lundi 30 juillet 2012

Le lac des morts vivants

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui du nanar LE LAC DES MORTS VIVANTS, le film culte de Jean Rollin, signé sous le pseudonyme de J.A. Lazer. Célèbre réalisateur de films erotico-horrifiques made in France, dont le sublime La vampire nue de 1969, qui inspira sans conteste Eyes wide shut de Stanley Kubrick, il utilise également les pseudonymes de Michel Gentil et de Robert Xavier pour signer la mise en scène de ses films pornographiques.
Méfiez-vous d'où vous vous baignerez cet été ! Ce qui vous chatouille les pieds peut être une simple algue ou un zombie affamé !

Je n'ai que trouver une bande-annonce en anglais, la voici tout de même :


Titre : Le lac des morts vivants
Réalisation : J.A. Lazer (Jean Rollin)
Acteurs : Howard Vernon, Nadine Pascale, Pierre-Marie Escourrou, Anouchka, Anthony Mayans, Burt Altman, Jean Rollin...
Année de sortie : 1981
Genre : Horreur

Synopsis : Une jeune femme disparaît alors qu'elle se baigne au bord d'un lac, dans lequel, au cours de la Seconde Guerre Mondiale, des soldats nazis furent tués et jetés à l'eau par des partisans. Quelques temps plus tard, ce sont de jeunes basketteuses qui périssent dans d'atroces conditions. Le lac est hanté par les nazis revenus d'entre les morts pour se venger de leur sort...

Infos utiles : LE LAC DES MORTS VIVANTS est considéré par certains comme le pire film du cinéma français. Le film a été interdit au moins de 12 ans en France tandis qu'en Angleterre il fut interdit aux moins de 18 ans et en Allemagne aux moins de 16 ans. Le film a été tourné en deux versions, une version censurée où les filles se baignent habillées et une version non censurée où les filles se baignent nues, afin d'atténuer le niveau de censure dans certains pays. A l'origine, c'est Jesus Franco qui devait réaliser le film.

Ma critique : Le cinéma de Jean Rollin (Le viol du vampire, La morte vivante) est particulier. Il aborde le cinéma de genre avec un certain amateurisme et ne résigne pas sur le sexe, le mettant même en valeur en le mêlant à l'horreur, notamment dans ses films de vampires. On retrouve cependant le thème du zombie avec LE LAC DES MORTS VIVANTS, dont le scénario est signé par l'espagnol Jesus Franco (L'abîme des morts vivants, Les nuits de Dracula) qui connaît bien son sujet. Le film de Rollin, alias Lazer, sert au spectateur une double couche d'horreur, celle de zombies et celle de nazis qui, combinées, font des méchants du film des zombies nazis. Rollin trouve également le moyen de dénuder leurs victimes en les faisant se baigner - nues de préférence - dans un lac verdâtre reculé, de la même couleur que le maquillage des affreuses créatures avides - pas que - de chair fraîche. Effectivement, ceux-ci sont capables d'avoir des sentiments ainsi que de se retourner contre leurs alliés. Tout est donc propice pour effrayer et divertir les spectateurs avides de gore et de femmes légèrement dévêtues. C'est comme cela que commence le film de Rollin. On suit une jeune femme déjà peu habillée marchant seule dans les bois, en direction d'un lac. Après quelques plans de la nature et d'un cigne, la jeune femme, à notre grande stupeur, se déshabille, vu que personne ne risque de la voir, mis à part le spectateur et le cigne ! La jeune femme plonge donc dans l'eau pour y nager en attendant que le metteur en scène donne le top départ au mort vivant caché sous l'eau pour sauter sur la belle créature innocente. Cette première scène annonce donc au spectateur tous les enjeux du film, soit les zombies, le gore et les poitrines exposées de femmes en détresse. La scène qui suit nous offre un aperçu des dialogues psychologiques des personnages, d'ailleurs étrangemment décalés par rapport aux mouvements des lèvres, intrigués par cette disparition hors du commun. C'est à cette occasion que le maire du village, joué par le super Howard Vernon (Délicatessen, Les prédateurs de la nuit) raconte ses - très longs - souvenirs de guerre à une journaliste. Survient alors un flash-back permettant de mieux plonger le spectateur dans son histoire, et de pouvoir visualiser les infinissables ébats amoureux - dont il serait évidemment idiot de na pas en profiter - entre un soldat allemand et une pauvre fermière innocente, bordés d'une musique languissante, dont même les protagonnistes semblent s'ennuyer. Mais ce sont au moins des rires garantis que nous offre ce bon Rollin. Mais n'oublions pas le propos sérieux du film, que le maire semblait lui aussi oublié. Il revient au déroulement de son histoire pour nous évoquer ses souvenirs de la Seconde Guerre Mondiale, plus particulièrement lorsqu'il jeta une poignée de nazis dans un lac qui nous est pas inconnu. Malgré l'aspect propret des costumes et des véhicules, la reconstitution s'avère respectable voire réaliste, dans une campagne française qu'il est bon et rare de voir dans les films d'épouvantes français de ces années là, notamment tournés avec une image qui frôle l'amateurisme, ce qui rend d'autant plus réaliste les décors naturels. Après avoir expliquer explicitement et visuellement l'histoire, Jean Rollin peut mettre place à l'action, et faire sortir les zombies du lac, dont la raison de la date de leur séjour sur terre reste et restera inconnue. Suivent alors et encore de nombreuses baignades de jeunes filles évidemment nues, filmées sous l'eau, par soucis de style - mon oeil ! - qui offrent justement aux yeux un spectacle plutôt satisfaisant, les zombies s'aggripant aux jambes de celles-ci, qui rappelle sans conteste le brillant L'enfer des zombies de Lucio Fulci. Les zombies sortent alors de l'eau, menés par une personne qui nous est pas inconnu, Jean Rollin himself ! Après avoir sauté sur quelques occasions de nous montrer d'autres créatures nues - un bon paquet au final ! - et nous avoir livré une scène sentimentale entre un zombie romantique et une jeune fille, Rollin achève son oeuvre avec une fin savamment expédiée, comme savent le faire comme il se doit les réalisateurs de cinéma bis. La fin est malgré tout réussie. LE LAC DES MORTS VIVANTS est sans conteste l'une des plus grandes séries B de l'histoire du cinéma, qui brille par son manque de maîtrise, en multipliant par exemple moulte bourdes, comme une caméra qui tangue, un mort - un vrai mort - qui bouge encore, le maquillage qui se détache, des hublots dans le lac ou encore une figurante qui rigole en arrière-plan alors que la scène ne se prête pas - du moins involontairement - au registre comique. Mais c'est tout ce qui fait le charme d'une série B, ici du LAC DES MORTS VIVANTS, dont on n'est pas prêt d'oublier ces zombies verts - en opposition aux zombies bleus de Zombie de George Romero, ce lac, ces femmes nues, cette campagne française et ce style si unique et cher à Jean Rollin.

