Cette étude a été réalisée dans le cadre du programme d'Histoire des arts de la classe de Terminale.
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Etude : "La reconstitution de la partie Est de la ville de Berlin divisée à travers deux œuvres du renouveau du cinéma allemand de genres différents : Good Bye Lenin! de Wolfgang Becker et La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck."
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Etude : "La reconstitution de la partie Est de la ville de Berlin divisée à travers deux œuvres du renouveau du cinéma allemand de genres différents : Good Bye Lenin! de Wolfgang Becker et La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck."
INTRODUCTION
Avant la Seconde Guerre
mondiale (1939-1945), Berlin est l'un des centres les plus prolifiques pour le
cinéma. La Seconde Guerre mondiale laisse d'importantes cicatrices dans la
ville de Berlin, lors de la libération de la ville par l'armée rouge en 1945,
détruisant la majeure partie de la ville sur leur passage. 70 % des constructions dans le centre-ville
sont détruites. Sur les quelque 150 000 habitations du centre-ville, à peine 20
000 demeurent intactes, 100 000 sont fortement endommagées et plus de 30 000
rasées.
La
ville détruite puis la construction du Mur de Berlin en 1961 vont devenir un
véritable décor de cinéma et vont attirer de nombreux réalisateurs, malgré le
fait que les alliés interdisent toute production cinématographique allemande
dès 1944. Après guerre, la situation est complexe, très diverse, entre la
production de l'Est, le retour de cinéastes exilés, et la concurrence de la
télévision à l'Ouest. Les réalisateurs
vont vite chercher à filmer les décombres, les cicatrices de la guerre, à
travers des films documentaires aux prises de vues directes ou à travers des
reconstitutions de la ville.
Nous nous proposons d'étudier
la reconstitution de la partie Est de la ville de Berlin divisée à travers deux
œuvres du renouveau du cinéma allemand de genres différents : Good Bye
Lenin! de Wolfgang Becker et La Vie des autres de Florian Henckel
von Donnersmarck.
Pour cela nous allons dans
une première partie rappeler l'évolution du cinéma allemand jusqu'à son
renouveau, puis dans une deuxième partie nous allons étudier la reconstitution
de la ville et de son contexte historique à travers les deux films choisis et
dans une troisième partie nous allons étudier la comédie et le drame au service
de films historiques.
« Si le cinéma
germanique n'a rien perdu de son attrait en vieillissant, si, aujourd'hui
encore, il demeure la plus parfaite école de mise en scène que l'on puisse
imaginer, c'est justement par le sérieux et la gravité (même si ceux-ci peuvent
sembler parfois un peu pesant au regard rapide) avec lesquels ses cinéastes ont
abordé, analysé, examiné, synthétisé enfin tous les problèmes fondamentaux, de
la pure et simple technique à ce que celle-ci implique de métaphysique »
Jacques Rivette, Cahiers du cinéma, n°57, mars 1956
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I. De la
naissance du cinéma allemand au renouveau du cinéma allemand
Le 20 août 1892, les frères
Max et Emil Skladanowsky tournent leur première « scène filmée » sur
un toit de Berlin. Le 1 novembre 1895, ils présentent au Berlin Wintergarten
leur appareil baptisé « Bioscop ». C'est le début du cinéma allemand,
alors qu'en France ce sont les frères Lumières qui illuminent les écrans à la
fin du XIXeme siècle et au début du XXème.
Le premier grand mouvement
cinématographique allemand est l'expressionnisme, qui apparaît d'abord dans la
peinture au début du XXème siècle. Le cinéma expressionniste s'inspire des
caractéristiques picturales du mouvement ainsi que des décors de théâtre,
notamment de ceux du metteur en scène Max Reinhard. On voit apparaître alors de
grands films qui marqueront l'histoire du cinéma, comme Le Cabinet du
Docteur Caligari (1919), de Robert Wiene, l'un des premiers du mouvement, Nosferatu
(1922), de Friedrich Wilhelm Murnau, un portrait sombre de la peste qui annonce
le film d'épouvante ou encore Metropolis (1927) de Fritz Lang, film
représentatif du cinéma expressionniste.
