mercredi 17 octobre 2012

Zombie planet

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de ZOMBIE PLANET, un film italien sorti le 18 septembre 2012 en DVD.


Titre : Zombie planet
Réalisation : Marco Ristori et Luca Boni
Acteurs : Alex Lucchesi, Guglielmo Favilla, Claudio Marmugi, Rosella Elmi, Elisa Ferretti, Steve Sylvester...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : Dans un futur proche, suite à une expérimentation catastrophique, l'espèce humaine a muté, transformée en morts-vivants cannibales. Prédateurs presque invincibles, cette nouvelle race domine le monde, bien déterminée à anéantir toute autre espèce vivant sur la planète. Cependant, grâce à quelques survivants, un noyau de résistance s'est formé et organise l'ultime contre-attaque. L'espoir de réussite est faible, mais une seule chose est sûre : il n'y aura pas de seconde chance.

Infos utiles : Uwe Boll, le producteur du film, fait une apparition dans le film dans le rôle du président des Etats-Unis.

Ma critique : ZOMBIE PLANET est de toute évidence un Direct-to-DVD, venu tout droit du cinéma transalpin. Coup de chance pour Marco Ristori et Luca Boni qui signent ici leur premier film, le long-métrage est produit et distribué par le réalisateur allemand Uwe Boll (Alone in the dark, King Rising au nom du roi), soit le "maître" des séries B fantastiques et d'action, avec déjà une longue liste de films en tous genres derrière lui, et qui n'est pas prête de s'achever. Il y a bien longtemps que le cinéma d'horreur italien est rare, voire inexistant, à vrai dire depuis le grand Lucio Fulci (L'enfer des zombies, Frayeurs). Surtout dans le film de zombies, dont on voit fleurir en masse des chef-d'oeuvre et des navets du monde entier, mais pas de l’Italie. C'est donc avec curiosité que l'on découvre ce film de zombies, qui semble annoncer du lourd dans la bande-annonce. Mais la question que l'on se pose est - comme avec la plupart des DTV - si le film sera à la hauteur de la bande-annonce. ZOMBIE PLANET - intitulé aussi Eaters - dévoile certes moult imperfections, mais fait preuve aussi de beaucoup d'originalité et de recherche technique. Après un générique à la 28 jours plus tard (de Danny Boyle), le duo italien nous plonge directement dans l'action avec une discussion entre deux hommes en habits de soldats sur l'origine du virus, explorant d'autres hypothèses que celle que l'on a l'habitude d'entendre. Les deux personnages pénètrent ensuite dans un labo, nous dévoilant alors une tête arrachée toujours en mouvement. Cette première démonstration des effets spéciaux du film est époustouflante, tant le réalisme est poussé et les maquillages faits main sont incroyables. C'est de main de maître que l'équipe FX continuera tout le long du film de nous surprendre avec des zombies tous plus réussis les uns que les autres, notamment un accroché à un mur, du moins ce qui reste, son tronc et sa tête, gesticulant dans tous les sens sous les impacts de balles. ZOMBIE PLANET trouve donc sa place dans ses effets spéciaux uniques. On remarquera cependant certaines facilités futiles incrustées numériquement à l'image, comme des giclées de sang sur l'écran ou des coups de feu qui ne font qu'appuyer l'amateurisme. On retrouve aussi des acteurs qui surjouent, à l'accent italien qui les décrédibilise. Mais cela a son charme, tout comme cette image hyper contrastée et fluide qui fonctionne. Malgré les nombreuses incohérences de mise en scène, Ristori et Boni explorent avec ce road-movie de nombreux horizons au niveau du scénario, comme un peintre qui trouve son inspiration dans les corps déchiquetés de morts-vivants et se faisant appeler "Caravage" ou encore un groupe de survivants nazis reculés dirigés par une espèce de nain psychopathe. Les deux cinéastes parviennent à s'approprier leurs propres zombies, mais ne semble pas décidés sur leur démarche, alternant entre marche et course. Ils semblent s'affirmer d'autant plus dans la suite du film, commandée toujours par Boll, en mettant en scène cette fois-ci plus des victimes de réactions chimiques que des zombies à proprement parler. J'adhère à ce point de vue. Les deux réalisateurs annoncent un film plus lourd, avec de l'humour et de l'action, et on leur fait confiance, étant donné le premier teaser du film ainsi que de sa récente bande annonce officielle. Attendons donc impatiemment la sortie de Zombie massacre, adapté du jeu vidéo éponyme, et souhaitons longue vie à une saga qui se crée peut-être ? ZOMBIE PLANET est certes une véritable série B, qui frôle parfois le nanar, mais est avant tout un pur film de zombies déjanté.

Si vous désirez en savoir plus sur Uwe Boll, je vous invite à lire cet article très intéressant du site Nanarland.com, en cliquant ICI.
Retrouvez aussi des infos supplémentaires à propos de ZOMBIE PLANET, comme une featurette inédite du film sur la page Facebook de LHmovies, en cliquant ICI (pas besoin d'être inscrit pour consulter la page !)



Voici le super teaser de Zombie Massacre, de Marco Ristori et Luca Boni :


dimanche 7 octobre 2012

The theatre bizarre

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui d'un film bien étrange, le film collectif THE THEATRE BIZARRE, une anthologie réalisée par sept réalisateurs américains connus ou non. Le film est sorti en DVD le 3 octobre dernier.


Titre : The theatre bizarre
Réalisation : Richard Stanley (The mother of toads)
                   Buddy Giovinazzo (I love you)
                   Douglas Buck (The accident)
                   Tom savini (Wet dreams)
                   Karim Hussain (Vision stains)
                   David Gregory (Sweets)
                   Jeremy Kasten (Theatre guignol)
Acteurs : Udo Kier, Guilford Adams, Suzan Anbeh, Lindsay Goranson, André Hennicke, Kaniehtiio Horn, Lena Kleine, Catriona McColl, Victoria Maurette, Virginia Newcomb, Debbie Rochon, Tom Savini, Melodie Simard...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis :
THE MOTHER OF TOADS : En France, un couple de vacanciers rencontre une sorcière qui prétend posséder une copie du Necronomicon.
"I LOVE YOU" : Une femme annonce à son mari qu'elle le quitte.
THE ACCIDENT : Une mère et sa fille sont témoins d'un accident de la route.
WET DREAMS : Une femme blessée se venge de son mari infidèle.
VISION STAINS : Une tueuse en série extrait les souvenirs de ses victimes à l'aide d'une seringue.
SWEETS : Un couple obsédé par la nourriture consume son amour.
THEATRE GUIGNOL : Une salle de cinéma se transforme en véritable théâtre de pantins sous l'égide d'un automate.