Les zombies, pas contents, sortent de l'eau,
menés par Pierre-Marie Escourrou

Une femme en détresse, qui semble ne pas voir d'où le danger vient





Voici la très belle affiche du film :


lundi 23 juillet 2012

The incident

Bonjour tout le monde ! Je vous apporte - en plus du soleil - une surprise de l'été, le film THE INCIDENT, réalisé en 2011 par Alexandre Courtès et sortit le 4 juillet en direct to DVD.


Titre : The incident
Réalisation : Alexandre Courtès
Acteurs : Rupert Evans, Anna Skellern, Dave Legeno, Richard Brake, Kenny Doughty, Marcus Garvey, Eric Godon, Darren Kent...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : Trois musiciens rêvent de connaître la gloire grâce à leur groupe de rock. Pour survivre, ils travaillent comme cuisiniers dans un asile psychiatrique où les patients sont extrêmement dangereux. Un soir, le système de sécurité tombe en panne à cause d'une grande tempête. Les patients profitent de l'occasion pour fuir leurs cellules et les trois cuisiniers se retrouvent alors face à un danger de mort...

Infos utiles : THE INCIDENT a été tourné dans les villes de Bruxelles et de Los Angeles. Son budget était de 500 000 $.

Ma critique : THE INCIDENT est un huit-clos terrifiant orchestré de main de maître par le français Alexandre Courtès, qui était aux commandes de l'un des sketches du film collectif Les infidèles. Le film est cependant tourné en anglais aux Etats-Unis et en Belgique. Le long-métrage n'est pas seulement horrifique, il explore également le thriller, l'épouvante et une légère touche indirecte de fantastique. THE INCIDENT commence simplement mais avec énergie, après un court générique et l’apparition du titre menés par une forte musique, et qui amènent le spectateur directement au sein du film, sans scène d'introduction. On suivra par la suite le déroulement des actions pratiquement en temps et en heure, et dans une quasi unité de lieu. Dès les premières minutes le spectateur s'adapte à celui-ci, soit un asile psychiatrique dans lequel le personnage principal travaille afin de payer les répétitions de son groupe de musique. Les rares scènes tournées à l'extérieur, notamment chez lui et dans le studio d'enregistrement forment des sortes de courtes bulles auxquelles le spectateur ne peut prendre le temps de s'y attacher, retournant avec le héros dans ce lieu redouté jusqu'à s'y retrouvé enfermé. La mise en scène classique et l'atmosphère fantomatique du film de Courtès rappelle sans conteste celles de John Carpenter, avec cependant le rythme en plus. Le metteur en scène utilise avec brio le plan fixe, qui donne au film une sensation de géométrie. Les couleurs froides mêlées à la reconstitution réaliste de la fin des années 80 offrent un véritable plaisir visuel remarquable au spectateur. THE INCIDENT cache l'horreur derrière son aspect de thriller, qui occupe la première partie du film. L'épouvante se fait ressentir dans la suite avec un tourbillon dantesque de scènes gores. L'oeuvre de Courtès est aussi une sorte d'exploration ou de renouvellement du genre, par exemple à travers des scènes qui évoque la déambulation de morts-vivants. Le spectateur sait que tout est possible face à ces fous sans conscience et sans raison, ce qui se mêle parfaitement au thème de l'épouvante, à travers un scénario original finalement peu exploré au cinéma. THE INCIDENT présente également par ce fait la dure réalité de travailler dans ces lieux. Le film démontre qu'à l'aube déjà des années 90 la technologie high-tech prend le dessus et que l'Homme doit s'y tenir, jusqu'au jour où celle-ci est défectueuse. On retrouve dans cet univers terrifiant un casting presque inconnu, ce qui dépayse le film, composé du jeune et très doué Rupert Evans (Hellboy, Agora), Dave Legeno (Centurion, Harry Potter), efficace, et le terrifiant Richard Brake (Hannibal Lecter : les origines du mal, Detention), qui parvient à terrifier dans le rôle dénué de paroles d'un fou. Lorsque la fin du film approche, on redoute une fin avec un retournement de situation, procédé beaucoup trop -mal - utilisé par la plupart des réalisateurs actuels. Heureusement Courtès ne tombe pas dans cette facilité et nous livre une magnifique fin, certes simpliste, mais jouissive, et qui donne une conclusion des atrocités vécues par le personnage, à l'instar de celle d'Orange mécanique (De Stanley Kubrick). Ce que l'on pourrait reprocher au film est la - trop - forte présence de musique, quasi-omniprésente tout au long du film, qui mériterait certaines scènes silencieuses. THE INCIDENT est une nouvelle preuve que l'originalité n'est pas morte, et que les réalisateurs français sont capables de beaucoup de choses dans le cinéma de genre, notamment tourné à l'étranger. Le film de Courtès aurait largement mérité une sortie en salles.

Rupert Evans (à gauche) et Marcus Garvey (à droite)

Richard Brake


Voici la très belle affiche originale de THE INCIDENT :



ALEXANDRE COURTES ET LES CLIPS

Avant de réaliser des films, Alexandre Courtès a réalisé un grand nombre de clips pour Kasabian, The white stripes, U2 ou encore Justice. Retrouvez les en cliquant ICI.

Les clips de Courtès ont souvent recours à des effets spéciaux, notamment dans ceux de "Seven nation army" de The white stripes et "On'n'on" de Justice, avec une mise en abîme, ou encore pour "Shoot the runner" de Kasabian où l'image a été recolorée. La qualité de l'image est remarquable et se fait surtout ressentir dans le clip de Justice et dans celui pour Sebastien Tellier, "Cochon ville", plutôt osé.
Voici quelques-uns de ses clips :

- "On'n'on" du groupe français Justice :


- "Shoot the runner" du groupe anglais Kasabian :



lundi 9 juillet 2012

Carcéral : Dans l'enfer de la taule

Bonjour chers lecteurs et chères lectrices ! Je vais de nouveau vous parler d'un film britannique, CARCÉRAL : DANS L'ENFER DE LA TAULE, le troisième film de Reg Traviss (Psychosis, Joy division), réalisé en 2011 et sortit le 3 juillet 2012 en DVD.


Titre : Carcéral : Dans l'enfer de la taule
Réalisation : Reg Traviss
Acteurs : James d'Arcy, Noel Clarke, Frank Harper, Kate Magowan, Jamie Foreman, Doug Allen, Ray Panthaki, Andrew Shim, David Hayman, Joseph Gilgun...
Année de sortie : 2012
Genre : Drame

Synopsis : L'histoire tourne autour d'un ancien soldat, Sam Norwood, qui prend un travail comme gardien de prison au coeur de l'une des prisons les plus sauvages d'Angleterre, après son retour de la guerre en Irak. Corruption, violence et traffic de drogue seront son quotidien.