Un courant qui se tourne plus
vers le réalisme à l'opposé de l'expressionnisme va voir le jour, la Nouvelle
Objectivité. Ce mouvement fait son apparition dans les dernières années du
cinéma muet, c'est à dire entre 1927 et 1929. Ce mouvement cherche à décrire et
à comprendre la réalité sociale en filmant des scènes de la vie de tous les
jours. Il traite également de sujets moraux ou considérés comme scandaleux,
comme l'homosexualité, la prostitution ou la toxicomanie. Les cinéastes
explorent de nouvelles voies, comme le réalisateur de films documentaires
Walther Ruttmann, le plus représentatif de la Nouvelle Objectivité, avec le
documentaire Berlin, symphonie d'une grande ville (1927), qui montre une
journée de Berlin par les moyens de la caméra documentaire et du montage. Ruttmann
a en commun avec Fritz Lang le goût des formes géométriques et du machinisme,
mais Berlin est à l'opposé de Metropolis.
Une grande partie des
réalisateurs du cinéma allemand, alors réputé, vont quitter l'Allemagne pour
réaliser des films aux Etats-Unis, comme Murnau, Paul Leni ou Karl Freund.
Mais c'est aussi avec
l'arrivée du nazisme au pouvoir en 1933 que de nombreux cinéastes allemands
vont émigrer aux Etats-Unis. Joseph Goebbels, ministre de la propagande et de
la culture sous le régime d'Hitler tient un discours programmatique sur le
cinéma le 28 mars 1933 à Berlin. Le cinéma allemand connaît un grand vide de
1933 à 1945. Les productions sont surveillées par un censeur dirigé par le
Reich. Le cinéma est alors utilisé à des fins de propagande.
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Après 1945, l'Allemagne est
marquée par la guerre, notamment sa capitale, Berlin, détruite. Berlin n'a plus
la valeur d'un modèle, désormais, mais semble agir à la façon d'une archive de
la catastrophe allemande.
On peut voir dans de courtes
vidéos documentaires prises par vues aériennes ou sur des photographies des
rues longées de bâtiments entièrement démolis, laissant un vide, un manque, une
cicatrice permanente sur la ville. La présence des occupations américaines,
anglaises et françaises de la ville va permettre une relance du cinéma.
Le premier long-métrage aux
prises de vues réelles qui témoigne de cette destruction est le film Allemagne
année zéro (1947), de l'italien Roberto Rossellini, tourné à Berlin dans le
secteur français. Le film décrit les séquelles de la guerre à travers une
vision réaliste et sociale de la ville, du point de vue d'un petit garçon sans
avenir qui est la métaphore de la ville en ruine. Il caractérise le mouvement
néoréalisme dont Rossellini fait partie. Ce dernier dit en 1954 de ce mouvement
« Mon néoréalisme personnel n'est pas autre chose qu'une position morale
qui tient en trois mots : l'amour du prochain ».
Va naître un genre cinématographique appelé « le film de ruines ». Des films comme Les assassins sont parmi nous (1946) de Wolfgang Staudte ou comme Le Traître (1951) de Anatole Litvak montrent les ruines de Berlin. Le « film de ruines » fait pour la première fois d'une ville un personnage qui fait jonction entre un passé négatif et un défi du futur, et sur la question de la reconstruction. Mais ce genre ne trouve pas de public.
Après la division de
l'Allemagne et de Berlin en 1949 en deux blocs, la RDA à l'Est et la RFA à
L'Ouest, le cinéma va lui aussi se diviser. A l'Est on cherche à montrer les
ruines, que la ville n'est pas morte, à travers des films dits de décombres.