Infos utiles : Pour chacun des films de THE THEATRE BIZARRE, les réalisateurs étaient contraints de respecter des règles bien précises, comme un même budget pour chacun, une durée de 10 à 20 minutes par segment, un calendrier à tenir et une même ligne narrative, celle du théâtre du "Grand-Guignol". Ce théâtre dont l'anthologie s'inspire ouvrit ses portes à la fin du 19ème siècle dans le 9e arrondissement de Paris et ferma ses portes en 1963. Il proposait des spectacles d'horreur, particulièrement glauques et sanguinolents. Le théâtre existe toujours, et est situé au 7 Cité Chaptal, à Paris. Il fut réhabilité en 2004 pour devenir l'"International Visual Theatre". The mother of toads, le segment réalisé par Richard Stanley, est une adaptation de la nouvelle éponyme du poète et auteur américain Clark Ashton Smith.

Ma critique : THE THEATRE BIZARRE sortait dans très peu de nos salles en mai dernier, malgré la contribution française dans le film, étant donné que Jean-Pierre Putters, le créateur de la célèbre revue de cinéma de genre Mad Movies et de la boutique Movies 2000 à Paris, produit le segment The mother of toads de Richard Stanley (Le souffle du démon, L'île du docteur Moreau) via Metaluna Productions, qui se déroule en France. Cette anthologie marque un retour réjouissant du cinéma d'horreur pur, crade et sans concession que l'on a plus le plaisir de voir depuis un bon moment. Chaque réalisateur ose, au risque de déplaire à un grand nombre de spectateurs, mais aussi de régaler quelques fans du genre. La narration de THE THEATRE BIZZARE se fait par le segment Theatre Guignol, de Jeremy Kasten (The wizard of gore, The attic expeditions), plus particulièrement par l'incontournable et grand Udo Kier (Melancholia, Iron sky), terrifiant dans le rôle du conteur, que l'on retrouve avant et après chaque court-métrage, d'une manière qui rappelle sans conteste Cryptkeeper, le célèbre conteur de la série-télé Les contes de la crypte. Ce segment est celui qui rend le plus hommage au théâtre du Grand-Guignol, avec de magnifiques jeux de marionnettes et d'éclairages, donnant un univers absolument macabre au film de Kasten. C'est à travers ce court que le spectateur assiste au "spectacle", en même temps que l'héroïne. Après cette introduction suit The mother of toads, se déroulant dans une France quelque peu stéréotypée, mais qui est intéressante à voir à travers l'oeil américain. Mais Stanley nous offre des plans de notre bonne vielle campagne qu'il est bon et rare de voir mise en scène dans un film de genre. Malgré le fait qu'on ne sait véritablement jamais où veut en venir le réalisateur, le segment nous offre une très belle image, notamment d'une scène dans une piscine, mise en parallèle avec des plans de paysages montagneux, jouant avec les climats chaud et froid des deux scènes, bordés d'une superbe musique angoissante. On remarquera aussi une référence à Shining (De Stanley Kubrick). On retrouvera par la suite un segment tout à fait intéressant de Buddy Giovinazzo (No way home, Life is hot in Cracktown), se déroulant en Allemagne et mêlant psychologie et psychose, avec le génial André Hennicke (Antibodies, La comtesse). On retrouvera par la suite un segment beaucoup trop onirique et ennuyeux réalisé par Douglas Buck (Sisters, Family portraits), et un bel épisode réalisé par le grand Tom Savini (Zombie, Massacre à la tronçonneuse 2), le maquilleur par excellence de films d'horreur, plus particulièrement de zombies, qui depuis un certain temps à décidé de se consacrer à la mise en scène et au jeu d'acteur. Il fait donc ici ses preuves, avec une caméra maîtrisée et une direction d'acteurs satisfaisante, à travers une histoire et une ambiance rappelant celle de la série-télé Masters of horror. Il assure malgré tout les maquillages du film, toujours aussi saisissants, dont on retiendra surtout le super monstre-vagin. Savini apparaît également à l'écran, dans un rôle auto-dérisoire. L'un des meilleurs moments de THE THEATRE BIZARRE reste Vision stains, le segment de Karim Hussain, faisant preuve de beaucoup d'originalité scénaristique. On retrouve Kaniehtiio Horn (Sur la route, Voyage au centre de la terre), une belle canadienne qui on l'espère reviendra à l'écran. Ce que l'on retiendra surtout du segment d'Hussain est l'effet ultra-réaliste et mystérieux de la seringue pénétrant un oeil, qui restera gravée dans nos esprits. L'anthologie s'achève avec Sweets, une belle métaphore de la relation amoureuse et du couple par David Gregory, qui signe sa toute première oeuvre. Le film se conclut par la fin du segment de Kasten, emprisonnant le spectateur dans le théâtre, et annonçant une possible suite... THE THEATRE BIZARRE est donc un véritable retour aux sources de l'horreur qui procure un pur plaisir, certes imparfait, mais qui renoue avec l'ambiance des séries télévisées d'horreur et du Grand-Guignol, en respectant tous ses aspects : le rire, le sexe et l'horreur. Une suite est envisagée, mais cette-fois ci totalement made in France, dont les réalisateurs pressentis seraient Xavier Gens (The divide, Hitman), Pascal Laugier (Martyrs, The secret), Julien Maury et Alexandre Bustillo (A l'intérieur, Livide), Olivier Abbou (Territoires), Talal Selhami (Mirages) et Lucile Hadzihalilovic (Innocence, seul contre tous).  Un septième devrait être ajouté à la liste, mais dont l'identité est en discussion. Espérons que The theatre bizarre 2 : Grand Guignol sera à la hauteur.

Cliquez ICI pour visiter le site officiel de Metaluna Productions.

Lindsay Goranson

                
Le DVD :

Comme à son habitude, Wild Side nous livre un très beau DVD.
En plus d'un sur-étui cartonné et de menus interactifs réussis, il contient comme bonus :
- 3 makings-of ("Vision stains", "The accident" et "The mother of toads")
- Un commentaire audio du film
- Des galeries photos
- Des bandes annonces
Mais aussi deux superbes affiches du film !
Retrouvez THE THEATRE BIZARRE sur le site de Wild Side.



Voici les superbes affiche du film ainsi que de sa suite :



mardi 11 septembre 2012

Killer Joe

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de l'une des grandes surprises de la rentrée, de KILLER JOE, réalisé par William Friedkin et sortit le 5 septembre dernier.


Titre : Killer Joe
Réalisation : William Friedkin
Acteurs : Matthew McConaughey, Emile Hirsch, Juno Temple, Thomas Haden Church, Gina Gershon...
Année de sortie : 2012
Genre : Thriller

Synopsis : Endetté auprès d'un caïd, Chris découvre que sa mère, qu'il déteste tant, possède une assurance-vie de 50 000 dollars. Il décide de la faire buter par Killer Joe, un flic qui arrondit ses fins de mois en tant que tueur à gages. Problème : ce dernier réclame une avance que Chris ne peut régler. Alors qu'il est sur le point d'annuler le contrat, Killer Joe tombe en extase devant Dottie, la jeune et innocente soeur de Chris, et la "négocie" à la place de l'avance. Chris et son dégénéré de père n'y réfléchissent pas à deux fois.