Infos utiles : Le film s'inspire du roman autobiographique de Ronnie Thompson, qui a été pendant plusieurs années gardien de prison dans certains pénitenciers les plus dangereux d'Angleterre. Il a écrit le scénario de CARCÉRAL : DANS L'ENFER DE LA TAULE aux côtés de Colin Butts.

Ma critique : CARCÉRAL : DANS L'ENFER DE LA TAULE est sortit en Direct to DVD en France et passe presque inaperçu, ce qui est bien dommage, car si l'on fouille bien, on trouve souvent de pures merveilles dans les films inédits. C'est en étant séduit par l'affiche et le casting que je me suis intéressé à ce film. Tiré d'une histoire vraie, il se place judicieusement du côté des gardiens de prisons et non de celui des prisonniers, à l'inverse des nombreux films mettant en scène une prison, comme Dog Pound (De Kim Chapiron) ou encore Midnight Express (De Alan Parker), dont on en ressens parfois l'atmosphère sinistre. Le film a aussi comme atout de se dérouler dans une prison anglaise et non dans une prison américaine, ce qui permet d'ajouter une touche d'originalité au long-métrage. CARCÉRAL suit donc un vétéran traumatisé par la guerre en Irak qui, afin de garder sa pension alimentaire, prend le premier job qui puisse le satisfaire financièrement, soit gardien de prison, un choix qui lui sera fatal, l'enfonçant davantage dans un milieux où règne la violence. C'est alors en se droguant, en fréquentant les clubs et en s'adonnant à la violence qu'il parviendra à s'échapper de cet univers, ce qui ne peut qu’accélérer sa descente aux enfers. Le film décrit parfaitement l'univers brutal de la prison et la dégradation physique et mentale d'un être humain, sans toute fois excéder dans la violence, à travers un rythme assez linéaire, dénué d'effets de mise en scène ou de musiques mélodramatiques, ce qui est vraiment dépaysant. Cependant le film de Traviss manque d'une certaine profondeur et ne semble finalement pas dénoncer grand chose, dans un discours objectif. Mais cela est aussi un avantage étant donné qu'il ne fait qu'accentuer l'aspect dépaysant du film et lui permet de se détacher de toute morale futile. Reg Traviss réussi parfaitement à détacher peu à peu, au fil du film, l'univers de la prison de la vie sociale du personnage, en l'isolant - au sens propre comme au sens figuré - progressivement dans un monde froid, révélé par la dominante de bleu d'une image appréciable et parfaitement maîtrisée. Ce qui fait la force de ce film est aussi son riche casting, composé de certains des meilleurs acteurs britanniques, comme James d'Arcy (W.E., Rise) dans le rôle principal, excellent, Noel Clarke (Doghouse, Centurion), qui prouve qu'il est aussi doué pour jouer le criminel que pour jouer la comédie, les très bons Frank Harper (Arnaques, crimes et botanique) et Jamie Foreman (Oliver Twist), de nouveau regroupés après The football factory (De Nick Love), la belle Kate Magowan (A lonely place to die, Frankie Wilde), l'excellent Andrew Shim (This is England), qui retrouve indirectement Joseph Gilgun (Misfits), après la série télévisée This is England '86 (De Shane Meadows). CARCÉRAL : DANS L'ENFER DE LA TAULE est donc un petit film sans prétention, aussi divertissant qu'émouvant, certes par parfait mais qui mérite tout de même d'être davantage reconnu.

James d'Arcy

Frank Harper (à gauche) et James d'Arcy (à droite)

Voici l'affiche française du film, plutôt réussie :



The football factory

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de THE FOOTBALL FACTORY, un film britannique sur le hooliganisme réalisé par Nick Love (Outlaw, The business).


Titre : The football factory
Réalisation : Nick Love
Acteurs : Danny Dyer, Frank Harper, Tamer Hassan, Roland Manookian, Neil Maskell, Dudley Sutton, Jamie Foreman...
Année de sortie : 2004
Genre : Drame

Synopsis : Pour Tommy, la vraie vie commence le vendredi soir. Ce jeune homme désœuvré peut alors se consacrer aux trois grandes passions de son existence : le sexe facile, les bières et, plus que tout, l'adoration de son club de foot favori, Chelsea. Avec ses potes, il en est l'un des plus ardents supporters, toujours prêt à affronter ceux qui ne portent pas ses couleurs. Et justement, dans quelques jours, Chelsea va se mesurer à l'ennemi de toujours, Millwall...

Infos utiles : THE FOOTBALL FACTORY est adapté du roman éponyme de John King, publié en 1999. C'est le premier tome d'une trilogie.

Ma critique : THE FOOTBALL FACTORY fait partie de ces films britanniques comme on les aime, à l'énergie fulgurante, avec un enchaînement de plans aussi successif que l'action, qui offrent aux spectateurs un moment de dépaysement et d'humour total, dans la lignée de Trainspotting, Snatch ou encore Intermission. Ce n'est donc pas par hasard si le magazine Empire cite le film de Danny Boyle, ainsi que Fight Club, pour l'histoire et l'énergie du long-métrage. C'est probablement cet engouement pour ces films que THE FOOTBALL FACTORY perd de son originalité, Nick Love (Outlaw, The firm) n'allant pas aux bouts de ses idées, ce qui se fait ressentir à l'écran par un certain manque de maîtrise de la part du réalisateur. Mais ce n'est pas pour autant que le rythme n'y est pas, le film mettant toutes les chances de son côté avec des musiques signées Primal Scream, The streets ou encore David Guetta et un casting d'enfer. On retrouve donc le génial Danny Dyer (Severance, Doghouse), acteur fidèle de Nick Love depuis ce film, à l'accent cockney agréablement très prononcé, le terrifiant Frank Harper (Arnaques, crimes et botanique, This is England), Tamer Hassam (Layer cake, Détour mortel 3), Neil Maskell (Kill list, Doghouse) et Jamie Foreman (Layer Cake, Carcéral : Dans l'enfer de la taule), très drôle. THE FOOTBALL FACTORY plonge le spectateur non pas dans l'univers du football, mais plutôt dans l'envers de ce décor, celui des hooligans. Le film démarre, après un générique constitué d'images d'archives intéressantes de manifestations d'hooligans, avec une scène d'ouverture puissante qui met en scène l'une de ces manifestations, avant de nous présenter les personnages. Le film de Nick Love est un moment énergisant, avec un savant mélange d'action et d'humour, sans oublié de laisser place à des moments de suspens, qui dévoilent la dure réalité de ces milieux violents et de ces personnes prêtent à donner corps et âme pour le football, ici pour l'équipe de Chelsea. A la manière de Trainspotting (De Danny Boyle), Nick Love exploite les méfaits des activités du personnage principal à travers des hallucinations qui le mènent vers la dépression et l'isolement par rapport à ses proches. On aurait pu s'en passer, mais Love se rattrape en retournant la situation et en évitant une fin insipide, après une incroyable et puissante scène qui permet d'achever le film, comme la scène d'ouverture. THE FOOTBALL FACTORY est une réussite britannique, mais aurait pu cependant briller d'avantage avec plus de style et d'originalité. Hasard ou pas, un autre film se penchera sur le sujet du hooliganisme avec Hooligans (De Lexi Alexander), un an plus tard après le film de Nick Love.