Les cinéastes filment la reconstruction de la ville. La production artistique
est très contrôlée. Le réalisme soviétique voit le jour. On édifie la jeunesse,
on refuse le conformisme et on tente d'édifier l'idéal soviétique. A l'Ouest se
développent les « Heimatfilme », films du « terroir », aux
sujets rassurants, comme L'auberge dans le Spessart (1957) de Kurt
Hoffmann, La famille Trapp (1956) de Wolfgang Liebeneiner ou encore la
série des Sissi d'Ernst Marischka. Les Allemands ont besoin de se
sentir disculpés.
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Wim Wenders, réalisateur de Les
Ailes du désir (1987), film qui met en scène la ville de Berlin comme
« actrice » principale, dira de cette ville qu'elle « a beaucoup
de surfaces vides. On voit des maisons qui sont complètement libres d'un côté
parce que la maison voisine n'a pas été reconstruite après sa destruction. (…)
Ces surfaces vides sont des blessures, et j'aime cette ville à cause de ces
blessures. Elles transmettent l'histoire mieux que tout livre ou
document ».
Le
Mur de Berlin est détruit le 9 novembre 1989 et la Guerre froide se termine
avec la réunification de l'Allemagne en 1990.
Dès
la fin du XXème siècle, le cinéma allemand donne le jour à un nouveau cinéma.
On voit notamment apparaître la vague « ostalgique », qui porte sur
le retour à l'ancien régime. L’Allemagne et Berlin redeviennent des sujets. Les
cinéastes de l'Ostalgie vont mettre en scène la vie quotidienne de l'Est. Les
deux films les plus représentatifs de ce courant sont Good bye Lenin!
(2002) de Wolfgang Becker et La Vie des autres (2006) de Florian Henckel
von Donnersmarck. Le cinéma de grande consommation est sauvé, en prenant
conscience de ses ambitions et de ses moyens, avec des films comme Cours,
Lola, cours (1998) de Tom Tykwer ou encore La Chute (2004) de Oliver
Hirschbiegel.
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II. La reconstitution de
la ville de Berlin et de son contexte historique à travers Good Bye Lenin!
et La Vie des autres
Good Bye Lenin! de Wolfgang Becker et La Vie des autres de
Florian Henckel von Donnersmarck sont des films allemands faisant partie de
l'Ostalgie, mouvement cinématographique allemand qui met en scène des scènes de
la vie quotidienne en RDA, d'un point de vue généralement ni négatif ni
positif.
Le film de Becker et celui
d'Henckel von Donnersmarck ont été réalisés tous deux au XXIème siècle. Ce ne
sont donc pas des témoignages directs de la ville. Il s'agit donc dans chacun
des films d'une reconstitution de l'époque, principalement réalisée en studio
malgré certaines scènes tournées dans la ville pour des lieux dont les bâtiments
ont demeuré.
Le synopsis de chacun des
films expose les thèmes abordés dans la suite du développement.
Synopsis de Good Bye Lenin! : Alex, un jeune Berlinois de l'Est, apprend la chute du Mur alors que sa mère est dans le coma à la suite d'un infarctus. Celle-ci a toujours été quelqu'un d'actif, participant avec enthousiasme à l'animation d'une chorale.
Synopsis de Good Bye Lenin! : Alex, un jeune Berlinois de l'Est, apprend la chute du Mur alors que sa mère est dans le coma à la suite d'un infarctus. Celle-ci a toujours été quelqu'un d'actif, participant avec enthousiasme à l'animation d'une chorale.
Les mois passent et le coma continue. La ville se transforme, les voitures
occidentales sillonnent les rues, les publicités envahissent les murs. Au bout
de huit mois, elle ouvre les yeux dans une ville qu'elle ne peut plus
reconnaître. Alex veut absolument lui éviter un choc brutal que son coeur
affaibli ne pourrait supporter.
