENESIS, simple mais efficace, avec comme slogan "Ce devait être le plus beau jour de ma vie..." :



lundi 5 mars 2012

Les infidèles

Bonjour ! Je vais vous présenter aujourd'hui un film que je suis allez voir avec réticence au cinéma, LES INFIDÈLES, film français à sketches réalisé par sept réalisateurs.

Voici la bande-annonce quelque peu mensongère de LES INFIDÈLES, sous le doux son de la chanson rock "Have love will travel" de The Sonics :


Titre : Les infidèles
Réalisation : Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Michel Hazanavicius, Eric Lartigau et Alexandre Courtès
Acteurs : Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Alexandra Lamy, Géraldine Nakache, Guillaume Canet, Sandrine Kiberlain, Manu Payet, Isabelle Nanty...
Année de sortie : 2012
Genre : Comédie

Synopsis : Variations sur le thème de l'infidélité masculine à travers plusieurs sketches et intermèdes placés sous le signe de la goujaterie.

Infos utiles : Les affiches publicitaires des INFIDÈLES présentant les acteurs Jean Dujardin et Gilles Lellouche en plein acte d'adultère ont été retirées quelques jours après leur exposition. Selon l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), ces affiches représentaient une image dégradante de la femme. Le tournage s'est déroulé entre mai et juillet 2011, à Paris et à Las Vegas. Jean Dujardin s'est inspiré du titre du film de Marin Scorsese, Les infiltrés, pour donner au sien celui des INFIDÈLES. C'est en apercevant du coin de l'oeil la jaquette du film de Scorsese que Dujardin lut par erreur "Les infidèles".

Ma critique : LES INFIDÈLES, à travers ses affiches et bandes-annonces annoncent une comédie vulgaire et grossière. On découvre cependant en salle la face cachée du film, la plus importante, une face purement dramatique. Il est donc difficile de classer ce film dans "comédie" au lieu de "drame". Effectivement, LES INFIDÈLES présente dans sa bande-annonce toutes ses scènes de parties de jambes en l'air et ses blagues plus grossières les unes que les autres, afin d'attirer un public large dans les salles. Film qui semble au premier abord dénué d'une quelconque profondeur et de subtilité, prouve totalement le contraire. Sans compter les quelques scènes de sexualité plutôt crues et d'une vulgarité complaisante, le film, à travers une dizaine de sketches, d'une courte durée dans l'ensemble, fait le portrait de plusieurs personnages différents joués par deux mêmes acteurs et suivant la même idée générale, l'infidélité, sujet actuel, puisque le taux d'infidélité et de divorce au sein des couples ne cessent d'augmenter. Le film commence et se termine par un même sketche, présenté dans la bande-annonce, donnant le sentiment au spectateur de regretter le prix de sa place. A partir du deuxième sketche, une autre ambiance s'installe et va persister dans la plupart des sketches suivants, une ambiance sombre, noyant le spectateur dans les méandres de la réflexion humaine, à travers des scènes tendues, à l'instar de celles d'Eyes wide shut, de Stanley Kubrick (Orange mécanique, Shining), dans les dialogues tendus entre un couple s'humiliant l'un face à l'autre. Ce sont ces sketches qui forment véritablement le sens caché du film, et sa profondeur intelligente, en n'oubliant cependant pas les doses d'humour potache et noir, parfois même un humour dont le spectateur réalise pas la suite que le "gag" est bien plus dramatique que drôle, à travers des personnage littéralement pitoyables, perdus et seuls, outre les deux du début et de la fin, n'étant autre qu'ingrats. On retrouve dans cette réalisation costaude un grand nombre de réalisateurs et un casting parfait. Pour des courts métrages de quelques minutes à des dizaines de minutes, on retrouve sept - déjà -grand réalisateurs français, dont l'actuellement primé et au sommet du box office français Michel Hazanavicius, réalisateur de l'oscarisé The Artist et des très bon OSS 117, tous deux avec Jean Dujardin. On retrouve également derrière la caméra les acteurs Jean Dujardin et Gilles Lellouche, les metteurs en scènes Emmanuelle Bercot (Backstage, Clément), Fred Cavayé (A bout portant, Pour elle), Eric Lartigau (Pourquoi tu pleures ?, Prête-moi ta main) et Alexandre Courtès (The incident). On retrouve en tête d'affiche Jean Dujardin (The Artist, Brice de Nice) et Gilles Lellouche (Platane, Les petits mouchoirs), jouant tout deux de façon irréprochable. On retrouve en seconds rôles Guillaume Canet (Ne le dis à personne, Les petits mouchoirs), ici très drôle, Manu Payet (L'amour c'est mieux à deux, Coco), qui se dépasse et dévoile un talent comique - il était temps ! -, Alexandra Lamy (Un gars une fille, Ricky), dans un rôle inhabituel et bouleversant, Isabelle Nanty (Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre), pour une fois touchante, et Sandrine Kiberlain (Polisse, Le petit Nicolas). Le film livre finalement une critique de l'infidélité, à travers chaque morale explicite des sketches. LES INFIDÈLES s'achève avec une fin ironique mais quelque peu grossière, dont on aurait pu se passer de quelques plans, mais qui renverse la situation et qui rend les personnages davantage touchants, à travers un sujet relevant certainement d'une réalité. LES INFIDÈLES, malgré quelques scènes dérangeantes et vulgaires, livre une véritable leçon sur la nature humaine, étonnante venant du cinéma français, à travers une mise en scène et des acteurs fascinants.


Voici la chanson "Have love will travel" de The Sonics présente dans la bande originale du film :



Voici les affiches promotionnelles de LES INFIDÈLES, de très mauvais goût :