Titre : Le guet-apens
Réalisation : Sam Peckinpah
Acteurs : Steve McQueen, Ali MacGraw, Ben Johnson, Al Lettieri, Sally Struthers...
Année de sortie : 1972
Genre : Thriller
Synopsis : Le prisonnier Doc McCoy a accepté le marché que lui a proposé son avocat : commettre un hold-up en échange de sa remise en liberté. Il réussit le coup avec l'aide de sa jeune femme Carole. Mais il découvre vite qu'il a conclu un marché de dupes et que son arrêt de mort est signé.
Infos utiles : LE GUET-APENS est adapté du roman Le lien conjugal de Jim Thompson et publié en 1959 (plus récemment réédité sous le titre L’Échappée aux éditions Rivages). Thompson n'apprécie pas cette adaptation et porte l'affaire devant la Guilde des Écrivains pour avoir été évincé, mais n'obtient pas gain de cause. Au départ le film devait être réalisé par Peter Bogdanovich (La dernière séance, Jack le magnifique).
Ma critique : Tout d'abord, il est important de rappeler que LE GUET-APENS est une adaptation du roman The Getaway publié en 1959. Et rares sont les réalisateurs qui ont su retranscrire à l'écran l'univers sombre de l'auteur américain, et Sam Peckinpah n'en fait malheureusement pas partie. Son film est un bon film d'action mais une mauvaise adaptation d'une oeuvre de Thompson. L'oeuvre originale ne sert que le récit et non l'atmosphère du film. Même si le scénariste Walter Hill reste fidèle à l'histoire ainsi qu'aux détails, comme le noms des personnages ou les lieux, il en sépare l'atmosphère très sombre chère à Jim Thompson, caractérisée par un monde corrompu dans lequel chaque personnage puise sa force dans la faiblesse des autres. Même si le roman de Thompson penchait davantage vers un roman d'action et une relation conjugale au coeur du livre les personnages, notamment celui de Doc McCoy, cachent une noirceur enfouie, ce que n'exploite pas Hill.
De plus, Sam Peckinpah se livre à une narration beaucoup trop hollywoodienne, suivant un schéma narratif classique, même si le montage est remarquable, se caractérisant par des scènes mises en parallèle et confrontant deux périodes temporelles différentes lors de plusieurs séquences, notamment lors du générique de début. On retiendra aussi la superbe musique de Quincy Jones, qui joue avec des sons irréguliers et perturbants.
De plus la prestation du grand et inégalable Steve McQueen (Bullitt, La tour infernale) est remarquable. Il pourrait correspondre parfaitement au personnage thompsonnien, que l'on ne peut pas cerner, impénétrable, imposant, beau et rassurant physiquement mais qui semble cacher de sombres intentions. Parfois même détenteur d'une violence déroutante. Peckinpah fait le portrait d'un personnage froid et contenant une forte violence intérieure, mais tout à fait contrôlée. Le réalisateur le sublime avec un costume simple qui le rend classieux au milieu de scènes d'action, et armé d'un fusil à pompe, ce qui crée un léger décalage tout à fait remarquable et offre au spectateur un véritable plaisir visuel. Seul donc McQueen évoque une certaine ambiguïté.
Mais LE GUET-APENS offre tout de même des scènes très réussies dirigées par la main de maître de Peckinpah, qui a su de son côté s'approprier un genre très sombre de films policiers, mais aussi de western, dont on ressent l'expérience dans la scène de tirs finale, avec un suspens efficace et une certaine folie meurtrière, mais encore étrangère au roman de Thompson. La fin du film s'affranchit totalement de celle du roman pour livrer au spectateur une scène d'action pure, pour s'achever avec une scène totalement incongrue, voire ridicule, qui n'a strictement rien à voir avec l'univers thompsonnien.
LE GUET-APENS n'est pas une désacralisation totale de l'oeuvre de Thompson, mais n'en tire malheureusement pas toutes les ficelles. Le film de Sam Peckinpah est tout de même un film policier efficace, avec un Steve McQueen original et intense, à regarder pour ce qu'il devrait être, un film policier dans l'univers de Peckinpah, et non une adaptation de l'oeuvre de Jim Thompson.
Retrouvez d'autres critiques de romans de Jim Thompson et un dossier sur les différentes adaptations de ses oeuvres en CLIQUANT ICI.
Steve McQueen et Ali MacGraw |
Les éditions Rivages
Les éditions Rivages, qui débutèrent leur collection Rivages/Noir en 1986 avec Liberté sous condition de Jim Thompson, ont réédité récemment certaines des oeuvres du grand auteur américain, qui avaient déjà été traduits mais de façon incomplète, faute d'une limitation du nombre de pages imposée aux traducteurs. Les premières oeuvres rééditées sont The Getaway, sous le titre L’Échappée, et The killer inside me, qui après la traduction incomplète de Marcel Duhamel sous le nom de Le Démon dans ma peau, est réédité sous le titre L'Assassin qui est en moi, un titre déjà plus caractéristique de l'oeuvre. A quand la traduction complète de Pop. 1280 ?
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