Profitant de son alitement, avec l'aide de sa famille et de ses amis, il reconstruit autour d'elle son univers familier, convoque les jeunes chanteurs de la chorale, sollicite l'aide d'un ancien cosmonaute reconverti en chauffeur de taxi, et s'efforce de faire revivre la RDA dans les 79 m² de l'appartement, remis aux normes socialistes.
Profitant de son alitement, avec l'aide de sa famille et de ses amis, il reconstruit autour d'elle son univers familier, convoque les jeunes chanteurs de la chorale, sollicite l'aide d'un ancien cosmonaute reconverti en chauffeur de taxi, et s'efforce de faire revivre la RDA dans les 79 m² de l'appartement, remis aux normes socialistes.
Synopsis de La vie des
autres : Au début des années 1980, en Allemagne de l'Est, l'auteur à
succès Georg Dreyman et sa compagne, l'actrice Christa-Maria Sieland, sont
considérés comme faisant partie de l'élite des intellectuels de l'Etat
communiste, même si, secrètement, ils n'adhèrent aux idées du parti. Le
Ministère de la Culture commence à s'intéresser à Christa et dépêche un agent
secret, nommé Wiesler, ayant pour mission de l'observer. Tandis qu'il progresse
dans l'enquête, le couple d'intellectuels le fascine de plus en plus...
Good Bye Lenin! de Wolfgang Becker et La Vie des autres de
Florian Henckel von Donnersmarck sont deux films qui se déroulent à Berlin-Est
durant les années du Mur de Berlin (construit en 1961 et détruit en 1989) qui
sépare la ville en deux blocs.
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Les deux réalisateurs ont
pris le parti d'installer leur histoire dans la partie Est de Berlin. Les deux
films abordent le sujet de l'Est et de L'Ouest. Dans Good Bye Lenin!, le
père d'Alex tente de faire passer sa famille à l'Ouest, comme un grand nombre
de famille à l'époque. Il parvient à y passer mais le reste de la famille ne le
rejoint pas, la mère choisissant de rester, et de faire passer la
« disparition » du père pour un abandon. Dans La Vie des autres,
Wiesler, officier de la Stasi, a pour mission d'espionner un artiste qui a de
fortes relations à l'Ouest et qui tente illégalement d'écrire un article pour
l'Ouest. On ressent donc dans chacun des films l'oppression politique de ces
années, notamment dans le film de Henckel von Donnersmarck.
La reconstitution de
Berlin-Est dans chacun des films est très différente. Dans Good Bye Lenin!
elle a une valeur surtout esthétique tandis que dans La Vie des autres
elle a une valeur beaucoup plus réaliste. Good Bye Lenin! est un film
coloré qui exploite surtout la mode de l'époque avec des couleurs vives, une
grande diversité de détails, de costumes, de voitures, ce qui apporte un aspect
nettement nostalgique de l'époque, mais pas pour autant à son contexte
historique. La mise en scène de Wolfgang Becker cherche à mettre en valeur ces
éléments, à ce qu'ils soient vus, tandis que dans la mise en scène de La Vie
des autres Florian Henckel von Donnersmarck va davantage chercher à fondre
ces éléments dans le décor, qui ne sont pas pour autant moins nombreux que ceux
de Good Bye Lenin!, afin de laisser une plus grande place à l'intrigue
et de mettre le suspens au cœur du film dans un souci de réalisme. On peut
remarquer cette différence de ton dans chacune de ces reconstitutions dès les
affiches du film (voir page 6), celle de Good Bye Lenin! teintée d'un
rouge vif qui vieillit l'image et d'un arrière-plan représentatif des
papiers-peints à la mode de l'époque et celle de La Vie des autres
beaucoup plus froide, aux couleurs sombres et réalistes.
Dans cette image extraite du film Good Bye Lenin!, on peut constater un soin
particulier attaché à l'esthétique de l'image, avec
l'utilisation de voitures de l'époque de
couleurs vives qui se suivent successivement dans le champ.
