dimanche 29 avril 2012

BUG

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui de BUG, un film américain réalisé en 2006 et sorti en 2008 en DVD, par l'un des révolutionnaires du cinéma de genre, William Friedkin, le réalisateur du classique L'Exorciste.

"La paranoïa est contagieuse"


Titre : BUG
Réalisation : William Friedkin
Acteurs : Ashley Judd, Michael Shannon, Harry Connick Jr, Lynn Collins, Brian F. O'Byrne, Luca Foggiano...
Année de sortie : 2006
Genre : Thriller

Synopsis : Agnès vit seule dans un motel désert. Elle est hanté par la disparition de son enfant et redoute la visite de son ex-mari, un homme violent tout juste sorti de prison. Dans cet univers coupé du monde, Agnès tombe amoureuse de Peter, un ex-soldat. Leur relation tourne au cauchemar lorsqu'ils remarquent l'existence de mystérieux insectes capables de s'introduire sous la peau. Ensemble, ils vont chercher la vérité : hallucination ou secret d'état ?

Infos utiles : BUG est adapté d'une pièce de théâtre de 2004 écrite par Tracy Letts. Le motel où se déroule le film a été entièrement reconstitué dans un gymnase de la Nouvelle-Orléans.

Ma critique : BUG est adapté d'une pièce de théâtre dont le personnage principal était déjà interprété par Michael Shannon (Boardwalk Empire, Take Shelter), en pleine ascension dans le monde cinématographique, actuellement à l'affiche d'un grand nombre de films. William Friedkin (French connection L'Exorciste), grand admirateur de la pièce, conserve donc la même unité de lieu et un casting restreint. Il garde aussi dans la première moitié du film la même unité de temps, pour ensuite intégrer certaines ellipses au film permettant d'observer l'évolution des personnages. Au début, le réalisateur n'aborde pas le scénario - écrit par l'auteure de la pièce - comme un film d'horreur, mais comme un film social, introduisant les personnages à travers de longues scènes de dialogues très bien exploitées. Friedkin amène l'intrigue petit à petit, à travers certains détails que le spectateur va d'abord interpréter comme les personnages. Le film est bouleversé lors du rapport sexuel entre les deux personnages principaux, Peter et Agnès, à travers une scène sensuelle filmée en gros plans, suivant les courbes des corps et mettant en avant leur peau, suivis d'images subliminales contrastées de ce dont le spectateur et les personnages principaux auront à subir, rappelant sans conteste celles utilisées dans L'Exorciste. Le spectateur se questionne donc sur l’authenticité de ses visions et la paranoïa s'installe subtilement dans le film, après que le personnage joué par Michael Shannon ai confondu le bruit d'une alarme incendiaire avec celui d'un grillon et avant que qu'il se mette à apercevoir des insectes. Après une révélation de sa part, une ellipse à lieu et permet au spectateur de sombrer dans la folie des personnages, jusque là sujet aux mêmes questionnements qu'Agnès et Peter. Il va par la suite devoir se frayer son propre chemin, à travers les dires des deux personnages, l'aide d'un sois-disant médecin interprété par Brian F. O'Byrne (Intermission, L'élite de Brooklyn) et les interventions de l'amie, jouée par Lynn Collins (John Carter, X-Men origins : Wolverine) et de l'ex-mari d'Agnès, interprété par le jazzman et acteur Harry Connick Jr (Basic, Independence day), mais aura surtout à faire la part des choses entre paranoïa et réalité. Ce qui fait tenir le spectateur en haleine tout au long de BUG, avec systématiquement la soif d'en savoir plus, est la perfection de la mise en scène de Friedkin, qui délaisse les codes traditionnelles du genre pour nous livrer une mise en scène originale aux nombreux aspects graphiques. Il use pour cela de plans qui se succèdent de façon saccadée, sans effets de styles, et de courts morceaux de musiques effrénées, qui traduisent les expressions des personnages.  Friedkin apporte dans BUG un aspect répugnant, comme l'avait fait David Cronenberg (History of violence, A dangerous method) dans La mouche. On retrouve dans BUG les personnages principaux interprétés par Micheal Shannon, au physique aussi intéressant qu'inquiétant, à l'aise dans une prestation subtile et talentueuse, n'hésitant pas à surjoué son personnage, dans le but que le spectateur ne parvienne tout d'abord pas à cerner sa personnalité, et Ashley Judd (Frida, Crimes et pouvoir), qui parvient parfaitement à jouer le rôle d'une femme désespérée, à la recherche d'une quelconque aide, quelle trouvera chez le personnage de Peter et qu'elle suivra. BUG s'achève avec une fin tendue et virant à la plus pure folie, le spectateur cherchant à connaître la vérité des faits. William Friedkin réalise avec perfection un film noir, sombrant le spectateur dans un univers sombre et profond, pourtant dans un espace restreint, qui respecte autant l'esprit théâtrale qu'il le transgresse, en le complétant par les atouts cinématographiques. Il parvient à relever son défi : rendre le spectateur aussi paranoïaque que les personnages.