Danny Dyer (à droite) en pleine action


DANNY DYER DANS UN CLIP

Danny Dyer a joué dans le clip de la chanson "Two lovers" du groupe anglais The Twang :


Et voici le making-of de ce clip :


mardi 19 juin 2012

Les boloss

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de la comédie LES BOLOSS, réalisée en 2011 par Ben Palmer, le réalisateur des saisons 2 et 3 de The inbetweeners, la série dont le film s'inspire, avec les mêmes acteurs.


Titre : Les boloss
Réalisation : Ben Palmer
Acteurs : Simon Bird, Joe Thomas, James Buckley, Blake Harrison, Lydia Rose Bewley, Laura Haddock, Jessica Knappet, Tamla Kari, Emily Head, Anthony Head...
Année de sortie : 2011
Genre : Comédie

Synopsis : 4 garçons partent ensemble en vacances en Crète. 1 seul objectif : sea, sex and sun... and sex !

Infos utiles : Anthony Head, qui joue le père de Will, est le père de l'actrice Emily Head qui interprète Carli, et se retrouvent tous les deux dans LES BOLOSS. Le tournage du film a principalement eu lieu en Crète. Quelques séquences ont été tournées à Majorque, plus particulièrement celles de la fête.

Ma critique : Malgré un titre français ringard, au lieu de The inbetweeners en VO, comme pour la série, dans le but d'attirer les foules d'ados dans les cinémas, il ne faut pas se fier aux apparences avec LES BOLOSS. Adapté d'une superbe série britannique peu connue en France, le film s'avère être une belle surprise qui, au lieu d'être mis en parallèle avec les comédies à succès américaines du producteur Judd Apatow (SuperGrave, 40 ans, toujours puceau) en dépasse même le niveau sur certaines points. Série et adaptation au cinéma faisant rarement bon ménage, ici il n'y a pas d'inquiétudes à se faire, étant donné que le film est réalisé par le metteur en scène de la saison 2 et 3 de The inbetweeners et que l'on retrouve les acteurs récurrents, soit quatre jeunes adolescents amis depuis le lycée jusqu'à leur entrée en fac, avant des vacances en Crète dans le but de chasser des "pussy", d'où leurs ridicules t-shirts "Pussy Patrol". Le film a comme but d'achever les années de lycée des quatre personnages dans une sorte d'épisode final, que le réalisateur voulait exclure de la série, afin de marquer cette rupture. Cependant le film peu tout à fait être regardé sans aucune connaissance de la série. LES BOLOSS commence donc avec une brève présentation implicite des quatre garçons, avec notamment une scène d'ouverture très drôle, où l'on retrouve Anthony Head, le fameux et inoubliable Giles de la série Buffy contre les vampires (créée par Joss Whedon) discutant avec l'un des adolescents. Suivent alors des scènes hilarantes comme l'une où l'un se fait plaquer et un autre se fait surprendre en train de naviguer sur des sites interdits alors qu'on lui annonce le décès de son grand-père, ce qui va d'ailleurs être l'une des causes du voyage grâce à l'argent obtenu du grand-père, à croire que la mort de celui-ci est bénéfique pour les jeunes gens ! Après leurs départ, les nombreuses péripéties peuvent commencer, comme la découverte de leur hôtel délabré et miteux, l'interrogation sur un objet non-identifié - un lavabo pour enfants ou des toilettes ? -, la venue de personnages secondaires et pleins d'autres encore. Palmer nous livre avec LES BOLOSS plus d'1h30 d'un humour sale et anglais, comme seuls eux savent le faire, mais avec une certaine finesse et sans aucune complaisance ni vulgarité, à l'inverse des comédies américaines comme American Pie (De Paul Weitz), qui semblent au premier abord hilarante mais qui finissent toujours par installer chez le spectateur un certain malaise et dégoût. Les comédies sur le sexe ne riment pas forcément avec vulgarité, ce film le prouve. De plus le long-métrage se dispense de toute moralité, typique des américains, en brisant chaque moment d'émotion avec un gag efficace. Mais Ben Palmer ne dénigre et n'humilie jamais totalement ses personnages, bien au contraire. Il les dénude - au sens propre comme au sens figuré - de tous préjugés moral et privilégie l'entente entre le groupe d'amis et leurs choix face à leurs désirs amoureux et sexuels. On retrouve dans LES BOLOSS les quatre acteurs principaux, tous incroyables et différents, aussi drôle l'un que l'autre : Simon Bird, le binoclard et chef de groupe, qui place toujours ses phrases là où il le faut (pas), Joe Thomas, le romantique raté, qui s'apparente à l'adolescent le plus "normal", James Buckley, à la coupe indescriptible et surnaturelle, toujours à la recherche d'une fille et Blake Harrison, qui cache bien son jeu mais toujours à côté de la plaque. LES BOLOSS est une véritable comédie à l'anglaise, qui sort du lot, où l'on rigole vraiment, enfin, ce qui pardonne les quelques petites longueurs vers la fin. On en redemande !

De gauche à droite : James Buckley, Blake Harrison, Joe Thomas et Simon Bird,
buvant la fameuse boisson "Aquarium"



LHMOVIES FETE SES 1 AN !


LHmovies fête ses 1 an d'existence ! Déjà 72 critiques de films publiées ! Merci à vous !
Venez fêter son anniversaire sur la page Facebook en cliquant ICI et répondez au sondage !

Voici deux petites vidéos réalisées par mes soins pour fêter ça : 




mercredi 13 juin 2012

Starbuck

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui du film québécois STARBUCK, qui sortira dans nos salles le 27 juin 2012. J'ai pu le voir en avant-première au cinéma UGC Les Halles à Paris le mardi 12 juin, en présence du réalisateur.


Titre : Starbuck
Réalisation : Ken Scott
Acteurs : Patrick Huard, Julie Le Breton, Antoine Bertrand, Dominic Philie...
Année de sortie : 2012
Genre : Comédie dramatique

Synopsis : David Wozniak, éternel ado de 42 ans malgré sa compagne enceinte, découvre qu'il est le géniteur de 533 enfants. Sa progéniture, qui ne le connaît que sous le pseudonyme de "Starbuck", s'est regroupée pour former un recours collectif visant à faire invalider la clause d'anonymat signée par David lors de ses - fréquents - dons de sperme.