Dans cette scène de La Vie des autres, Georg
Dreyman, interprété par Sebastian Koch, profite de l'absence de sa femme pour rédiger son article.On peut remarquer l'importance de détails qui rendent le lieu très réaliste. On peut aussi remarquer le ton beaucoup plus froid et sombre que celui de Good Bye Lenin!.
Wolfgang Becker, en plus de
proposer une reconstitution de 1978 (lorsque Alex est enfant) et celle de 1989,
joue astucieusement avec la mise en abîme d'une reconstitution dans une
reconstitution. Effectivement, dans la reconstitution de la fin des années 1980
qu'est le film de Becker (2002) se trouve une autre reconstitution, celle
dirigée par Alex, qui cherche à reconstituer une ville de l’ancien régime après
la réunification, qui avec la chute du Mur a très rapidement changé, avec par
exemple l'arrivée des marques internationales comme Coca-Cola dont on
verra des véhicules publicitaires passer dans les rues. Alex va chercher à
cacher ces marques et à chercher les anciens produits de la RDA mais le secret
gardé par Alex n'échappera pas à la publicité omniprésente. On peut y voir un
hommage au cinéma, car Alex joue le double rôle d'un metteur en scène et d'un
accessoiriste.
Le spectateur est plongé avec
La Vie des autres dans un univers beaucoup plus renfermé que celui de Good
Bye Lenin!, où l'on peut voir l'importance d'affiches et de publicités, la
RDA fêtant ses 40 ans, et la présence politique avec notamment une scène
d'émeute. La Vie des autres s'affranchit de ce choix pour ancrer l'histoire
encore une fois dans un récit plus réaliste. Henckel von Donnersmarck cherche
bien à faire un film sur l'intrigue qui se déroule et non à utiliser celle-ci
pour raconter la situation générale de Berlin-Est. Le film de Henckel von
Donnersmarck n'évoque que très peu la situation historique et le choix du titre
dévoile un récit beaucoup plus intimiste que Good Bye Lenin!, qui évoque
bien plus le contexte historique de Berlin dès le titre faisant référence à
l'homme politique russe Lénine, dont on verra la reproduction de sa statue
détruite.
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On peut voir dans cette scène de Good Bye Lenin! Alex sur un banc au premier plan, et des
banderoles pour l'anniversaire
de la RDA qui
trônent à l'arrière-plan.
Presque chacune des scènes extérieures du film comporte
cette présence politique et militaire.
Dans cette scène de La Vie des autres, les
protagonistes se retrouvent
dans un lieu public
dépourvu de présence militaire
et politique. Le
metteur en scène, comme les
personnages, choisit un lieu neutre, où personne ne
pourra les
écouter.
Quelques scènes de chacun de
ces deux films sont tournées directement dans Berlin. Dans Good Bye Lenin!
ces rares scènes montrent des éléments représentatifs et connus de la ville de
Berlin. Une scène est tournée près de l'Alexanderplatz dans le quartier
« Mitte » et une autre scène est tournée devant un morceau du Mur.
Les quelques scènes de La Vie des autres tournées à l'extérieur montrent
des lieux quelconques, non représentatifs de Berlin. Certaines scènes de Good
Bye Lenin ! et de La Vie des autres ont été tournées dans le
quartier « Friedrichshain ».
Dans ce plan d'ensemble d'une des scènes de Good Bye Lenin!, on peut remarquer le bâtiment Haus des Lehrers (en français la
Maison des enseignants), sur lequel
figure notamment la célèbre « bague à
cigare », fresque de Walter Womacka. On peut voir aussi
dans ce plan une publicité pour la marque internationale Ikea.
Cette
scène de La Vie des autres montre une rue comme une autre, sans
distinctions particulières.
Dans
cette scène de Good Bye Lenin!, Alex roule à mobylette devant le Mur.
Ce
lieu, recouvert de tags, ne se distingue pas non plus des autres lieux filmés à
l'extérieur de La Vie des autres.
