Le maître incontesté de l'horreur Alexandre Aja (La Colline a des yeux, Piranha 3D) revient avec HORNS, un film adapté du roman homonyme de Joe Hill, qui n'est autre que le fils de Stephen King.
Titre : Horns Titre original : Horns Réalisation : Alexandre Aja Scénario : Keith Bunin Acteurs : Daniel Radcliffe, Juno Temple, Max Minghella, Joe Anderson, Kelli Garner, James Remar, Kathleen Quinlan, Heather Graham, David Morse... Sortie en salles : 1 octobre 2014 Genre : Fantastique
Synopsis : Ig Perrish, accusé du viol et du meurtre de sa petite amie, utilise des capacités paranormales nouvellement découvertes, dans sa quête pour trouver le véritable meurtrier.
Ma critique : Toute la filmographie d'Alexandre Aja est basée sur l'adaptation. Après les remakes La Colline a des yeux (2006), Mirrors (2008) et Maniac (2013) - pour ce dernier Alexandre Aja n'est que scénariste et producteur - et l'hommage à Piranha de Joe Dante avec Piranha 3D (2010), le français d'Hollywood s'attelle cette fois-ci à un roman, Horns (Cornes pour l'édition française), écrit par Joe Hill. Malgré un très bon premier chapitre, le livre de King junior souffre d'une structure bancale, sans parler des maladresses de l'auteur, qui ne cesse d'exprimer ses goûts personnels au travers de son personnage. L'histoire de Hill déjoue l'horizon d'attente du lecteur, mais pas dans le bon sens.
Daniel Radcliffe et sa fourche
Alexandre Aja propose une adaptation fidèle du livre, et emprunte donc cette même voie avec HORNS. Le point de départ est pourtant simple : un beau matin, Ig Perrish se réveille et constate que des cornes lui ont poussées sur le crâne, ce qui va lui permettre d'entendre toutes les mauvaises pensées des gens dont il croisera le chemin. En prenant connaissance de l'histoire, le spectateur peut donc s'attendre à une succession de scènes toutes plus caucasses les unes que les autres. Mais c'est là que son horizon d'attente, une attente dont il jubile d'avance, tombe à plat. Aja, qui suit le modèle de Hill, fait donc passer cette histoire de diablotin au second plan, au profit d'une histoire d'amour au premier plan. Ce déséquilibre est frustrant pour le spectateur, surtout s'il est familier à la générosité horrifique des films du réalisateur. Sans doute que si Alexandre Aja avait eu l'idée par soi-même, sans que l'oeuvre de Joe Hill n'existe, le film aurait été meilleur. On regrette donc le manque d'audace d'une oeuvre qui part d'un si bon pied.
Daniel Radcliffe et Juno Temple
Néanmoins, Alexandre Aja améliore sans conteste le travail de l'oeuvre de Joe Hill, de par l'image ultra colorée du film et de ses effusions graphiques fascinantes. S'il ne se permet pas de retoucher une histoire bancale, Aja s'éclate sur l'image. Le rouge, le jaune et le marron s'y mêlent à merveille, les serpents se mêlent aux feu. Aja parvient à créer tout un univers dantesque en jouant avec les éléments naturels : l'eau, avec une scène de noyade en apnée, le feu, lors d'une scène de crémation, et la terre, à laquelle va être confronté corporellement Terry, le frère du héros, dans une superbe déflagration visuelle. Alexandre Aja mélange aussi les tons. D'un côté, le film s'apparente à une bluette sage et juvénile, et de l'autre le long-métrage fait preuve de cruauté et d'humour noir. Plein de sagacité, HORNS renoue avec le film pour "jeunes adultes", dans lesquels horreur et sexe se cachent derrière une atmosphère juvénile, comme l'avaient fait Steven Spielberg avec E.T. L'extraterrestre et Joe Dante avec Gremlins. Ici, derrière l'histoire d'amour, se cachent les vices humains. Même si on aurait aimé que ce soit l'inverse, Aja ne s'en sort pas trop mal.
Cette image témoigne du jeu avec les couleurs de Alexandre Aja
et de son directeur de la photographie Frederick Elmes
Il est inutile de palabrer sur une "renaissance" ou sur un "après Harry Potter" à propos de Daniel Radcliffe. Il évolue, tout simplement - ce que ne fait pas vraiment un certain Robert Pattinson par exemple, qui peine à se réinventer. Radcliffe, lui, a trouvé sa voie : le cinéma fantastique, un genre qui lui sied à merveille. Après l'excellent La Dame en noir, l'acteur anglais - de cinéma comme de théâtre - se laisse pousser la barbe pour interpréter un adulte encore trop jeune, obnubilé par son amour d'enfance. Certains lui reprocheront une certaine absence dans sa façon de réagir aux situations, mais c'est tout bonnement l'effet des cornes ! Comme si à l'acteur il avait poussé des cornes. Daniel Radcliffe est un acteur d'une classe et d'une assurance qui font mouche. Sa dulcinée est interprétée par Juno Temple, une habituée des rôles atypiques, de Killer Joe à Magic magic en passant par Kaboom, à croire qu'il s'agit de sa nature, ce qui est assez perturbant.
HORNS s'achève par une séquence qu'on adorera considérer comme cheap et too much. Comme si Alexandre Aja se retenait du plaisir coupable de donner forme à sa créature, et se lâchait à la fin de son film, donnant du what the fuck ? au spectateur trop borné à une intrigue convenue et proprette. Comme si Alexandre Aja n'avait pas dit son dernier mot. On imagine alors une suite, qui serait entièrement imaginée par Aja. Une fois le deuil accompli, assisterions-nous à un déluge dantesque produit par la confrontation entre le diable et les humains ? Attendons plutôt le prochain film d'Aja.
En tout cas, HORNS est un film fantastique old school qui renouvelle avec brio la filmographie du maître Aja, et qui malgré un scénario laborieux et paradoxalement prévisible, est un pur plaisir coupable comme on en voit rarement.
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