Infos utiles : Le titre du film est le nom du taureau canadien légendaire Hanoverhill Starbuck. Ce taureau exceptionnel, à la génétique quasi-parfaite, a révolutionné le monde de l'insémination artificielle et est encore à ce jour le meilleur géniteur que le Centre d'Insémination Artificielle du Québec (CIAQ) ait jamais connu. Hollywood a déjà racheté les droits de STARBUCK pour en faire un remake, produit par Steven Spielberg ! On y retrouvera probablement Vince Vaughn (Into the wild, Psycho) dans le rôle principal.

Ma critique : STARBUCK nous vient tout droit du Québec, où il a remporter un grand succès, au point d'atteindre Hollywood qui prévoit déjà un remake. A nous désormais de découvrir ce mystérieux film qui a décroché de nombreux prix au Festival International du Film de Comédie de l'Alpe d'Huez 2012. Ken Scott (Les doigts croches) fait preuve d'inventivité et de création avec un scénario plutôt original qui annonce déjà l'esprit farfelu du long-métrage. STARBUCK s'ouvre avec une scène très drôle, avant un générique esthétique dans un esprit geek et années 90 que le metteur en scène conservera pendant tout le film dans l'univers de David "Starbuck" Wozniak, qui semble rester coincé dans ces années, qu'il écoulait d'ailleurs grâce à ses dons de sperme, avec un look ringard, changeant ironiquement de haut de survêtement presque à chaque scène, dont les couleurs s'accordent parfaitement à celles sucrées de l'image. Scott utilise de façon appliquée cette belle image pour capter tous les éléments d'une ville et d'un quotidien que l'on a rarement l'habitude d'explorer. Ce que l'on reprochera au film est la - beaucoup trop grande - volonté du réalisateur d'exposer aux spectateurs ses bonnes intentions et ses bons sentiments. Après un gag hilarant, il semble toujours vouloir rattrapé un rythme linéaire afin de rappeler au spectateur la visée dramatique du film. Il use pour cela de certaines facilités, comme une utilisation poussive de musique mélo-dramatique à chaque fois qu'il veut émouvoir le spectateur, qui a déjà bien compris. Mais cela ne fait que démontrer la volonté modeste du cinéaste d'offrir au spectateur un instant de divertissement, dénué de morales implicites ou de cynisme. Ce n'est pas pour autant que STARBUCK n'est pas riche en bouleversements. Le réalisateur parvient tout au long du film à trouver une multitude de rebondissements, comme les portraits subtils et diversifiés des enfants et l'importance accordée aux personnages secondaires. De plus, le film ne serait rien sans son casting parfait. On découvre comme visage inconnu en France mais pas au Québec le très bon Patrick Huard (FunkyTown, Cadavres), très drôle et expressif, aux airs de Daniel Auteuil. On retrouve également Antoine Bertrand (Caméra café, Frisson des collines) dans le rôle du bras droit de Starbuck, très drôle, et Julie Le Breton (Maurice Richard, Une vie qui commence), peu convaincante. STARBUCK est donc un beau film techniquement, modeste, touchant et drôle, mais qui aurait pu l'être davantage sur ce dernier point...

CLIQUEZ ICI pour visiter le site officiel du film, très bien fait et très riche.

Antoine Bertrand (à gauche) et Parick Huard (à droite)

L'affiche française du film :



samedi 9 juin 2012

The killer inside me

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui de THE KILLER INSIDE ME, un film américain réalisé en 2010 par Michael Winterbottom (The trip, Tournage dans un jardin anglais).

Voici la magnifique bande-annonce du film :


Titre : The killer inside me
Réalisation : Michael Winterbottom
Acteurs : Casey Affleck, Jessica Alba, Kate Hudson, Ned Beatty, Elias Koteas, Tom Bower, Simon Baker, Bill Pullman...
Année de sortie : 2010
Genre : Thriller

Synopsis : Shérif adjoint, Lou est un homme apprécié de tous, c'est l'un des piliers de la communauté. Aussi séduisant soit-il, il connait toutefois quelques problèmes avec les femmes et la loi. Les meurtres se multiplient dans sa petite ville du Texas et à l'allure où vont les choses, on ne tardera pas à découvrir que c'est lui qui en est l'auteur...

Infos utiles : THE KILLER INSIDE ME a reçu le Prix de la Critique lors du Festival international fu Film Policier de Beaune 2010 et le Prix de la Pire actrice dans un second rôle pour Jessica Alba lors des Razzie Awards 2011. Le film est adpaté du roman éponyme américain de Jim Thompson, publié en 1952. Il avait déjà été adapté au cinéma par Burt Kennedy en 1976 dans Ordure de flic, avec Stacy Keach. Winterbottom ne l'a pas visionné, afin de réaliser une adaptation du livre et non le remake d'un film.

Ma critique : THE KILLER INSIDE ME est adapté de l'un des romans noirs "les plus choquants de la littérature américaine". Jim Thompson, auteur dépassé par la société (auteur aussi Des cliques et des cloaques, adapté au grand écran par Alain Corneau dans Série noire), plonge dans son roman le spectateur dans les pensées les plus sombres d'un psychopathe qui cache bien son jeu, à travers un récit à la première personne, ce qui "contraint" le lecteur à suivre le point de vue d'un homme violent. C'est de cette même façon que Winterbottom, qui aborde une atmosphère et un thème différents dans chacun de ses films, adapte avec habileté ce roman envoûtant et incroyable de par son écriture parfaitement maîtrisée. Le cinéaste britannique fait le choix de rester extrêmement fidèle à l'oeuvre originale, au point qu'une page du scénario correspondrait presque à une page du livre. Le film, comme le livre, cherche à placer le spectateur dans une posture délicate, à le rendre mal à l'aise par l'utilisation d'une violence extrême cherchant, selon le réalisateur, à ne pas laisser le spectateur indifférent. Selon lui, comme pour les films de Michael Haneke (Funny Games, Le ruban blanc), il est bien plus problématique de banaliser la violence en la minimisant que de la pousser à son paroxysme, comme dans son film, avis tout à fait défendable. Winterbottom choisit la voix-off comme moyen de narration, qu'il utilise à bon escient à travers le personnage de Lou Ford qui plonge le spectateur dans ses pensées, et qui semblent tout juste tirées du livre. Le film est doté d'un esthétisme remarquable, tant par la qualité de l'image qui ancre l'action et les décors dans le temps, à travers des décors majestueux et colorés que dans la maîtrise assurée de la caméra de Winterbottom, qui nous livre une mise en scène simple, au montage brute et aux plans serrés, meilleur moyen de laisser place à la psychologie des personnages, à condition d'une mise en scène maîtrisée et d'un casting stable, ce que le film respecte parfaitement. On retrouve dans THE KILLER INSIDE ME une brochette incroyable d'acteurs. Le rôle principal est accordé à Casey Affleck (L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, I'm still here), jeune acteur au talent inné et indescriptible, dans son plus grand rôle, s'imprègnant parfaitement son personnage, tant dans son physique que dans sa voix, à l'accent texan, et de son jeu contrasté entre platitude et folie. On retrouve dans le rôle de Joyce la belle Jessica Alba (Sin City, Velentine's day), qui se démarque dans un rôle qui lui est étranger, qu'elle interprête avec une certaine naïveté indissociable de son personnage, et dans le rôle d'Amy Kate Hudson (Meilleures ennemies, Nine). On retrouve également dans les rôles de policiers Ned Beatty (1941, Dans la brume électrique), Tom Bower (La colline a des yeux, Crazy heart) et Simon Baker (The mentalist, Land of the dead), tous excellents. Les briants mais malheureusement trop absents au grand écran Elias Koteas (Shutter Island, Le dernier rite) et Bill Pullman (Surveillance, The gruge) sont aussi de la partie, et sont incroyables. THE KILLER INSIDE ME est, comme le roman, une oeuvre à part entière, qui respecte l'oeuvre originale autant qu'il l'a complète, et qui livre au spectateur une exploration inégalable dans l'esprit d'un psychopathe à travers une oeuvre esthétiquement remarquable. En somme, THE KILLER INSIDE ME est sans conteste l'un des meilleurs films qui soit.