Le Mur de Berlin est un élément
important de Good Bye Lenin! car il est la cause de l'absence du père
d'Alex qui fût le seul à passer à l'Ouest, ce qui sera raconté par la mère
comme un acte de lâcheté (voir page 8) et il joue un rôle dans le travail
d'Alex car après la réunification, la société dans laquelle il travaille doit
s’arrêter, et il va trouver une société plus conséquente dans laquelle des
employés du collectifs de l'Ouest et de l'Est vont se rassembler et vont
travailler dans toute la ville, avec l'essor des antennes satellites. La chute
du Mur est également le déclencheur de toute l'histoire qui suit. Il est aussi
visible dans la scène évoquée précédemment. Dans La Vie des autres, le
Mur n'est seulement évoqué qu'à la fin du film, lors de sa chute, ce qui va
permettre au héros de quitter son travail minable et de profiter d'une certaine
liberté.
Le contexte historique est
renforcé par des images d'archives dans Good Bye Lenin!, qu'il n'y a pas
dans La Vie des autres. Les deux films sont des films historiques, mais
celui de Becker est comme un panorama de l'histoire de Berlin à travers une
histoire fictive et divertissante et le film de Henckel von Donnersmarck est un
film beaucoup plus réaliste qui montre un milieu plus précis, celui de la
Stasi, service de police politique de la RDA, à travers une histoire qu'ont
connu de véritables habitants de l'Est.
Ces deux reconstitutions
différentes d'une même ville, Berlin, et d'une même époque ne sont pas sans
rapports avec les genres différents de Good Bye Lenin! et de La Vie des
autres.
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III. La comédie et le drame au service de films historiques
Même si Good Bye Lenin! et La Vie des autres sont des films historiques qui traitent de la situation d'une même ville, Berlin, ils la mettent en scène de façon différente. Good Bye Lenin! est un film sur le ton de comédie, léger et qui prête à rire et à émouvoir afin de divertir le spectateur. La Vie des autres est ce qu'on appelle un « thriller », soit un film d'espionnage à suspens sur le ton dramatique, car il décrit une situation difficile, où règne trahison, corruption et espionnage. On qualifiera donc de comédie le film de Wolfgang Becker et de drame le film de Florian Henckel von Donnersmarck.
Même si Good Bye Lenin! et La Vie des autres sont des films historiques qui traitent de la situation d'une même ville, Berlin, ils la mettent en scène de façon différente. Good Bye Lenin! est un film sur le ton de comédie, léger et qui prête à rire et à émouvoir afin de divertir le spectateur. La Vie des autres est ce qu'on appelle un « thriller », soit un film d'espionnage à suspens sur le ton dramatique, car il décrit une situation difficile, où règne trahison, corruption et espionnage. On qualifiera donc de comédie le film de Wolfgang Becker et de drame le film de Florian Henckel von Donnersmarck.
Tous les éléments d'un film
doivent correspondre et servir le genre dans lequel il s'inscrit. Le choix des
acteurs, de la musique, des décors, de la mise en scène et du montage ne sont
pas anodins. Chaque film cherche à faire ressentir au spectateur des sensations
différentes, à avoir un regard différent. Aussi chacun de ces deux films
apporte une vision différente de la ville de Berlin.
Good Bye Lenin! de Wolfgang Becker apporte une vision beaucoup plus
accessible de la ville de Berlin que celle de La Vie des autres de
Florian Henckel von Donnersmarck.
On peut davantage parler
d'aspect nostalgique dans le film de Becker, même si son message n'est jamais
de dire que « c'était mieux pendant l'ancien régime ». Bien au
contraire on découvre avec le personnage d'Alex les plaisirs auxquels il peut
profiter après la chute du Mur de Berlin. C'est la nostalgie de l'époque, de la
mode et d'une façon de vivre. Ce n'est pas par hasard si le film de Becker est
surtout apprécié par les jeunes. La vision de Berlin dans ce film est plus
enjolivée, notamment car la principale partie du film se déroule après la chute
du Mur. De plus la situation racontée dans le film frôle le burlesque, et prête
à rire car elle annonce des quiproquos.