Infos utiles : Le tournage de KILLER JOE a duré un peu plus d'un mois et s'est déroulé entre novembre et décembre 2010.

Ma critique : Âgé de 77 ans, William Friedkin n'a pas perdu de son énergie et n'a pas finit d'explorer de nombreux horizons. Après avoir été séduit par les pièces de théâtre de l'auteur Tracy Letts et après avoir adapté l'une de ses pièces au grand écran avec le génial et glaçant Bug, le réalisateur de French connection et de L'Exorciste renouvelle l'expérience avec KILLER JOE, autre adaptation d'une pièce éponyme de Letts, écrite en 1991. On y retrouve une quasi unité de lieu et le style propre de l'auteur, également scénariste du film, ainsi que la mise en scène très maîtrisée de Friedkin, qui a tendance à toujours apporter une dimension fantastique dans ses long-métrages, ici à travers des scènes qui penchent subtilement dans l'irréalité. Le film s'ouvre avec une séquence remarquable, où l'on suit un personnage - d'abord inconnu - en gros plan, qui crie en courant sous la pluie, le tonnerre grondant et un chien aboyant, le tout filmé avec maestro par Friedkin, comme un film noir. Un contraste se fait lorsque l'on découvre Dottie, innocente, à l'abri de toute cette frénésie cinématographique et scénaristique. Friedkin ne cessera par la suite de bousculer et de surprendre le spectateur avec un enchaînement d'action plus ou moins violentes, puis avec une multitude de scènes remarquables tout au long du film, comme l'apparition du tueur, qui frôle volontairement le ridicule, avant de découvrir toute la noirceur de Killer Joe. Les éléments essentiels des pièces de Letts sont les prestations des acteurs, qui doivent assurer des rôles de personnages torturés et qui mènent de plus en plus vers une explosion de folie. Friedkin avait assuré le coup avec Michael Shannon (Take Shelter, Boardwalk Empire) dans Bug et de nouveau avec Matthew McConaughey (Tonnerre sous les tropiques, Magic Mike), dans le rôle de Joe, après avoir dévoilé son talent dans La défense Lincoln (De Brad Furman). Matthew McConaughey tient avec KILLER JOE le rôle de sa vie, désormais indélébile de son physique de charmeur. Terrifiant et inexpressif, il imprègne un personnage impénétrable aux "yeux qui font mal", comme le remarque si bien le personnage de Dottie, interprété par Juno Temple (The dark knight rises, Greenberg), qui parvient avec ce film à se démarquer. Mais c'est aussi Emile Hirsch (Into the wild, Speed racer) qui décroche son meilleur rôle, excellent dans le rôle d'un jeune aussi inconscient qu'antipathique, Friedkin parvenant à trouver la juste mesure pour ne pas trop s'attacher à son personnage, malgré sa situation à plaindre et son physique d'ange. Le réalisateur du Convoi de la peur parvient aussi au fil du film à manipuler le spectateur en faisant passer Killer Joe pour le personnage principal, avant Chris. Le fait que le film soit adapté d'une pièce se fait malheureusement - mais aussi inévitablement - ressentir vers le milieu du film par l'étouffement du lieu et des dialogues. Le réalisateur aère cependant son film avec des scènes d'extérieurs absolument angoissantes, voir dérangeantes pour certaines scènes d'intérieures, notamment une qui vous coupera l'envie de manger du poulet pour un bon moment. Malgré sa limite pour les moins de douze ans, le film fait preuve d'une violence particulièrement crue, qui rappelle par certains aspects celle de The killer inside me, le chef-d'oeuvre de Winterbottom, la nudité en plus. De plus, le film vous offre les "charmes" de la vie texane et de ses paysages, filmés majestueusement par Friekin, avec une dominante de bleu. Certaines scènes ne manquent pas de rappeler Massacre à la tronçonneuse (De Tobe Hooper), notamment à travers une scène de repas aussi fascinante que dérangeante, Friedkin avouant adorer ce classique de l'horreur, même si il dit ne pas y avoir penser pendant le tournage. KILLER JOE est accompagné d'une superbe musique qui ne manque pas de souligner la noirceur du film, semblant nous rappeler constamment la présence de Killer Joe, qui ère de pièces en pièces, passant la plupart de son temps dans la chambre de Dottie, tel un adolescent. Le film s'achève avec une orgie de folie, une explosion d'absurdité et de violence, totalement jubilatoire. En bref, KILLER JOE est un film, un vrai, comme il est rare et bon d'en voir, réalisé par un maître de l'horreur et du film policier qui ne cesse de s'améliorer et qui semble avoir trouvé sa voie, à l'inverse de la plupart des "grands" réalisateurs actuels qui régressent.

Cliquez ICI pour visiter le site officiel du film.

Emile Hirsch (à gauche) et Matthew McConaughey (à droite)

Voici l'affiche originale du film :


samedi 8 septembre 2012

Touristes

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Lors de la dix-huitième édition de l’Étrange Festival qui se déroule du 6 au 16 septembre au Forum des Images, j'ai pu assister en avant-première à TOURISTES (Sightseers en anglais), un film anglais de Ben Wheatley, à l'affiche récemment avec Kill list. Le film, sélectionné pour le Prix du Public, sortira le 26 décembre 2012. Le film sera aussi diffusé le 15 septembre lors du festival.
Cliquez ICI pour visiter le site officiel de l’Étrange Festival et y retrouver toute la programmation à ne pas manquer.


Titre : Touristes
Réalisation : Ben Wheatley
Acteurs : Alice Lowe, Steve Oram...
Année de sortie : 2012
Genre : Comédie satirique

Synopsis : Tina a toujours mené une vie bien rangée, protégée par une mère possessive et envahissante. Pour leurs premières vacances en amoureux, Chris décide de lui faire découvrir l'Angleterre à bord de sa caravane. Un vrai dépaysement pour Tina. Mais très vite, ces "vacances de rêve" dégénèrent : touristes négligents, ados bruyants et campings réservés vont rapidement mettre en pièces le rêve de Chris et de tous ceux qui se trouveront sur son chemin...

Infos utiles : TOURISTES a reçu le prix Palm Dog lors de la Quinzaine des Réalisateurs 2012.