De gauche à droite, Lynn Collins, Ashley Judd et Michael Shannon

PIRANHA 3DD

Voici deux nouvelles affiches réussies du film Piranha 3DD, réalisé par John Gulager (Feast, Feast 2 : Sloppy Seconds) et dont la sortie est prévu prochainement, que j'avais évoqué dans l'article sur Piranha 3D :



samedi 21 avril 2012

Derrière le masque

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui d'un film d'horreur passé inaperçu, DERRIÈRE LE MASQUE, le premier film du réalisateur américain Scott Glosserman, qui jongle avec l'humour, le docu-fiction et les codes du slasher.


Titre : Derrière le masque
Réalisation : Scott Glosserman
Acteurs : Nathan Baesel, Angela Goethals, Kate Lang Johnson, Krissy Carlson, Anthony Forsyth, Zelda Rubinstein, Scott Wilson, Robert Englund...
Année de sortie : 2008
Genre : Comédie horrifique

Synopsis : Souriant, intelligent et sympathique, Leslie Vernon est en apparence le plus charmant des jeunes hommes. Mais son ambition est de devenir une véritable machine à tuer en suivant les traces de ses idoles de toujours : Freddy Krueger, Jason Voorhees et Michael Myers. Il demande à une équipe TV de le suivre pour réaliser un documentaire sur son ascension vers l'horreur et l'infamie...

Infos utiles : DERRIERE LE MASQUE a reçu le Prix Excellence lors du SMIHFF, Festival International du Film d'Horreur de Sainte-Maxime 2007.

