mercredi 25 juin 2014

The Battery

Après avoir oeuvré dans le scénario, le jeune Jeremy Gardner réalise son premier film, THE BATTERY, tourné en deux semaines avec un budget de 6000 dollars, une oeuvre à découvrir à tout prix. Le film sortira en DVD le 5 août 2014.


Titre : The Battery
Titre original : The Battery
Réalisation : Jeremy Gardner
Scénario : Jeremy Gardner
Acteurs : Jeremy Gardner, Adam Cronheim, Niels Bolle, Alana O'Brien...
Sortie en DVD (pas de sortie dans les salles françaises) : 5 août 2014
Genre : Horreur

Synopsis : Ben et Mickey, deux anciens joueurs de baseball, tentent de se frayer un chemin à travers une nouvelle-Angleterre dévastée et infestée de zombies. Leur unique but : rester éloigner des villes envahies par les morts-vivants. Pour survivre, ils devront apprendre à cohabiter et faire abstraction de leurs caractères totalement différents. Jusqu'au jour où ils interceptent le signal radio d'un autre groupe de survivants...

Ma critique : En ces temps qui courent, force est de constater que la thématique du zombie - voire le genre de l'horreur plus largement avec des réalisateurs comme Adam Wingard (V/H/S/2, You're next) - est mieux servie du côté des films indépendants. Alors que le zombie est le produit de blockbusters de plus de 200 millions de dollars d'un côté, avec des films comme World War Z (de Marc Forster), dans lequel il est représenté comme un infecté sprintant et sans l'ombre d'une goutte de sang, sa forme traditionnelle - soit le zombie romerien - continue d'être respectée du côté du cinéma indépendant. Un nouveau petit génie a vu le jour : Jeremy Gardner.


Réalisateur, scénariste, producteur et acteur, il propose un film de zombies naturaliste, filmant les paysages tel un Terrence Malik, en moins soporifique. Si il situe l'action dans la nature, ce qui permet aussi de limiter les frais, c'est aussi la nature humaine qu'il creuse de fond en comble. Si vous espérez voir des hordes de zombies se faisant démembrer, passez votre chemin. Les zombies se comptent sur les doigts de la main. Alors que le film semble être une énième histoire de zombies qui mise tout sur la psychologie des personnages au sein d'un milieu rural, à défaut d'un budget suffisant, comme c'est le cas de films tels que Dead season (d'Adam Deyoe), Survival of the dead (de George Romero) ou encore Exit humanity (de John Geddes), THE BATTERY s'affranchit de tout excès mélodramatique et de tout bon sentiment. Et plus que ça, il va au devant de sentiers encore inexplorés dans le cinéma de zombies. Non pas qu'il transgresse le genre, mais il apporte de nouvelles idées, de nouveaux points de vues. 

On suit les pérégrinations de deux amis, anciens joueurs de baseball qui usent encore de leur technique pour bouter du zombie, et nous assistons surtout à la confrontation et à l'harmonisation de deux êtres aux caractères très différents dans un monde non seulement dépourvu de vivants, mais peuplé de morts-vivants. Alors que l'un, Ben, répond au survivant type du film de zombies, à savoir celui qui pêche, chasse, tue chaque zombie qu'il croise, établit des règles telle que ne jamais rester sur place plus d'une journée, l'autre, Mickey, s'évade à travers la musique émise par son casque audio dont le spectateur profite, rechargeant son walkman avec des piles, soit une batterie qui diminue peu à peu, comme l'espérance de vie de ces personnages. Que faire quand il n'y a plus de piles sur Terre ? Quand on ne peut plus recharger la batterie ? C'est la fin. Mickey, lui, refoule l'acte de tuer un mort-vivant. C'est comme une phobie chez lui. La question d'accepter de tuer ces goules, d'accomplir un tel acte, n'avait jamais encore été évoquée dans un film de zombies. Mickey est aussi un romantique, un sentimental, à la recherche d'une (sur)vie stable dans un foyer, auprès d'une femme si possible. Dans la première heure du film, Jeremy Gardner explore des sensations, des comportements humains. On assiste aussi à la masturbation sur zombies, dans un monde où les relations humaines et sexuelles n'existent plus, et où les proches perdus hante le souvenir des vivants.

Jeremy Gardner (à gauche)
et Adam Cronheim (à droite)

THE BATTERY est aussi le premier film de zombies à proposer une séquence de trente minutes en huis-clos à l'intérieur d'une voiture. Le spectateur est alors plongé dans la solitude d'un monde éteint. Durant cette séquence, il est amené, comme les personnages, à faire un état des lieux de la situation, non sans ironie de la part de Gardner, notamment lorsque les personnages reconnaissent qu'ils ont affaire à des "Zombies". Cerise sur le gâteau, le film s'achève avec un plan séquence qui prend aux tripes, angoissant et infernal, qui montre que le temps semble long lorsqu'on se retrouve seul dans un monde pareil. Le film de Jeremy Gardner est une oeuvre sur les sensations, qui décrit celles des personnages et qui en fait vivre au spectateur. Même si les deux comédiens semblent parfois manquer de conviction au début du long-métrage, il se révèlent excellents et indissociables l'un de l'autre, aussi contradictoires que complémentaires. Le film est rythmé par une musique quasi omniprésente, judicieusement choisie, qui peut parfois faire passer le film pour un clip, mais qui prendra tout son sens au bout de dix minutes. Après tout, le film ne s'appelle pas THE BATTERY pour rien, et donne à voir au spectateur l'apport de la musique dans un monde ravagé, seul vestige d'un passé, seul moyen d'entendre ses voix.

On prend un plaisir fou à suivre ces personnages, leurs occupations et leurs discussions vaines mais passionnantes. Chaque réplique fait mouche et apporte une réflexion approfondie sur le sujet. THE BATTERY fait partie de ce qui a été fait de mieux en matière de zombies depuis de nombreuses années. C'est un film dépaysant, autant sur le plan géographique que sur le plan psychologique. C'est un vrai régal pour tout fan de zombies à la recherche d'originalité, qui a l'audace d'avoir parfois recours à un humour noir plus que bienvenu.

Jeremy Gardner (à gauche) et son équipe

Et retrouvez la bande originale complète de THE BATTERY :



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