Ma critique : Il n'y a véritablement que les anglais qui sont capables de nous livrer un tel choc cinématographique. Dans la lignée de Bons baisers de Bruges (De Martin McDonagh) - malgré une grande marge de différence - TOURISTES, produit par Edgar Wright (Shaun of the dead, Scott Pilgrim vs the world) est un film à l'humour noir typiquement anglais, qui trouve son comique non pas dans la parodie des codes du film du genre mais dans le contraste fort entre les différentes activités et attitudes des deux personnages principaux, un couple de prolétaires lambda et soudé. Ces deux-là ont comme projet de visiter des musées plus incongrus les uns que les autres, du musée du tramway au musée du crayon, jusqu'au jour où tout dérape, lorsqu'un touriste jette un papier par terre, et traumatise ainsi Chris. Le film commence avec un générique accompagné d'un son indescriptible, dont on comprend l'origine ensuite dans une scène tant complaisante qu'elle pousse à en rire, à la manière de l'humour belge. Après plusieurs scènes qui nous en disent plus sur le personnage de Tina, mais pas sur celui de Chris, suspecté dès le départ par sa belle-mère, suit une explosion musicale et cinématographique avec le départ de la caravane et l'arrivée au musée du tramway, bordée par la superbe chanson "Tainted love" du groupe anglais Soft Cell ( reprise de la chanson de Gloria Jones) que l'on retrouve d'ailleurs au générique de fin du film. C'est à partir d'un accident plus ou moins involontaire que l'énergie meurtrière du personnage se développe, le rendant insensible au meurtre. Le génie du film réside dans la façon de Wheatley de bousculer, de détourner le recul du spectateur par rapport aux faits. Ce n'est plus le meurtre qui interloque le spectateur, mais la façon de l’exécuter, avec plus ou moins de "style", selon les dires de Chris. Wheatley parvient à rendre le meurtre naturel et anodin. Le spectateur est donc forcé de s'immiscer dans une sorte de complicité avec les personnages. Ce qui renforce l'aspect dantesque de TOURISTES sont les scènes qui jonglent entre rêve et réalité, notamment celle filmée en contre-jour dans la magnifique campagne anglaise où Chris prend l'aspect d'un prédateur jusqu'à ce que la scène explose pour dériver sur une forte référence à 2001 : L'odyssée de l'espace. L'autre dimension extravagante du film est l'univers du camping auquel sont confrontés nos deux personnages, avec la concurrence des autres touristes et des rencontres plus saugrenues les unes que les autres. Wheatley parvient à rendre le K-away ordinaire effrayant, voir à en faire un costume officiel de tueur en série. On retrouve dans cet anti Bonnie and Clyde Alice Lowe (Kill list, Hot fuzz) et Steve Oram (Bitter), tous deux exceptionnels, qui signent également le scénario. C'est ce contraste fort entre des meurtres ultra-gores tant dans les effets spéciaux que dans les bruitages et les activités et les délires enfantins des personnages qui fait la force du film et de son humour, sans jamais parodier le cinéma de genre ni en utiliser les codes. Malgré un semblant de longueur qui se fait ressentir au milieu du long-métrage - qui se rattrape aussitôt - le film s'achève avec une fin jouissive, qui semble narguer le spectateur. Ben Wheatley est un réalisateur à suivre de près.

CLIQUEZ ICI pour visiter le site officiel du film, très bien fait et riche de contenu (dossier de presse, vidéos à télécharger...).

Alice Low et Steve Oram

Voici la chanson "Tainted Love" du groupe Soft Cell :


dimanche 26 août 2012

L'étrange pouvoir de Norman

Bonjour ! Je vais vous parler pour la première fois sur le site d'un film d'animation, L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN, réalisé par Sam Fell (La légende de Despereaux, Souris City) et Chris Butler, sortit dans nos salles le mercredi 22 août.

"Criera bien qui criera le dernier !"


Titre : L'étrange pouvoir de Norman
Réalisation : Sam Fell et Chris Butler
Acteurs : Kodi Smith-McPhee, Tucker Albrizzi, Anna Kendrick, Casey Affleck, Christopher Mintz-Plasse, Leslie Mann, Jeff Garlin, Elaine Stritch, John Goodman...
Année de sortie : 2012
Genre : Animation, Fantastique

Synopsis : Norman est un gamin isolé. Introverti, il a cette faculté de parler aux fantômes qui errent encore dans notre monde en attendant de trouver la paix. Son oncle, un ivrogne notoire écumant les poubelles de la toute petite ville de Blythe Hollow, a lui aussi ce lien étrange avec l'au-delà. Le jour où il décède d'une attaque, il laisse le soin à son neveu d'empêcher la malédiction de la sorcière de se reproduire. Ce soir, alors qu'on fête l'anniversaire de sa pendaison, elle va déterrer les zombies.

Infos utiles : 31 000 visages miniatures ont été conçus pour animer les personnages. Le personnage de Norman, par exemple, a nécessité 8000 pièces à lui tout seul. Les cheveux de Norman, le personnage principal, sont faits de poils de chèvre, fixés ensemble grâce à du gel et de la colle. Cette chevelure est d'ailleurs composée de 275 piques ! L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est le second long-métrage de la société Laika Entertainment, dont le premier était Coraline (De Henry Selick), réalisé en 2009.