Ma critique : DERRIERE LE MASQUE - qui pourrait s'intituler "Guide pour aspirants tueurs en série" - est un faux reportage sur la vraie/fausse vie d'un serial-killer, à la manière du found-footage. Glosserman livre une histoire complètement originale, différente des slashers classiques, mais qui ne l'empêche pas de réaliser un hommage à ce genre souvent méprisé. Il décide alors de placer le spectateur du côté du "méchant" qui, à la façon de C'est arrivé près de chez vous (De Remy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde) et du futur film belge Vampires (De Vincent Lannoo) de 2010, dévoile au spectateur les secrets de sa routine de tueur et nous explique toutes les clés de ce "métier" épuisant. Glosserman joue de façon subtile avec tous les codes du slasher que le spectateur reconnaît de façon jubilatoire tout au long du film. On apprend donc que le tueur choisit volontairement de ne poursuivre que des vierges, qu'il trafique armes et voitures afin de piéger ses victimes et qu'il invente lui-même sa propre légende. Dans DERRIÈRE LE MASQUE, les boogeymen existent, comme ceux cités par le slogan du film, "Freddy Krueger, Jason Voorhees et Michael Myers", les "idoles" du personnage principal, qui a pour but que son nom, Leslie Vernon, figure sur cette liste. Le film alterne entre caméra subjective et "mise en scène". Le documentaire filmé par les protagonistes est tourné façon found-footage et les scènes de meurtres sont filmées façon "vrai film". Cela donne donc un savant mélange entre les conseils du tueur annoncés et leurs résultats. La caméra subjective permet de cacher les imperfections et de soutenir les acteurs pour donner un aspect plus vif au film, qui malheureusement fonctionne beaucoup moins lors de la partie "vrai film", où le jeu médiocre des acteurs se fait quelque peu ressentir. On retrouve dans DERRIÈRE LE MASQUE des acteurs peu connus au cinéma mais actifs au théâtre et qui enchaînent des petits rôles télévisés, comme Angela Goethals (Maman, j'ai raté l'avion, Spanglish), qui joue de façon juste une reporter inconsciente avide de sensations fortes. On découvre aussi dans le rôle du tueur Leslie Vernon une véritable personnalité, parfait dans le rôle d'un excentrique, Nathan Baesel (Série Invasion, Les Experts), qui parvient à jouer autant avec ses expressions physiques qu'avec ses répliques, en gardant la même note de crédibilité et d'humour tout au long du film. On retrouve dans les seconds rôles des "guests", puisque l'on retrouve le fameux Robert Englund (Le crocodile de la mort, Butcher), fidèle interprète du personnage de Freddy Krueger de la saga lancée par Wes Craven (La dernière maison sur la gauche, Scream) qui, marqué à vie par ce rôle, survit en enchaînant films d'horreurs de petits budgets. Il interprète ici un dérivé du docteur Loomis, le psychologue de Michael Myers dans Halloween (De John Carpenter). On retrouve également Zelda Rubinstein (Southland Tales, Guilty as charged), célèbre depuis son rôle dans son premier film Poltergeist (De Tobe Hooper) et Scott Wilson (Pearl Harbor, The host), qui interprétait récemment Hershel Greene dans la saison 2 de The walking deadDERRIÈRE LE MASQUE s'achève avec une fin bouleversant toute l'histoire, avec un scénario dont la subtilité est toujours présente. Après cette fin vient un générique à ne pas rater, qui offre au spectateur une superbe scène ironique, sous le son rock de Talking heads. Le film de Glosserman est donc un petit film modeste, au budget médiocre et aux effets spéciaux peu efficaces, mais doté d'un scénario enfin original et d'une mise en scène juste, n'oubliant jamais l'humour.

Nathan Baesel, prêt à tuer

Voici "Psycho killer" du groupe des années 1980 Talking heads, la musique du générique de fin de DERRIÈRE LE MASQUE, dont le sujet est en parfait rapport avec le film :

jeudi 19 avril 2012

Taxi driver

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui du film culte TAXI DRIVER réalisé en 1975 par Martin Scorsese (Les infiltrés, Shutter Island) après Mean streets de 1973, où le réalisateur et De Niro collaboraient pour la première fois.

"Are you talking to me ?"


Titre : Taxi driver
Réalisation : Martin Scorsese
Acteurs : Robert De Niro, Jodie Foster, Harvey Keitel, Cybill Shepherd, Albert Brooks...
Année de sortie : 1976
Genre : Thriller

Synopsis : Vétéran de la Guerre du Vietnam, Travis Bickle est chauffeur de taxi dans la ville de New York. Ses rencontres nocturnes et la violence quotidienne dont il est témoin lui font peu à peu perdre la tête. Il se charge bientôt de délivrer une prostituée mineure de ses souteneurs.

Infos utiles : TAXI DRIVER a reçu la Palme d'Or lors du Festival de Cannes 1976. L'histoire personnelle est tirée de l'expérience personnelle de l'auteur et réalisateur Paul Schrader (La féline, Affliction), qui signe le scénario de TAXI DRIVER et d'autres films de Scorsese. C'était Jeff Bridges (The big Lebowski, True grit) qui devait au départ interpréter le rôle de Travis Bickle. Brian De Palma (Le Dahlia noir, Scarface) fut un temps intéressé pour adapter le scénario de Schrader, qu'il trouvait sensationnel. Afin de s'imprégner son rôle, Robert De Niro travailla un mois comme chauffeur de taxi et étudia différentes formes de maladies mentales. Martin Scorsese apparaît dans son propre film, puisqu'il joue l'un des clients de Travis Bickle, où il explique à ce dernier qu'il veut tuer sa femme qui le trompe.