CLIQUEZ ICI pour visiter le site officiel du film, très réussi et pleins d'images.

Casey Affleck
























JIM THOMPSON ET LE CINEMA

Jim Thompson (1906-1977) est un auteur américain de romans noirs, d'articles de journaux, de nouvelles et de scénarios de films. Fils d'un shérif d'Oklahoma, il commence l'écriture pendant l'adolescence. Sa première collaboration cinématographique date de 1955. Il est appelé par James Harris et le réalisateur Stanley Kubrick (Orange mécanique, Barry Lyndon) pour écrire le scénario de L'Ultime razzia (The Killing pour le titre anglais), tiré d'un roman de Lionel White. Kubrick, toujours aussi singulier, s'attribue finalement l'écriture du scénario pour ne laisser que les dialogues additionnels à Thompson. Il écrira en échange le scénario de Les sentiers de la gloire (Paths of glory) en 1957. L'auteur passera peu de fois devant la caméra, pour de courtes apparitions. 
Peu reconnu de son vivant, c'est par les différentes adaptations de ses livres qu'il se ferra reconnaître. En voici quelques-unes, plus ou moins fidèles aux oeuvres de l'auteur :

LE GUET-APENS












Titre : Le guet-apens (Getaway)
Réalisation : Sam Peckinpah
Acteurs : Steve McQueen et Ali MacGraw...
Année de sortie : 1973

Adaptation américaine du roman éponyme publié en 1959. Thompson n'apprécie pas cette adaptation et porte l'affaire devant la Guilde des Ecrivains pour avoir été évincé, mais n'obtient pas gain de cause. Le remake de 1993 réalisé par Donalson et écrit par le même scénariste Walter Hill ne rend pas davantage justice au roman.
CLIQUEZ ICI pour lire la critique du film.

SERIE NOIRE












Titre : Série noire
Réalisation : Alain Corneau
Acteurs : Patrick Dewaere, Marie Trintignant, Bernard Blier, Myriam Boyer...
Année de sortie : 1979

Adaptation française du roman Des cliques et des cloaques (A hell of a woman), publié en 1954.
CLIQUEZ ICI pour lire la critique du film.

COUP DE TORCHON












Titre : Coup de torchon
Réalisation : Bertrand Tavernier
Acteurs : Philippe Noiret, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle, Eddy Mitchell...
Année de sortie : 1981

Superbe adaptation française du fabuleux roman 1275 âmes (Pop. 1280), publié en 1964. Tavernier choisit de n'être que très peu fidèle à l'oeuvre originale, en modifiant le lieu de l'action, le nom des personnages et une grande partie de l'histoire. Il lui a fallu dix ans de réflexion et dix mois de négociation avec la veuve de l'auteur avant de pouvoir porter l'oeuvre à l'écran. Le film est un échec.

LES ARNAQUEURS












Titre : Les arnaqueurs (The grifters)
Réalisation : Stephen Frears
Acteurs : John Cusack, Anjelica Huston, Annette Bening...
Année de sortie : 1991

Adaptation américaine du roman Les arnaqueurs (The grifters), publié en 1963. Le film est produit par Martin Scorsese (Shutter Island, Taxi driver). Il sera nominé quatre fois aux Oscars.

samedi 19 mai 2012

La cabane dans les bois

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! Aujourd'hui, je vais pour parler de LA CABANE DANS LES BOIS, un pure délice de cinéma de genre signé Drew Goddard, qui réalise ici son premier long-métrage, aux côtés de son ami Joss Whedon (Avengers), producteur et scénariste du film.

"Vous croyez connaître l'histoire. Vous pensez déjà connaître la fin."


Titre : La cabane dans les bois
Réalisation : Drew Goddard
Acteurs : Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Anna Hutchison, Fran Kranz, Jesse Williams, Richard Jenkins, Bradley Whitford, Brian J. White, Amy Acker...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : Cinq amis partent pour un week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Ils n'ont aucune idée du cauchemar qui les y attend, ni de ce que cache vraiment la cabane dans les bois...

Infos utiles : LA CABANE DANS LES BOIS a été tourné au Canada, notamment à Vancouver et au Coquihalla Canyon Park. Le tournage du film s'est déroulé du 9 mars au 29 mai 2009. Il a été par la suite maintes fois repoussé par la production, faute de problèmes financiers de la MGM. LA CABANE DANS LES BOIS sort donc dans nos salles trois ans après sa mise en boîte.

