Le dernier film de Ti West, The Sacrament, avait été récompensé et nommé dans de nombreuses catégories lors du festival de Gérardmer 2014. Revenons sur son film précédent, THE INNKEEPERS, sorti directement en vidéo en France.
Titre : The innkeepers
Titre original : The innkeepers
Réalisation : Ti West
Scénario : Ti West
Acteurs : Sara Paxton, Pat Healy, Alison Bartlett, Kelly McGillis, Lena Dunham...
Sortie en DVD : 28 août 2013
Genre : Horreur
Synopsis : Après cent ans d'existence, l'hôtel The Yankee Pedlar n'est qu'à quelques jours de sa fermeture définitive. Les derniers employés Claire et Luke sont bien décidés à profiter du peu de clients pour lever le mystère de cet hôtel considéré comme le plus hanté de la Nouvelle Angleterre...
Ma critique : Dans The House of the devil, Ti West (V/H/S, The ABC's of death) s'intéressait déjà aux mystères paranormaux que pouvait receler une bâtisse. Dans THE INNKEEPERS, ce qui signifie "les aubergistes" en anglais, il met en scène une histoire classique de fantôme, celui d'une femme qui hante un hôtel, le Yankee Pedlar, tenu par deux employés. Esquissé en quelques répliques, ce fantôme n'est pas le véritable centre d'intérêt du long-métrage. En effet, derrière un pitch ordinaire qui tient en une phrase, Ti West se centre sur ses deux personnages, Claire et Luke, et les confronte à travers des dialogues construits et non sans humour, un humour présent tout le long du film, West s'amusant avec les codes du genre. Notamment lors de scènes où le personnage de Claire est lui-même surpris par ce qui fait sursauter le spectateur, dans un jeu de mise en abîme et d'auto-dérision de la part du réalisateur autant que des personnages, qui croient aux fantômes tout en succombant à la tentation de se faire des farces. D'ailleurs, les deux protagonistes croient de facto dès le début du film à l'existence d'entités qui hanteraient les lieux, épargnant ainsi au spectateur le passage obligé des personnages qui doivent croire à l'impossible après s'être convaincu que "les fantômes n'existent pas".
THE INNKEEPERS, dans une quasi unité de lieu - l'hôtel, qui a d'ailleurs permis à toute l'équipe du film de loger sur le lieu du tournage - explore les moindres recoins et nous enferme dans la solitude de deux jeunes employés d'hôtel confrontés à leurs peurs. Même si le film donne à voir très peu de scènes horrifiques, il s'imprègne d'une atmosphère inquiétante et captivante, et mise sur la simplicité lors des scènes de suspens, sans aucune surenchère dans les effets sonores et de cadrage, laissant ainsi les personnages apparaître eux-mêmes dans le champ. Si le film captive, c'est bien parce qu'il attache beaucoup plus de soin à sa qualité et à son esthétisme qu'à son histoire et à ses effets de surprise. C'est d'ailleurs en cela que le film est une réussite, à l'inverse des nombreuses productions qui abordent le thème du paranormal sans aucun humour, avec des répliques vides de sens et proposant au final un scénario pas plus élaboré.
Avec THE INNKEEPERS, Ti West fait du cinéma plus "indépendant", et non pas underground, comme il le dit lui-même dans la peau du personnage de Tarik dans You're next (2013) d'Adam Wingard, l'un de ses amis et collaborateurs. C'est une certaine modestie qui transparaît, et un véritable amour pour le cinéma d'épouvante qu'il partage avec sa bande d'amis dans ses différents projets. Claire et Luke sont interprétés respectivement par Sara Paxton (La dernière maison sur la gauche, Shark 3D), juste et drôle dans le rôle d'une timide en quête de sensations fortes, et par Pat Healy (Rescue dawn, L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford), parfaitement complémentaire, tous deux dans une relation aussi drôle qu'attachante. Les deux acteurs se retrouveront deux ans plus tard dans l'excellente farce sociale Cheap thrills d'E.L. Katz. On retrouve également Lena Dunham, la créatrice et héroïne de la série Girls. dans un petit rôle.
Avec THE INKEEPERS, une production modeste et généreuse, on prend un véritable plaisir à plonger dans l'atmosphère et le mode de fonctionnement de l'hôtel The Yankee Pedlar, et à y découvrir ses secrets enfouis...
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