Ma critique : TAXI DRIVER illustre la descente aux enfers d'un jeune homme rongé par la solitude et l'ennui, à la recherche d'un but, après avoir passé des années au front lors de la guerre du Vietnam. Il n'y a pas besoin de rappeler la violence de cette guerre et combien elle marqua les esprits des vétérans. C'est juste après son retour au pays que le film se situe. On n'assiste alors à la personne qu'est Travis Bickle seulement après. Le film commence avec une scène d'ouverture présentant de façon directe le personnage principal, qui a dessein de s'inscrire dans un club de taxi, afin selon lui d'occuper ses nuits. Il renseigne alors le patron comme le spectateur de son identité et de son passé. Quelques plans plus tard, il se retrouve au volant de son taxi, qu'il ne quittera pas jusqu'à la fin du film. TAXI DRIVER montre la solitude infernale et profonde d'un homme qui repart de zéro, qui a assisté auparavant à une guerre d'une incroyable violence, qui n'est jamais évoquée dans la suite du film. Scorsese livre de façon subtile, en plus d'une analyse psychologique, une critique de cette guerre déshumanisante et sur les conséquences morales qu'elle a apportée. Le réalisateur parvient à faire le portrait d'un homme pour qui on a de l'empathie, mais par des moyens qui ne sombre pas dans la facilité des clichés. Le personnage joué par Robert De Niro (Racing Bull, Voyage jusqu'au bout de l'enfer) reste intelligent et a une véritable réflexion, mais est dominé par la jungle qu'est New York par la simplicité du personnage. On le voit donc échouer lorsqu'il désire sortir avec une jeune fille, interprétée par la belle Cybill Shepherd (Alice, Une femme disparaît), où il ne sait comment s'y prendre avec les femmes, et qui l'emmène maladroitement voir un film pornographique, une occupation qu'il va alors retrouver sans véritable intérêt dans certaines de ses nuits de solitude. La seule trace de vie laissée par Travis est son journal intime, qu'il écrit tout au long du film et qu'il nous lit, lui permettant de ne pas sombrer dans l'oubli. Il est aussi à la recherche d'un but, dépassé par la violence qui règne dans la ville de New York, entre les meurtres, la drogue et la prostitution. Certains évènements vont être déclencheurs d'une fusion intérieure chez le héros, exprimée notamment lors d'une scène où De Niro met une pastille dans un verre qui va pétiller peu à peu, comme son échec sentimental et la dépression de l'un de ses clients, interprété avec habileté par Martin Scorsese, prêt à tuer sa femme, dans une scène magistrale et pleine de tension, dont le spectateur ne connaîtra pas la fin, ce qui créer un sentiment d'insécurité qu'il ressent ainsi que le héros. Travis va alors se transformer et sombrer vers une face cachée. Il va ensuite trouver son but, celui de délivrer une jeune prostituée, interprétée par la jeune Jodie Foster (Carnage, Panic Room), dans son premier rôle, de son proxénète, interprété par le grand Harvey Keitel (Reservoir dogs, Une nuit en enfer), qui va même improviser certaines scènes du film. Robert De Niro joue de façon irréprochable un jeune homme seul, rongé par la solitude et le désir d'être une personne normale et d'arrêter de se regarder, selon lui. TAXI DRIVER s'achève de façon inattendue, bouleversant tout le rythme du film. Le film sombre donc vers une violence indescriptible à travers une scène presque absurde et ironique, Scorsese n'allant pas de main morte dans les effets gores. Une scène finale, de façon concluante, ajoute une touche mélancolique au film. Avec TAXI DRIVER, Martin Scorsese signe un grand classique, mettant en scène le portrait d'un homme torturé comme il en avait encore jamais été fait au cinéma, et qui ne sera jamais égalé. Le film permet aussi à Robert De Niro de lancer sa grande carrière, qui s’essouffle actuellement, mais qui sera marquée à jamais par ce film.