Ma critique : L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN, dont le titre original est Paranorman, beaucoup plus judicieux que le titre français - preuve de notre incroyable talent pour déformer les titres des films et de se défaire d'une quelconque originalité - est une véritable surprise du cinéma d'animation. Tout d'abord pour son approche sensible au cinéma d'épouvante. Ce n'est sûrement pas par hasard que le film soit distribué par Universal, le studio à l'origine de l'âge d'or du cinéma d'épouvante, qui fête par ailleurs ses 100 ans, en nous offrant un certain retour aux sources. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est un film d'animation qui fait preuve de matière et d'un travail appliqué en utilisant la technique du stop-motion. Le travail hyper minutieux des réalisateurs nous livre un véritable spectacle visuel, comme une superbe poursuite en voiture. De nos jours, on a tendance à réfléchir à deux fois avant d'aller voir un film d'animation dans les salles, tant le niveau d'inspiration court à sa perte et que le budget se fait de plus en plus restreint. L'intention n'y est plus, l'originalité non plus, et les dessins ne sont plus que réalisés par ordinateur. C'est avec le film de Sam Fell et de Chris Butler que l'on assiste à un véritable travail technique, qui ne prend pas les enfants pour des imbéciles. Le long-métrage renvoie - malgré une marge de différence - aux petits bijoux de l'animation d'il y a plus de dix voir vingt ans tels que Chicken run et Wallace et Gromit, tous deux faits entièrement de pâte à modeler. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est l'un des rares rejetons de ces ancêtres. On est loin des productions Pixar, Disney ou Burton, et c'est tant mieux. Le film dévoile une sincérité remarquable, preuve que l'on peut en retrouver dans l'animation autre que Disney/Pixar, les clichés et la morale américaine en moins. Le métrage joue d'ailleurs de façon subtile avec ces clichés, en reprenant certains codes du teen-movie. C'est notamment à travers le personnage de Norman que l'on retrouve le plus de tendresse, un personnage sincère, touchant, bouleversé par la perte de sa grand-mère, et qui semble se libérer l'esprit en regardant des films de zombies. Ici donc - et pour une fois - les films d'horreurs, que l'on accuse trop souvent à tort et à travers de pousser les jeunes à exécuter des actes violents, ne sont pas mis ici à l'écart mais bien en avant. Le film d'épouvante n'est pas le facteur des soucis du jeune garçon mais bien une façon de s'en défaire. L'autre force du film est le grand nombre de références cinématographiques au films de genre, comme celle, peut-être un peu trop présente d'ailleurs, du Sixième sens (De Mr. Night Shyamalan), et de classiques comme Halloween (De John Carpenter), Poltergeist (De Tobe Hooper) et Vendredi 13 (De Sean S. Cunningham). Chose que n'oserait ni assumerait pas Tim Burton, le sois-disant génie du fantastique et de l'épouvante, qui s'acharne plus à livrer des oeuvres rentables que artistiques. Le générique de fin renvoie à ceux des films de monstres des années 30. Il est d'ailleurs nécessaire de rester jusqu'à la fin de celui-ci afin d'assister aux secrets de fabrication des personnages à travers une courte vidéo. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes, chacun s'y retrouvant. Les enfants riront davantage du comique de situation et de geste et les adultes des dialogues et des références. On retrouve dans l'oeuvre de Fell et Butler un super casting pour les voix originales américaines, comme celles de Casey Affleck (The killer inside me, I'm still here) pour le rôle de Mitch, de Christopher Mintz-Plasse (Fright night, Kick-ass) pour le rôle de Alvin et de John Goodman (Red state, Panic sur Florida Beach) pour le rôle de Mr. Prenderghast. Le film à aussi le mérite de nous offrir une musique originale, avec par exemple un morceau de Dizzee Rascal en plein milieu du film sur lequel dansent certains personnages. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est donc une grande réussite, drôle, touchante et effrayante, et techniquement surprenante, à voir en famille, entre amis ou entre amoureux. On aurait cependant apprécié quelques zombies de plus.


Norman et sa très belle lampe de chevet zombie

- Voici un petit making-of très interessant sur la réalisation L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN :



- Voici la chanson "Fix up, look sharp" de Dizzee Rascal qui figure dans le film :

vendredi 3 août 2012

Riff raff

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de RIFF RAFF de Ken Loach (Land and freedom, Sweet sixteen), que l'on pouvait retrouver avec La part des anges, son dernier film sortit récemment et encore disponible dans certaines salles.

N'ayant pu trouver la bande-annonce du film, voici un extrait de la première minute du film, soit du générique :


Titre : Riff raff
Réalisation : Ken Loach
Acteurs : Robert Carlyle, Emer McCourt, Jimmy Coleman, Ricky Tomlinson, George Moss, Peter Mullan...
Année de sortie : 1991
Genre : Drame

Synopsis : Stevie sort de prison. L'énergie joyeuse de ses nouveaux collègues de chantier et sa rencontre avec une candide et fantaisiste chanteuse sans emplois illuminent sa nouvelle vie.

Infos utiles : RIFF RAFF a reçu le Prix de la critique internationale lors du Festival de Cannes 1991 et Meilleur film Prix du Cinéma Européen 1991.

Ma critique : L'expression "riff raff" en anglais est employée par la bourgeoisie pour désigner les "canailles" aux activités jugées douteuses. Ken Loach, comme à son habitude, aborde le thème de personnes en difficulté, qui se battent pour leur survie dans le milieu urbain, ici sous le régime autoritaire de Margaret Thatcher, qui fut Premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990. Le cinéaste met donc en scène avec RIFF RAFF des personnages récurrents de ses films. Cependant, il aborde ce thème avec un certain humour que l'on retrouve tout au long du film. C'est le traitement de la relation entre les personnages et de leur sympathie qui poussent le spectateur à rire de bonne foie avec eux. Mais cela n'empêche pas à Loach de bouleverser le spectateur avec des scènes difficiles et des évènements tragiques qui ne cessent d'abbatre psychologiquement les personnages. C'est sur le chantier que semble se réunir leur joie et leur humanité. Ce film nous prouve donc que l'on peut à la fois rire et pleurer  d'un sujet qui ne prête pas au rire, à condition que maîtrise il y ait. C'est d'ailleurs lorsque l'on a pu rire avec les personnages et que l'on s'est attaché à eux que la chute dramatique est d'autant plus difficile à supporter. Le chantier, qui forme pratiquement une unité de lieu du film, semble animer autant les personnages que le spectateur, jusqu'à sa déchéance. Il représente un être à part entière. On retrouve dans cette oeuvre l'excellent Robert Carlyle (Trainspotting, The full monty), alors jeune, qui marque avec RIFF RAFF le début de sa carrière, qui le mènera jusqu'à Hollywood. Il incarne ici un personnage solitaire, silencieux et observateur, déjà habitué à une vie difficile, dont on ignore le passé. Au fil du film il se montrera beaucoup plus lucide et réaliste que sa petite amie, interprétée par Emer McCourt (Loop, The bargain shop), qui en apparence cherche à montrer de l'assurance mais qui en fait est dépendante des autres. On retouve dans les seconds rôles ceux de travailleurs et amis de chantier de Stevie (Robert Carlyle), de véritbale maçons, tous géniaux. On retrouve également Peter Mullan (Neds, Trainspotting), alors au tout début de sa carrière. Ce qui fait la force de RIFF RAFF est son extrême sincérité et les dialogues servis par des acteurs tant réalistes que l'on semble assister à leur véritable vie. Malheureusement l'image du film sembe s'être déteriorée avec le temps, et semble avoir perdu de sa couleur et de son grain. RIFF RAFF est une véritable leçon de vie mise en scène dans l'Angleterre des années 90, aussi agréable et drôle que bouleversante et dérangeante.

Robert Carlyle (à gauche), sur le chantier

lundi 30 juillet 2012

Le lac des morts vivants

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui du nanar LE LAC DES MORTS VIVANTS, le film culte de Jean Rollin, signé sous le pseudonyme de J.A. Lazer. Célèbre réalisateur de films erotico-horrifiques made in France, dont le sublime La vampire nue de 1969, qui inspira sans conteste Eyes wide shut de Stanley Kubrick, il utilise également les pseudonymes de Michel Gentil et de Robert Xavier pour signer la mise en scène de ses films pornographiques.
Méfiez-vous d'où vous vous baignerez cet été ! Ce qui vous chatouille les pieds peut être une simple algue ou un zombie affamé !