Ma critique : Comme Tucker and Dale fightent le mal (De Eli Craig), LA CABANE DANS LES BOIS a pour but de renverser la vision des films d'horreurs et d'en offrir un autre aspect aux spectateurs, original. Aux premiers abords, comme l'indiquent le slogan et la bande annonce du film, le long-métrage de Drew Goddard paraît être un film d'horreur d'une trame et d'une évolution classiques, avec tous les personnages stéréotypés et le décor récurent. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si le décor du film ressemble très fortement à celui d'Evil dead (De Sam Raimi). On remarquera également des références à The ring et à ShiningLA CABANE DANS LES BOIS renverse donc toutes les valeurs du film d'horreur en rendant à la fois hommage au genre mais tout en transgressant ses règles. C'est donc pour un fan du genre un véritable délice que d'assister à ce spectacle, réussi au plus haut point. On assiste à un certain envers du décor des films d'horreurs. Le film de Goddard commence avec un générique animé de gouttes de sang à côtés desquelles défilent les noms, qui renvoie à des génériques efficaces par leurs simplicité des films du début des années 2000. Suit une sublime scène d'ouverture, alors incompréhensible pour le spectateur, avant d'annoncer le titre du film de façon littéralement démentiel et d'installer l'humour et la folie du film qui va suivre. Afin de brouiller les pistes après cette étrange scène, le réalisateur nous remet dans la voie du film d'horreur en nous présentant les personnages et leur début de séjour, à la manière classique des films de genre. C'est par la suite que le spectateur va petit à petit, de façon très subtile, comprendre l'histoire et mettre en rapport la trame des personnages avec la scène d'ouverture, qui s'avère en fait être placée à un degré plus important que la simple histoire à laquelle le spectateur s'attendait. C'est avec une véritable maîtrise de la mise en scène que Goddard nous livre ce scénario qui brille par son originalité, que l'on découvre avec un véritable plaisir et qui sait nous réserver moult surprises jusqu'aux dernières secondes de LA CABANE DANS LES BOIS. Le film a aussi comme grand atout d'apporter une forte dose d'humour, mise à égalité avec l'horreur. C'est donc à la fois un grand risque et une véritable transgression du genre que de livrer aux spectateurs un film auto-dérisoire qui ne se prend pas tant que ça au sérieux et qui, entre chaque scène de meurtre, nous offre un instant de fou rire. C'est probablement pour cela que tant d'avis négatifs sont donnés par les spectateurs, qui s'attendaient avec la promo du film à un véritable film d'horreur au premier degré. Or il est capital d'y aller avec un minimum de second degré. Mais ce n'est pas pour cela que les meurtres sont moins sanglants ! On retrouve des effets spéciaux saisissants. LA CABANE DANS LES BOIS n'hésite jamais à aller jusqu'au bout de ses idées, autant dans l'humour que dans l'horreur, et c'est donc avec jubilation que l'on déguste ce véritable bijoux de cinéma de genre qui se démarque des productions actuelles. On retrouve dans la bande de jeunes gens inconscients (pas tant que ça) de LA CABANE DANS LES BOIS Kristen Connolly (Phénomènes, Appelez-moi Dave) mais surtout des acteurs de séries télévisés, comme Jesse Williams (Gray's anatomy) et Anna Hutchison (Underbelly), mais aussi des acteurs en pleine ascension dans leur carrière, comme Chris Hemsworth (Thor, Blanche-Neige et le chasseur), déjà fidèle à Joss Whedon, le producteur et scénariste, qui le dirigeait dans le rôle de Thor dans Avengers. C'est d'ailleurs avec ce film et avec Joss Whedon que sa carrière à pu démarrer. On retrouve un autre acteur fidèle à Whedon, mais cette fois-ci issu de ses séries, le très drôle Fran Kranz (Dollhouse, Les associés) et l'impressionnant Richard Jenkins (Burn after reading, Fou d'Irène) dans un rôle mystère, que je ne vous dévoilerais pas, aux côtés de Bradley Whitford (Cobb, Philadelphia), dans des rôles intensément géniaux, drôles et qui ne font qu'accentuer l'aspect dément du film. On retrouve, à la manière de Bienvenue à Zombieland, une "guest-star" dissimulée dans le film de façon incroyable et surprenante. Le film s'achève avec une fin à la hauteur de nos espérances, précédée d'un spectacle de déluge visuel, d'angoisse et de chaos hallucinant. On tient donc sans conteste avec LA CABANE DANS LES BOIS, premier film d'un réalisateur à en devenir, l'un des meilleurs films d'horreur de l'année, qui offre un spectacle visuel et scénaristique complètement démentiel et hallucinant, et qui joue subtilement avec autant d'humour que d'horreur.

Cliquez ICI pour découvrir le site officiel de LA CABANE DANS LES BOIS :

Anna Hutchison



















De gauche à droite : Chris Hemsworth, Jesse Williams,
Anna Hutchison, Fran Kranz et Kristen Connolly

Voici une très belle affiche du film :






















vendredi 11 mai 2012

The walking dead - Saison 2

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de la saison 2 de la série américaine THE WALKING DEAD, adaptée des "comic books" Walking dead, créée en 2011 par Frank Darabont (La ligne verte, The Mist). Afin d'en savoir plus sur la série et de connaître mon avis globale, je vous conseille de consulter également la critique de la première saison, en cliquant ICI.


Titre : The walking dead
Création : Frank Darabont
Réalisation : épisode 1 : Ernest Dickerson et Gwyneth Horder-Playton
                   épisode 2 : Ernest Dickerson
                   épisode 3 : Phil Abraham
                   épisode 4 : Bill Gierhart
                   épisode 5 : Guy Ferland
                   épisode 6 : David Boyd
                   épisode 7 : Michelle MacLaren
                   épisode 8 : Clark Johnson
                   épisode 9 : Bill Gierhart
                   épisode 10 : Ernest Dickerson
                   épisode 11 : Gregory Nicotero
                   épisode 12 : Guy Ferland
                   épisode 13 : Ernest Dickerson
Acteurs : Andrew Lincoln, Jon Bernthal, Sarah Wayne Callies, Laurie Holden, Jeffrey DeMunn, Steven Yeun, Chandler Riggs, Lauren Cohan, Scott Wilson, Pruitt Taylor Vince...
Année de sortie : 2012
Genre : Série d'épouvante

Synopsis : Le groupe de survivants tente de rejoindre un camp de réfugiés, bloqués sur une autoraoute, ils se retrouvent confrontés à une meute de zombies qui les oblige à se cacher. La petite Sophia panique et s'enfuit, le groupe s'organise donc pour la chercher.
Lors de ses recherches, le fils de Rick se fait accidentellement tirer dessus par un chasseur, Otis. Il est emmené d'urgence dans une ferme pour recevoir des soins médicaux. Les habitants de la ferme et les survivants vont donc apprendre à vivre ensemble puis à partager leurs secrets.

Infos utiles : La saison 2 de THE WALKING DEAD se compose non plus de 6 épisodes mais bien de 13 épisodes. La saison 3 comportera 16 épisodes.