Dans La Vie des autres,
le cinéaste cherche à montrer l'une des faces difficiles de la vie à Berlin-Est,
qui a été vécue par plusieurs personnes, notamment par les artistes. Même si
l’œuvre est fictive, elle est une sorte de témoignage historique car elle se
rattache à des événements précis qui ont eu lieu.
Nous avons pu voir dans la
partie II du dossier que Good Bye Lenin! se base sur une mise en scène
beaucoup plus esthétique que celle de La Vie des autres. Cet esthétisme
est au service de l'aspect « léger » et divertissant de cette
comédie.
Tout d'abord le choix des
personnages puis des acteurs n'est pas le même entre une comédie et un film
dramatique. L'histoire se centre sur une famille soudée, dont le fils et frère
aîné est le personnage principal du film. Becker fait en sorte que le
spectateur s'identifie à ce personnage et à cette famille. Presque tout
adolescent pourra s'y reconnaître, car pour beaucoup ils sont confrontés à tout
ce que vit Alex, à savoir l'absence d'un père, l'amour et les boîtes de nuit.
Donc en dehors du contexte historique, le réalisateur accroche déjà le
spectateur avec des éléments qui font de Good Bye Lenin! un film
populaire. Même quelqu'un qui ne connaît par l'histoire de Berlin peut être
diverti par le film en se rattachant aux aspects sociaux du film. L'approche
historique se fait par une remise en situation simple de Berlin à cette époque
avec des images d'archives lors du générique de début ou lors de la chute du
Mur.
Ce qui fait aussi de Good
Bye Lenin! un film plus léger est sa narration fluide à l'aide d'une
voix-off du personnage d'Alex qui alimente les images du récit de ses
aventures. C'est un procédé classique qui permet au spectateur de s'identifier
davantage au personnage. Le personnage principal est un jeune homme comme tous
les autres, qui jouit de tous les plaisirs de la vie et qui se cherche en
participant à des émeutes. Pour cela, Becker a choisit Daniel Brühl, qui
convient parfaitement au rôle.
En plus de la voix-off pour
la narration, le film est bercé par la musique de Yann Tiersen, un musicien
français qui a signé plusieurs bandes originales de films. Il recevra à cette
occasion le prix de la « Victoire de la meilleure musique de film »
en 2004. Le choix de la musique est aussi élémentaire pour le genre du film
qu'il doit servir. La musique mélodieuse de Tiersen principalement interprétée
au piano et au violon accompagne les émotions des personnages, afin
d'émouvoir le spectateur quand celles-ci sont tristes ou de rythmer le film
lors d'ellipses ou de montées en tension.
La variété de couleurs de Good
Bye Lenin! contribue à la « gaieté » du film. L'image donne à la
ville de Berlin un ton coloré, agréable aux yeux du spectateur. Cette image
accompagne la mise en scène de Becker, qui par son rythme et ses effets de mise
en scène contribue parfaitement au genre de la comédie. Effectivement, Wolfgang
Becker fait preuve d'une mise en scène stylisée, avec une grande diversité de
plans et un grand nombre d'effets réalisés lors du montage comme des accélérés.
Good Bye Lenin! donne une vision comme ancrée dans son passé de la
ville de Berlin. De plus le réalisateur montre qu'il y a un véritable
changement avec la chute du Mur, avec de nouvelles conditions de vie, avec la
suppression d'anciennes marques et l'arrivée des marques internationales, le
passage des gens de l'Ouest à l'Est, avec de nouveaux objets. Dans La Vie
des autres, qui se déroule principalement avant la chute du Mur, montre
qu'après celle-ci la ville n'a pas vraiment changée.