Je n'ai que trouver une bande-annonce en anglais, la voici tout de même :


Titre : Le lac des morts vivants
Réalisation : J.A. Lazer (Jean Rollin)
Acteurs : Howard Vernon, Nadine Pascale, Pierre-Marie Escourrou, Anouchka, Anthony Mayans, Burt Altman, Jean Rollin...
Année de sortie : 1981
Genre : Horreur

Synopsis : Une jeune femme disparaît alors qu'elle se baigne au bord d'un lac, dans lequel, au cours de la Seconde Guerre Mondiale, des soldats nazis furent tués et jetés à l'eau par des partisans. Quelques temps plus tard, ce sont de jeunes basketteuses qui périssent dans d'atroces conditions. Le lac est hanté par les nazis revenus d'entre les morts pour se venger de leur sort...

Infos utiles : LE LAC DES MORTS VIVANTS est considéré par certains comme le pire film du cinéma français. Le film a été interdit au moins de 12 ans en France tandis qu'en Angleterre il fut interdit aux moins de 18 ans et en Allemagne aux moins de 16 ans. Le film a été tourné en deux versions, une version censurée où les filles se baignent habillées et une version non censurée où les filles se baignent nues, afin d'atténuer le niveau de censure dans certains pays. A l'origine, c'est Jesus Franco qui devait réaliser le film.

Ma critique : Le cinéma de Jean Rollin (Le viol du vampire, La morte vivante) est particulier. Il aborde le cinéma de genre avec un certain amateurisme et ne résigne pas sur le sexe, le mettant même en valeur en le mêlant à l'horreur, notamment dans ses films de vampires. On retrouve cependant le thème du zombie avec LE LAC DES MORTS VIVANTS, dont le scénario est signé par l'espagnol Jesus Franco (L'abîme des morts vivants, Les nuits de Dracula) qui connaît bien son sujet. Le film de Rollin, alias Lazer, sert au spectateur une double couche d'horreur, celle de zombies et celle de nazis qui, combinées, font des méchants du film des zombies nazis. Rollin trouve également le moyen de dénuder leurs victimes en les faisant se baigner - nues de préférence - dans un lac verdâtre reculé, de la même couleur que le maquillage des affreuses créatures avides - pas que - de chair fraîche. Effectivement, ceux-ci sont capables d'avoir des sentiments ainsi que de se retourner contre leurs alliés. Tout est donc propice pour effrayer et divertir les spectateurs avides de gore et de femmes légèrement dévêtues. C'est comme cela que commence le film de Rollin. On suit une jeune femme déjà peu habillée marchant seule dans les bois, en direction d'un lac. Après quelques plans de la nature et d'un cigne, la jeune femme, à notre grande stupeur, se déshabille, vu que personne ne risque de la voir, mis à part le spectateur et le cigne ! La jeune femme plonge donc dans l'eau pour y nager en attendant que le metteur en scène donne le top départ au mort vivant caché sous l'eau pour sauter sur la belle créature innocente. Cette première scène annonce donc au spectateur tous les enjeux du film, soit les zombies, le gore et les poitrines exposées de femmes en détresse. La scène qui suit nous offre un aperçu des dialogues psychologiques des personnages, d'ailleurs étrangemment décalés par rapport aux mouvements des lèvres, intrigués par cette disparition hors du commun. C'est à cette occasion que le maire du village, joué par le super Howard Vernon (Délicatessen, Les prédateurs de la nuit) raconte ses - très longs - souvenirs de guerre à une journaliste. Survient alors un flash-back permettant de mieux plonger le spectateur dans son histoire, et de pouvoir visualiser les infinissables ébats amoureux - dont il serait évidemment idiot de na pas en profiter - entre un soldat allemand et une pauvre fermière innocente, bordés d'une musique languissante, dont même les protagonnistes semblent s'ennuyer. Mais ce sont au moins des rires garantis que nous offre ce bon Rollin. Mais n'oublions pas le propos sérieux du film, que le maire semblait lui aussi oublié. Il revient au déroulement de son histoire pour nous évoquer ses souvenirs de la Seconde Guerre Mondiale, plus particulièrement lorsqu'il jeta une poignée de nazis dans un lac qui nous est pas inconnu. Malgré l'aspect propret des costumes et des véhicules, la reconstitution s'avère respectable voire réaliste, dans une campagne française qu'il est bon et rare de voir dans les films d'épouvantes français de ces années là, notamment tournés avec une image qui frôle l'amateurisme, ce qui rend d'autant plus réaliste les décors naturels. Après avoir expliquer explicitement et visuellement l'histoire, Jean Rollin peut mettre place à l'action, et faire sortir les zombies du lac, dont la raison de la date de leur séjour sur terre reste et restera inconnue. Suivent alors et encore de nombreuses baignades de jeunes filles évidemment nues, filmées sous l'eau, par soucis de style - mon oeil ! - qui offrent justement aux yeux un spectacle plutôt satisfaisant, les zombies s'aggripant aux jambes de celles-ci, qui rappelle sans conteste le brillant L'enfer des zombies de Lucio Fulci. Les zombies sortent alors de l'eau, menés par une personne qui nous est pas inconnu, Jean Rollin himself ! Après avoir sauté sur quelques occasions de nous montrer d'autres créatures nues - un bon paquet au final ! - et nous avoir livré une scène sentimentale entre un zombie romantique et une jeune fille, Rollin achève son oeuvre avec une fin savamment expédiée, comme savent le faire comme il se doit les réalisateurs de cinéma bis. La fin est malgré tout réussie. LE LAC DES MORTS VIVANTS est sans conteste l'une des plus grandes séries B de l'histoire du cinéma, qui brille par son manque de maîtrise, en multipliant par exemple moulte bourdes, comme une caméra qui tangue, un mort - un vrai mort - qui bouge encore, le maquillage qui se détache, des hublots dans le lac ou encore une figurante qui rigole en arrière-plan alors que la scène ne se prête pas - du moins involontairement - au registre comique. Mais c'est tout ce qui fait le charme d'une série B, ici du LAC DES MORTS VIVANTS, dont on n'est pas prêt d'oublier ces zombies verts - en opposition aux zombies bleus de Zombie de George Romero, ce lac, ces femmes nues, cette campagne française et ce style si unique et cher à Jean Rollin.

Les zombies, pas contents, sortent de l'eau,
menés par Pierre-Marie Escourrou

Une femme en détresse, qui semble ne pas voir d'où le danger vient





Voici la très belle affiche du film :


lundi 23 juillet 2012

The incident

Bonjour tout le monde ! Je vous apporte - en plus du soleil - une surprise de l'été, le film THE INCIDENT, réalisé en 2011 par Alexandre Courtès et sortit le 4 juillet en direct to DVD.


