Titre : 38 témoins
Réalisation : Lucas Belvaux
Acteurs : Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia, François Feroleto, Natacha Régnier, Patrick Descamps, Didier Sandre...
Année de sortie : 2012
Genre : Drame
Synopsis : Une nuit, dans une rue du Havre, une femme est sauvagement assassinée. Les habitants de l'immeuble au pied duquel elle est morte jurent n'avoir rien vu ni entendu, excepté un pilote de bateau, peu à peu rongé par le remords.
Infos utiles : 38 témoins est adapté du roman "Est-ce ainsi que les femmes meurent ?" de David Decoin, dont l'histoire se situe à New York dans les années 60. Le tournage a eu lieu pendant 8 semaines, en février et mars 2011, dans la ville du Havres et ses alentours.
Ma critique : 38 TÉMOINS commence comme un polar sombre, avec des plans froids de bateaux à containers, d'une dominante de bleu, déshumanisant le film, également dans les plans qui suivent, ceux d'un cadavre dans le hall d'un immeuble. Cette ambiance glacial, sans aucune source de vie, à l'instar de la scène d'ouverture de The Ghost writer de Roman Polanski (Le pianiste, Chinatown), cloue le spectateur dans son fauteuil. Cet aspect de polar va pourtant se dissiper dans la suite du long-métrage, pour laisser place à une réflexion sur le refus de s'adonner à la souffrance et a exécuter une rédemption, tout en titillant l'ampleur de la "non-assistance à personne en danger". La présentation du personnage principal est faite par l'intermédiaire du meurtre et de la police lors des témoignages des voisins. Le spectateur ne sait donc rien du personnage avant le terrible évènement. 38 TÉMOINS aborde un sujet banal mais dont la question n'est pourtant rarement relevé : celle du regret de la "non-assistance à personne en danger". Cette question n'avait pas lieu dans le roman, se déroulant aux Etats-Unis, où cette loi est inexistante. Belvaux situe l'histoire dans le Havre, petite ville pourtant tranquille, qui va correspondre totalement au climat glacial et vide du film. Le meurtrier est ingénieusement retiré de l'histoire, pour ne laisser place qu'à la réflexion des personnages, afin de ne pas sombrer dans le film policier. Malgré un casting réussi, on retrouve malheureusement de fortes longueurs à travers des dialogues lourds et trop appuyés, enlevant une grande crédibilité au film. Les ressorts de l'histoire sont également tous livrés des le début du film, ce qui semble au spectateur n'avoir plus aucune découverte dans la suite du film. Malgré tout, le génie du réalisateur belge se retrouve à travers des détails subtils, comme une scène où Yvan Attal avoue ce qu'il a vu et entendu à sa femme, alors qu'elle dort, laissant à celle-ci ainsi qu'au spectateur le doute de l'existence de ces aveux, et le voisin qui apparaît inexplicablement sur son balcon pour observer le personnage de Pierre, rappelant sans conteste un autre film sublime de Roman Polanski : Le locataire. On retrouve dans 38 TÉMOINS Yvan Attal (Rapt, New York, I love you) d'un physique particulier et d'une humanité extraordinaire, jouant avec perfection la destruction intérieure d'un homme, dont Belvaux donne cependant trop la parole, empêchant un jeu davantage silencieux, qui forme pourtant le charme du personnage, une Sophie Quinton (Poupoupidou, Le Skylab) quelque peu insupportable, ne faisant que déclarer ses répliques, dépourvu de personnalité, mais qui colle justement à son rôle, un rôle fantomatique. On retrouve également Nicole Garcia (Pourquoi tu pleures ?, Les bureaux de Dieu), frôlant un jeu excessif, le juste François Feroleto (Asylum) et l'excellent Didier Sandre (Train d'enfer, Memory lane) en procureur strict mais honnête. Le film s'achève par une fin relevant un rythme essoufflé par ses quelques longueurs, en mettant en scène une reconstitution incroyable du meurtre. 38 TÉMOINS se démarque des thrillers français actuels par la création d'une ambiance glacial rare et originale, et permet à Yvan Attal de se surpasser.
Yvan Attal et Sophie Quinton |
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