La famille au complet, de
gauche à droite : la mère, la sœur d'Alex,
Alex
et sa petite-amie. On retrouve encore une diversité de
couleurs
|
Nous avons pu voir que la
mise en scène de Good Bye Lenin! se centrait principalement sur son esthétisme.
La Vie des autres se démarque plus par le réalisme de sa mise en scène.
Ulrich Mühe, l'acteur
principal qui interprète Wiesler, l'officier de la Stasi, a souvent joué dans
des films dramatiques. Il convient parfaitement pour ce personnage froid et
extrêmement seul, qui entre dans l'intimité d'un couple. Le spectateur,
confronté comme l'officier à toutes les occupations du couple, assiste à un
récit étouffant, d'où l'aspect déjà sombre du film. Le film se fait par un
récit dépourvu de narrateur, privilégiant les images, ce qui plonge le
spectateur davantage dans l'action qui se déroule.
Les actions sont accompagnées
d'une musique écrite par Gabriel Yared très présente mais sobre, ne servant
qu'à alimenter l'ambiance sombre du film.
Comme son titre l'indique, le
film bouleverse car le spectateur entre dans l'intimité de personnes victimes
d'un régime stricte. Il y a une certaine distance entre le spectateur et les
personnages. Il ne connaît presque rien à propos du personnage principal. La
Vie des autres est un film noir, au sens figuré comme au sens propre. Au
sens figuré car c'est un film d'espionnage voire de voyeurisme exercée par une
police stricte, et au sens propre car l'image du film est dominée par des
nuances de noir, de gris et de beiges.
La mise en scène de Florian
Henckel von Donnersmarck est très académique. Dépourvue d'effets de styles,
elle est très sobre et se compose de scènes plus longues que le film de Becker,
avec une faible diversité de plans. Le metteur en scène se cache derrière la
caméra à travers sa mise en scène et un montage classique. Cela accentue le
réalisme du film.
La Vie des autres évoque la ville de Berlin comme une ville difficile à
vivre, sombre et froide. Le film de Henckel von Donnersmarck donne un aspect dépréciatif
à la ville de Berlin après la chute du Mur. Elle semble toujours aussi
« vide » et froide, alors que dans Good Bye Lenin! elle semble
redonner vie à la capitale allemande.
Wiesler, qui écoute les
conversations du couple qu'il espionne et
retranscrit ce qu'ils disent sur sa machine à écrire. On remarque
une image
froide.
|
________________________________________
CONCLUSION
La comédie Good Bye Lenin!
(2002) de Wolfgang Becker et le drame La Vie des autres (2006) de
Florian Henckel von Donnersmarck offrent tous deux une reconstitution
différente de la ville de Berlin pendant les années du Mur, construit en 1961
et détruit en 1989, ainsi qu'une reconstitution de Berlin après la chute du Mur. Mais le genre de chacun de ces
deux films (la comédie et le drame) sert une vision différente d'une même ville
et d'une même époque. Alors que Good Bye Lenin! donne une vision colorée
et nostalgique de la ville de Berlin, La Vie des autres donne une vision
beaucoup plus sombre et négative de la capitale allemande.
Sources :
- Web :
- www.allocine.fr
- www.cineclubdecaen.com
- www.routard.com
- www.wikipedia.fr
- Livres :
- 1001 films à voir avant de mourir, Omnibus, 2004-2008
- BELLAN Monika, 100 ans de cinéma allemand, Ellipses, 2001, Les essentiels
- EISENSCHITZ Bernard, Le cinéma allemand, Armand Collin, 2012, Collection universitaire de poche
- JOUSSE Thierry et PAQUOT Thierry, La ville au cinéma, Cahiers du cinéma, 2005
- Autres :
- Dossier personnel d'un voyage à Berlin du 25 au 28 mars 2012 dans le cadre du programme d'Histoire des arts organisé par le lycée
L.H.
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