Titre : The incident
Réalisation : Alexandre Courtès
Acteurs : Rupert Evans, Anna Skellern, Dave Legeno, Richard Brake, Kenny Doughty, Marcus Garvey, Eric Godon, Darren Kent...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : Trois musiciens rêvent de connaître la gloire grâce à leur groupe de rock. Pour survivre, ils travaillent comme cuisiniers dans un asile psychiatrique où les patients sont extrêmement dangereux. Un soir, le système de sécurité tombe en panne à cause d'une grande tempête. Les patients profitent de l'occasion pour fuir leurs cellules et les trois cuisiniers se retrouvent alors face à un danger de mort...

Infos utiles : THE INCIDENT a été tourné dans les villes de Bruxelles et de Los Angeles. Son budget était de 500 000 $.

Ma critique : THE INCIDENT est un huit-clos terrifiant orchestré de main de maître par le français Alexandre Courtès, qui était aux commandes de l'un des sketches du film collectif Les infidèles. Le film est cependant tourné en anglais aux Etats-Unis et en Belgique. Le long-métrage n'est pas seulement horrifique, il explore également le thriller, l'épouvante et une légère touche indirecte de fantastique. THE INCIDENT commence simplement mais avec énergie, après un court générique et l’apparition du titre menés par une forte musique, et qui amènent le spectateur directement au sein du film, sans scène d'introduction. On suivra par la suite le déroulement des actions pratiquement en temps et en heure, et dans une quasi unité de lieu. Dès les premières minutes le spectateur s'adapte à celui-ci, soit un asile psychiatrique dans lequel le personnage principal travaille afin de payer les répétitions de son groupe de musique. Les rares scènes tournées à l'extérieur, notamment chez lui et dans le studio d'enregistrement forment des sortes de courtes bulles auxquelles le spectateur ne peut prendre le temps de s'y attacher, retournant avec le héros dans ce lieu redouté jusqu'à s'y retrouvé enfermé. La mise en scène classique et l'atmosphère fantomatique du film de Courtès rappelle sans conteste celles de John Carpenter, avec cependant le rythme en plus. Le metteur en scène utilise avec brio le plan fixe, qui donne au film une sensation de géométrie. Les couleurs froides mêlées à la reconstitution réaliste de la fin des années 80 offrent un véritable plaisir visuel remarquable au spectateur. THE INCIDENT cache l'horreur derrière son aspect de thriller, qui occupe la première partie du film. L'épouvante se fait ressentir dans la suite avec un tourbillon dantesque de scènes gores. L'oeuvre de Courtès est aussi une sorte d'exploration ou de renouvellement du genre, par exemple à travers des scènes qui évoque la déambulation de morts-vivants. Le spectateur sait que tout est possible face à ces fous sans conscience et sans raison, ce qui se mêle parfaitement au thème de l'épouvante, à travers un scénario original finalement peu exploré au cinéma. THE INCIDENT présente également par ce fait la dure réalité de travailler dans ces lieux. Le film démontre qu'à l'aube déjà des années 90 la technologie high-tech prend le dessus et que l'Homme doit s'y tenir, jusqu'au jour où celle-ci est défectueuse. On retrouve dans cet univers terrifiant un casting presque inconnu, ce qui dépayse le film, composé du jeune et très doué Rupert Evans (Hellboy, Agora), Dave Legeno (Centurion, Harry Potter), efficace, et le terrifiant Richard Brake (Hannibal Lecter : les origines du mal, Detention), qui parvient à terrifier dans le rôle dénué de paroles d'un fou. Lorsque la fin du film approche, on redoute une fin avec un retournement de situation, procédé beaucoup trop -mal - utilisé par la plupart des réalisateurs actuels. Heureusement Courtès ne tombe pas dans cette facilité et nous livre une magnifique fin, certes simpliste, mais jouissive, et qui donne une conclusion des atrocités vécues par le personnage, à l'instar de celle d'Orange mécanique (De Stanley Kubrick). Ce que l'on pourrait reprocher au film est la - trop - forte présence de musique, quasi-omniprésente tout au long du film, qui mériterait certaines scènes silencieuses. THE INCIDENT est une nouvelle preuve que l'originalité n'est pas morte, et que les réalisateurs français sont capables de beaucoup de choses dans le cinéma de genre, notamment tourné à l'étranger. Le film de Courtès aurait largement mérité une sortie en salles.

Rupert Evans (à gauche) et Marcus Garvey (à droite)

Richard Brake


Voici la très belle affiche originale de THE INCIDENT :



ALEXANDRE COURTES ET LES CLIPS

Avant de réaliser des films, Alexandre Courtès a réalisé un grand nombre de clips pour Kasabian, The white stripes, U2 ou encore Justice. Retrouvez les en cliquant ICI.

Les clips de Courtès ont souvent recours à des effets spéciaux, notamment dans ceux de "Seven nation army" de The white stripes et "On'n'on" de Justice, avec une mise en abîme, ou encore pour "Shoot the runner" de Kasabian où l'image a été recolorée. La qualité de l'image est remarquable et se fait surtout ressentir dans le clip de Justice et dans celui pour Sebastien Tellier, "Cochon ville", plutôt osé.
Voici quelques-uns de ses clips :

- "On'n'on" du groupe français Justice :


- "Shoot the runner" du groupe anglais Kasabian :



lundi 9 juillet 2012

Carcéral : Dans l'enfer de la taule

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Je vais de nouveau vous parler d'un film britannique, CARCÉRAL : DANS L'ENFER DE LA TAULE, le troisième film de Reg Traviss (Psychosis, Joy division), réalisé en 2011 et sortit le 3 juillet 2012 en DVD.


Titre : Carcéral : Dans l'enfer de la taule
Réalisation : Reg Traviss
Acteurs : James d'Arcy, Noel Clarke, Frank Harper, Kate Magowan, Jamie Foreman, Doug Allen, Ray Panthaki, Andrew Shim, David Hayman, Joseph Gilgun...
Année de sortie : 2012
Genre : Drame

Synopsis : L'histoire tourne autour d'un ancien soldat, Sam Norwood, qui prend un travail comme gardien de prison au coeur de l'une des prisons les plus sauvages d'Angleterre, après son retour de la guerre en Irak. Corruption, violence et traffic de drogue seront son quotidien.

Infos utiles : Le film s'inspire du roman autobiographique de Ronnie Thompson, qui a été pendant plusieurs années gardien de prison dans certains pénitenciers les plus dangereux d'Angleterre. Il a écrit le scénario de CARCÉRAL : DANS L'ENFER DE LA TAULE aux côtés de Colin Butts.