Robert De Niro dans son taxi

Voici un court métrage réalisé par Michel Gondry (The green hornet, Eternal sunshine of the spotless mind) qui reprend la trame de TAXI DRIVER :

samedi 14 avril 2012

Le stratège

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de LE STRATÈGE, un film américain réalisé en 2011 par Bennett Miller.


Titre : Le stratège
Réalisation : Bennett Miller
Acteurs : Brad Pitt, Jonah Hill, Philip Seymour Hoffman, Robin Wright, Kerris Dorsey, Chris Pratt...
Année de sortie : 2011
Genre : Drame

Synopsis : Espoir déchu du base-ball des années 80, Billy Beane dirige aujourd'hui l'équipe des Oakland Athletics. Contraint de la faire tourner avec un budget misérable comparé à celui des grands clubs, il assiste, impuissant, au passage à la concurrence de ses meilleurs joueurs. Avec l'aide de Peter Brand, un jeune analyste à peine sorti de l'université, il va mettre au point un système révolutionnaire : utiliser des statistiques complexes pour sélectionner des joueurs dont personne ne veut mais qui, ensemble, pourraient lui permettre de gagner des matches. Evidemment, tout le monde le prend pour un fou...

Infos utiles : LE STRATÈGE a reçu les prix du meilleur scénario pour Steven Zaillian et Aaron Sorkin et du meilleur acteur pour Brad Pitt lors du New York Film Critics Awards 2011. Le film a été tourné dans cinq stades de baseball différents : le Dodger Stadium, le Fenway Park, le Blair Field, le Stengel Field, et dans l'Oakland-Alameda County Coliseum. Afin de rendre plus crédible le film, la production a fait appel à de véritables joueurs, comme Stephen Bishop, Royce Clayton et Nick Porrazzo, et à de véritables recruteurs, comme Ken Medlock, Barry Moss et Phil Pote. Brad Pitt a rencontré le véritable entraîneur de baseball qu'il joue, afin de lui demander des conseils. Le budget du film est estimé à 50 millions de dollars. LE STRATÈGE est adapté du roman américain "Moneyball" écrit par Michael Lewis.

Ma critique : On retrouve en tête d'affiche du STRATÈGE l'incontournable, le fabuleux Brad Pitt, acteur aux multiples facettes et qui produit le film aux côtés des producteurs du sublime The Social Network, du maître David Fincher (Fight Club, Zodiac). Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si le scénario se retrouve dans leurs mains, car la trame des deux films ont de grands points communs. Les films de Miller et Fincher traitent tous deux des coulisses d'un sujet, sans créer un lien direct avec le thème. C'est pour cela que LE STRATÈGE, traitant du baseball, parvient autant à passionner les fans de ce sport que les indifférents, dont je fais partie. J'ai donc trouvé dans ce film un véritable intérêt, malgré ma réticence pour le sujet, tout comme pour le film de Fincher, qui racontait l'histoire du site Facebook. LE STRATÈGE n'est pas une sorte d'éloge du baseball. Il se centre davantage sur les coulisses de ce sport, et les relations plus ou moins tendues entre les personnages. Sur les 2h13 du film, très peu sont consacrées au sport en lui-même. On suit donc les négociations, les statistiques et les débats autour des échanges et de la vente des joueurs. Ce qui fait le charme de ces films et qui les rend captivants, c'est la combinaison indispensable d'un bon casting et d'un scénario bien construit. Miller respecte bien cela, avec un scénario et des dialogues captivants apportant une touche d'humour toujours présente qui permet d'aérer un film bavard et complexe. Le film s'ouvre avec une incroyable scène silencieuse, bordée seulement par le bruit d'une radio annonçant la défaite du club de baseball la nuit, permettant au spectateur de pénétrer immédiatement dans les entrailles du recruteur désespéré. Cette scène passée, on repart donc à zéro, comme les personnages, afin de suivre la reconstruction d'une équipe, avec notamment une méthode révolutionnaire que Brad Pitt va mettre au point avec son futur ami Peter Brand. Le film ne sombre jamais dans le cliché et, à notre grande surprise, ne cède pas aux facilités de réalisation en nous épargnant les morales pseudo-émotives américaines. LE STRATÈGE est aussi un film humain, s’intéressant de façon subtile à la psychologie des personnages, mais sans jamais oublier de mettre en relation le sport et le travail du héros avec sa vie privée. On retrouve dans LE STRATÈGE Brad Pitt (Burn after reading, L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford), le Robert Redford de la nouvelle génération, qui depuis Mr. and Mrs. Smith a su faire la part des choses et a choisis de quitter les grosses productions hollywoodiennes pour se centrer sur des films plus personnels, s’intéressant davantage à son jeu qu'à sa belle gueule. On le retrouve donc toujours aussi incroyable. On retrouve à ses côtés l'acteur habituellement comique Jonah Hill (SuperGrave, Funny People), qui dévoile sa capacité à jouer aussi des rôles sérieux, Philip Seymour Hoffman (Truman Capote, Good morning England), toujours aussi bon et Robin Wright (Forrest Gump, Jeux de pouvoir), dans le rôle de la femme du héros. LE STRATÈGE, à l'inverse de The social network, est constitué d'une mise en scène moins visible et moins graphique, mais qui ne diminue en rien le véritable plaisir de regarder le film.

