samedi 14 septembre 2013

PAPA

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de PAPA, un film réalisé en 2004 par Maurice Barthélémy (Low cost, Pas très normales activités).

" - Ecoute Louis, je suis ton père et si je te dis que t'aimes pas les Chamonix, tu n'aimes pas les Chamonix. Point ! C'est cafard les Chamonix ! Ya des gâteaux comme ça qui plombent... (cherchant). Les Figolu par exemple !
- Papa ?
- Hum ???
- C'est un peu embêtant ce qu'on raconte."


Titre : Papa
Réalisation : Maurice Barthélémy
Acteurs : Alain Chabat, Martin Combes, Yaël Abecassis, Judith Godrèche...
Année de sortie : 2005
Genre : Comédie dramatique

Synopsis : Le père de Louis est un drôle de bonhomme : toujours à faire le pitre, toujours à faire des blagues. Pourtant, Louis n'a pas très envie de rire. Sur la route qui les ramène chez eux, le père et le fils vont apprendre à se parler et surmonter leur chagrin.

Ma critique : Maurice Barthélémy, connu principalement pour faire partie de la troupe des Robins des Bois, est également réalisateur de films bien inégaux, comme le plutôt mauvais Low cost (2011) et le sympathique Pas très normales activités (2013) avec le "Youtoubeur" Norman Thavaud. Mais c'est en 2005 qu'il réalise un coup de maître avec PAPA, un road-movie centré sur la relation entre un père et son fils, en route vers une destination inconnue pour le spectateur. Si le film de Barthélémy est à première vue une comédie, c'est aussi - et surtout - un film d'une sensibilité rare. Effectivement, derrière l'humour du film, et plus particulièrement celui du père, se cache une douloureuse peine. Cette peine n'est évoquée qu'implicitement d'abord, afin que le spectateur puisse se poser toutes les questions en décryptant les personnages. Elle est suggérée par des flashs-back, jusqu'à ce qu'elle soit évoquée explicitement par le père, s'adressant autant à son interlocuteur qu'au spectateur. Le spectateur est ainsi fixé.

L'humour du père agit comme un contre-poids à cette douleur, un humour caractérisé par sa taquinerie, comme un grand frère taquinerait son petit frère. Un humour subtil et savoureux, dont chaque réplique et chaque gag deviennent cultes. PAPA est un film simple, sur une histoire "simple". Le film brille par cette simplicité, servie par le décor routier et singulier des stations-services et des autoroutes. On retrouve la banalité des dialogues en voiture, notamment lors d'un échange très drôle sur les gâteaux. Mais dans chaque instant comique reste un arrière-goût amer, lié à la peine que partage les deux personnages. Jamais l'histoire ne sombre dans la surenchère ou le pathos. Elle privilégie même la suggestion car on cherche à en dire le moins possible, par exemple dans une scène filmée depuis l'intérieur d'un café où le père explique le drame vécu.

De plus PAPA joue avec la sincérité et le réalisme des propos, comme lorsque le père ne sait que répondre quand son fils lui demande ce que l'on devient après la mort. Doit-il dire ce que le fils veut entendre ? La réalité ? En tout cas il ne répond pas, à l'inverse peut-être de la tante "catho mais gentille", que l'on monte au ciel. Le point culminant de la relation entre le père et son fils réside dans une scène où ce dernier pleure, son père l'incitant à pleurer pour le soulager, avant qu'une dame ne s'en mêle et que le père réponde "Occupe-toi de ton cul connasse". Si cette réplique fait rire, elle touche surtout car c'est alors que se dresse un parallèle entre la peine partagée par le père et le fils et le monde qui les entoure. Ils sont comme intouchables. Et si ils ont perdus une part d'eux-même et de leur vie, tout n'est pas perdu, comme le montre la fin du film.

On retrouve dans le rôle du père Alain Chabat (La cité de la peur, Didier), l'un des maîtres de l'humour français avec Les Nuls, incroyable, jouant avec un réalisme et une sensibilité folle, aussi drôle que touchant, et qui joue le rôle de père autant pour le garçon que pour le spectateur, qui ne connait d'ailleurs pas son prénom, uniquement appelé "papa" tout le long du film par son fils. Aucun autre acteur n'aurait pu convenir tant il parvient à jouer la banalité. Dans le rôle du fils, on retrouve Martin Combes (Les enfants, Paris je t'aime) - aux airs d'une Zazie, voir interview dans les bonus du DVD, à l'instar de celle de Demongeot menée par Pierre Dumayet (cliquez ici pour voir) - qui répond parfaitement à Chabat.

PAPA est un film français comme on aimerait en voir plus souvent, aussi drôle que bouleversant, et aussi simple que bien écrit. Mais il faut malheureusement attendre tous les dix ans pour voir un film de cette envergure. PAPA est une perle unique comme on en a rarement vu et que l'on ne reverra pas de sitôt dans les productions françaises. Comme quoi la recette d'un film réussi n'est pas bien compliquée, du moins lorsque ce ne sont pas seules les recettes budgétaires qui intéressent les producteurs.

Martin Combes et Alain Chabat

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