Ma critique : La saison 2 de THE WALKING DEAD compte plus du double d'épisodes par rapport à la première saison, ce qui permet aux réalisateurs d'installer et d'étaler l'intrigue de façon plus fluide. La saison 2 débute fort, avec un premier épisode incroyable de 90 minutes, prenant comme décor celui d'une autoroute abandonnée, qui va être livrée à une immense horde de zombies. Les autres épisodes retrouverons leur durée initiale de 40 minutes. La série introduit un grand nombre de nouveaux personnages et un nouveau lieux de la bande dessinée, qui proviennent du tome 2. On retrouve donc le personnage d'Hershel Greene, interprété par Scott Wilson, qui avait joué dans Derrière le masque (De Scott Glosserman), sa famille ainsi que sa ferme. Tandis que la saison 1 de la série adaptait de façon plus libre la bande dessinée, la saison 2 reste davantage fidèle, mis à part les premiers épisodes, sortis tout droit de l'imagination des scénaristes. Les maquillages fabuleux de (toujours) Gregory Nicotero (maquilleur de Pirahna 3D et de La colline a des yeux) sont toujours aussi resplendissants et plein de réalisme. Celui-ci réalise d'ailleurs l'épisode 11 de la série, intitulé "Juge, Juré et Bourreau". Malgré les scènes d'actions et de massacres sanglants à souhait de zombies, la série perd de son rythme dans la relation entre les personnages, notamment à travers les personnages de Rick, Lori et Carl, mis beaucoup trop en avant, qui ne cessent de se plaindre et de sortir des phrases mollement philosophiques, à travers la voix rauque cultivée d'Andrew Lincoln. Mais heureusement, ceci ne déteint pas sur la trame générale de la série, qui a le mérite d'apporter une importance à des personnages comme Daryl et Glenn, qui se trouve comme petite amie la belle Lauren Cohan (Vampire diaries), saisissante. Deux évènements regrettables vont subvenir. Je vous laisse cette surprise dure à avaler. La fin de la saison 2 de THE WALKING DEAD rattrape les quelques lenteurs qui l'a précède pour livrer aux yeux du spectateurs un spectacle visuellement incroyable pour les fans de films de zombies (mais pas que), incluant de nouveaux éléments de la bande dessinée, qui annoncent une saison 3 déjà impatiemment attendue, dont le tournage a débuté ce mois-ci. J'accorde une mention spéciale au personnage de Shane, joué par le talentueux et humain Jon Bernthal (The ghost writer, World Trade Center), qui se surpasse, et toujours aussi extraordinaire, dont le personnage et la personnalité s’amplifie avec justesse au fil des épisodes.

Voici le site officiel de la série : http://www.walking-dead.fr/

Très belle image promotionnelle de la saison 2 aux Etats-Unis


Le DVD et blu-Ray:

Le DVD de la saison 2 de THE WALKING DEAD devrait sortir en France le 04 juillet 2012.



Voila à quoi ressemble le coffret américain du blu-Ray de la saison 2 de la série (ci-dessus), dont on espère un coffret aussi stylisé en France.


lundi 7 mai 2012

Barbara

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de BARBARA, un film indépendant allemand réalisé par Christian Petzold, qui se situe au début des années 1980, pendant la Guerre Froide.


Titre : Barbara
Réalisation : Christian Petzold
Acteurs : Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Rainer Bock, Christina Hecke, Jasna Fritzi Bauer, Claudia Geisler...
Année de sortie : 2012
Genre : Drame

Synopsis : Berlin-Est, 1980. Soupçonnée de vouloir passer en RFA, Barbara, chirurgienne en pédiatrie, est mutée par les autorités dans un hôpital de province. Son amant, qui vit à l'Ouest, prépare son évasion, tandis que le médecin-chef de Barbara semble l'espionner...

Infos utiles : BARBARA a été tourné de manière chronologique, mise à part la scène de baiser, considérée comme "hors du temps". Afin de renforcer la crédibilité du film, le tournage a eu lieu dans un véritable hôpital des années 1980 et les acteurs ont suivis une formation dans le domaine médical. BARBARA a reçu l'Ours d'Argent du Meilleur réalisateur lors de la Berlinale 2012.

Ma critique : BARBARA fait partie de ces films dépaysants, qui transportent le spectateur dans un autre monde, ici notamment au coeur du monde bipolaire qu'est l'Allemagne pendant la Guerre Froide. On se retrouve en pleine Allemagne de l'Est, dans une petite ville de province. Le film commence par une présentation indirecte du personnage principal, de façon complètement muette. On ressent déjà la colère de la médecin qui semble démarrer une nouvelle vie, dans une nouvelle ville, dans un territoire qu'elle méprise, après un passé douloureux. On entendra ses premières paroles plusieurs scènes après. Le film de Christian Petzold (Jerichow, Yella) est un film presque muet, qui se construit uniquement dans la mise en scène brute du réalisateur allemand et par le jeu et les expressions physiques des acteurs, le scénario étant très peu raconté mais bien explicite. Celui-ci est malgré tout compréhensible, à l'aide d'une trame simple. BARBARA a aussi comme atout de ne réunir que des acteurs méconnus, mise à part l'actrice principale, Nina Hoss (Nous sommes la nuit, Yella), connue en Allemagne et actrice fidèle de Petzold, qui parvient parfaitement a émouvoir le spectateur sans sombrer dans les clichés, à travers un personnage quasi muet tout au long du film, qui ne cesse de rappeler sa révolte intérieure, et son physique singulier et beau. On découvre alors de nouveaux visages qui accentuent l'aspect dépaysant du long-métrage, comme Ronald Zehrfeld (Le Perroquet rouge, Red Gallion : la légende du Corsaire Rouge) qui campe un personnage plein d'humanité, impénétrable, perturbé par l'amour et la trahison. La force du film réside dans une image sublime, qui parvient à faire alterner l'ambiance du film dans un univers aussi froid que coloré, selon les sentiments du personnage principal. L'hôpital symbolise le vide et l’effroi. Le trajet à vélo dans la campagne ventée et sauvage est la seule source de liberté qui lui permet d'échapper à son quotidien et de retrouver son amant, notamment dans une magnifique scène dans les bois, aux couleurs vives. La mise en scène maîtrisée de Petzold donne tout son sens à la simplicité, à travers des plans fixes qui se succèdent, avec très peu d'effets de styles. Malgré la quasi absence de dialogues, BARBARA recèle un véritable suspens, à travers la question omniprésente de la situation allemande, de la difficulté de vivre dans l'état de l'Est et de l'espionnage. La reconstitution, certes quelque peu proprette et colorée, ne gêne cependant pas le visionnage du film et semble marquer le film dans l'époque. Christian Petzold, d'une main de maître, réalise un film aussi fort dans la technique que dans le jeu d'acteurs, ainsi que dans le scénario fluide. On retiendra aussi une scène enivrante où André, afin de conquérir Barbara, analyse le tableau "La leçon d'anatomie" de Rembrandt, apportant des remarques médicales stupéfiantes et d'un niveau de langue adopté par les acteurs de façon crédible.

Barbara Wolf (Nina Hoss) et André (Ronald Zhrfeld)

Voici l'affiche de BARBARA, magnifique :