Ma critique : CARCÉRAL : DANS L'ENFER DE LA TAULE est sortit en Direct to DVD en France et passe presque inaperçu, ce qui est bien dommage, car si l'on fouille bien, on trouve souvent de pures merveilles dans les films inédits. C'est en étant séduit par l'affiche et le casting que je me suis intéressé à ce film. Tiré d'une histoire vraie, il se place judicieusement du côté des gardiens de prisons et non de celui des prisonniers, à l'inverse des nombreux films mettant en scène une prison, comme Dog Pound (De Kim Chapiron) ou encore Midnight Express (De Alan Parker), dont on en ressens parfois l'atmosphère sinistre. Le film a aussi comme atout de se dérouler dans une prison anglaise et non dans une prison américaine, ce qui permet d'ajouter une touche d'originalité au long-métrage. CARCÉRAL suit donc un vétéran traumatisé par la guerre en Irak qui, afin de garder sa pension alimentaire, prend le premier job qui puisse le satisfaire financièrement, soit gardien de prison, un choix qui lui sera fatal, l'enfonçant davantage dans un milieux où règne la violence. C'est alors en se droguant, en fréquentant les clubs et en s'adonnant à la violence qu'il parviendra à s'échapper de cet univers, ce qui ne peut qu’accélérer sa descente aux enfers. Le film décrit parfaitement l'univers brutal de la prison et la dégradation physique et mentale d'un être humain, sans toute fois excéder dans la violence, à travers un rythme assez linéaire, dénué d'effets de mise en scène ou de musiques mélodramatiques, ce qui est vraiment dépaysant. Cependant le film de Traviss manque d'une certaine profondeur et ne semble finalement pas dénoncer grand chose, dans un discours objectif. Mais cela est aussi un avantage étant donné qu'il ne fait qu'accentuer l'aspect dépaysant du film et lui permet de se détacher de toute morale futile. Reg Traviss réussi parfaitement à détacher peu à peu, au fil du film, l'univers de la prison de la vie sociale du personnage, en l'isolant - au sens propre comme au sens figuré - progressivement dans un monde froid, révélé par la dominante de bleu d'une image appréciable et parfaitement maîtrisée. Ce qui fait la force de ce film est aussi son riche casting, composé de certains des meilleurs acteurs britanniques, comme James d'Arcy (W.E., Rise) dans le rôle principal, excellent, Noel Clarke (Doghouse, Centurion), qui prouve qu'il est aussi doué pour jouer le criminel que pour jouer la comédie, les très bons Frank Harper (Arnaques, crimes et botanique) et Jamie Foreman (Oliver Twist), de nouveau regroupés après The football factory (De Nick Love), la belle Kate Magowan (A lonely place to die, Frankie Wilde), l'excellent Andrew Shim (This is England), qui retrouve indirectement Joseph Gilgun (Misfits), après la série télévisée This is England '86 (De Shane Meadows). CARCÉRAL : DANS L'ENFER DE LA TAULE est donc un petit film sans prétention, aussi divertissant qu'émouvant, certes par parfait mais qui mérite tout de même d'être davantage reconnu.

James d'Arcy

Frank Harper (à gauche) et James d'Arcy (à droite)

Voici l'affiche française du film, plutôt réussie :



The football factory

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de THE FOOTBALL FACTORY, un film britannique sur le hooliganisme réalisé par Nick Love (Outlaw, The business).


Titre : The football factory
Réalisation : Nick Love
Acteurs : Danny Dyer, Frank Harper, Tamer Hassan, Roland Manookian, Neil Maskell, Dudley Sutton, Jamie Foreman...
Année de sortie : 2004
Genre : Drame

Synopsis : Pour Tommy, la vraie vie commence le vendredi soir. Ce jeune homme désœuvré peut alors se consacrer aux trois grandes passions de son existence : le sexe facile, les bières et, plus que tout, l'adoration de son club de foot favori, Chelsea. Avec ses potes, il en est l'un des plus ardents supporters, toujours prêt à affronter ceux qui ne portent pas ses couleurs. Et justement, dans quelques jours, Chelsea va se mesurer à l'ennemi de toujours, Millwall...

Infos utiles : THE FOOTBALL FACTORY est adapté du roman éponyme de John King, publié en 1999. C'est le premier tome d'une trilogie.

Ma critique : THE FOOTBALL FACTORY fait partie de ces films britanniques comme on les aime, à l'énergie fulgurante, avec un enchaînement de plans aussi successif que l'action, qui offrent aux spectateurs un moment de dépaysement et d'humour total, dans la lignée de Trainspotting, Snatch ou encore Intermission. Ce n'est donc pas par hasard si le magazine Empire cite le film de Danny Boyle, ainsi que Fight Club, pour l'histoire et l'énergie du long-métrage. C'est probablement cet engouement pour ces films que THE FOOTBALL FACTORY perd de son originalité, Nick Love (Outlaw, The firm) n'allant pas aux bouts de ses idées, ce qui se fait ressentir à l'écran par un certain manque de maîtrise de la part du réalisateur. Mais ce n'est pas pour autant que le rythme n'y est pas, le film mettant toutes les chances de son côté avec des musiques signées Primal Scream, The streets ou encore David Guetta et un casting d'enfer. On retrouve donc le génial Danny Dyer (Severance, Doghouse), acteur fidèle de Nick Love depuis ce film, à l'accent cockney agréablement très prononcé, le terrifiant Frank Harper (Arnaques, crimes et botanique, This is England), Tamer Hassam (Layer cake, Détour mortel 3), Neil Maskell (Kill list, Doghouse) et Jamie Foreman (Layer Cake, Carcéral : Dans l'enfer de la taule), très drôle. THE FOOTBALL FACTORY plonge le spectateur non pas dans l'univers du football, mais plutôt dans l'envers de ce décor, celui des hooligans. Le film démarre, après un générique constitué d'images d'archives intéressantes de manifestations d'hooligans, avec une scène d'ouverture puissante qui met en scène l'une de ces manifestations, avant de nous présenter les personnages. Le film de Nick Love est un moment énergisant, avec un savant mélange d'action et d'humour, sans oublié de laisser place à des moments de suspens, qui dévoilent la dure réalité de ces milieux violents et de ces personnes prêtent à donner corps et âme pour le football, ici pour l'équipe de Chelsea. A la manière de Trainspotting (De Danny Boyle), Nick Love exploite les méfaits des activités du personnage principal à travers des hallucinations qui le mènent vers la dépression et l'isolement par rapport à ses proches. On aurait pu s'en passer, mais Love se rattrape en retournant la situation et en évitant une fin insipide, après une incroyable et puissante scène qui permet d'achever le film, comme la scène d'ouverture. THE FOOTBALL FACTORY est une réussite britannique, mais aurait pu cependant briller d'avantage avec plus de style et d'originalité. Hasard ou pas, un autre film se penchera sur le sujet du hooliganisme avec Hooligans (De Lexi Alexander), un an plus tard après le film de Nick Love.

Danny Dyer (à droite) en pleine action


DANNY DYER DANS UN CLIP

Danny Dyer a joué dans le clip de la chanson "Two lovers" du groupe anglais The Twang :


Et voici le making-of de ce clip :