Brad Pitt (à gauche) et Jonah Hill (à droite)

samedi 7 avril 2012

The dead

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de THE DEAD, un film anglais réalisé en 2010 par les Frères Ford, leur tout premier film, qui s'avère être un véritable bijoux du cinéma d'horreur, à classer dans votre dvdthèque entre les cultes Zombie (De George A. Romero), I walked with a zombie (De Jacques Tourneur) et L'enfer des zombies (De Lucio Fulci).


Titre : The dead
Réalisation : Howard J. Ford
Acteurs : Rob Freeman, Prince David Osei, Fae Ford-Brister, David Dontoh, Chamberlain Dembele, Sergho Dak Jean Gustaphe, Katy Richardson...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : Seul survivant au crash de son avion, ultime vol d'un gigantesque plan d'évacuation, l'ingénieur de l'Air Force Brian Murphy tente de survivre dans une savane africaine infestée de zombies. Des morts-vivants qui déferlent de partout, monstres au regard vide et affamés de chair humaine...
Bientôt rejoint par Daniel Dembele, un militaire sur les traces de son fils disparu, Murphy s'engage dans un voyage au bout de l'horreur, au coeur d'un monde qui, déjà, a basculé dans le chaos...

Infos utiles : Le tournage de THE DEAD a eu lieu entièrement au Ghana et au Burkina Faso, en Afrique. Celui-ci n'a pas été de tout repos puisque l'équipe du film s'est fait braquée et volée dès le premier jour de tournage, a du corrompre la police afin de les laisser tourner, l'acteur principal a frôlé la mort, atteint de la malaria, et le jour de départ, leur voiture a été criblée de balles par des soldats. THE DEAD a été nominé pour un grand nombre de prix dans les festivals Paris International Fantastic Film Festival 2011 et Fantastique Semaine du cinéma de Nice 2011, comme pour le prix du Meilleur Film ou le Prix du public.

Ma critique : THE DEAD revient aux origines du film de zombies, qui disparaissaient peu à peu, remplacées par la nouvelle vague des films de "zombies" qui courent, appelés désormais "infectés". Les frères Ford ont le courage de revenir aux sources, largement inspirés par les maîtres des morts-vivants, comme l'italien Lucio Fulci (Frayeurs, La maison près du cimetière), où l'on trouve dans THE DEAD certaines similitudes avec L'enfer des zombies, qui traitait du vaudou, et les films de l'américain George A. Romero (La nuit des morts-vivants, Survival of the dead), où l'on retrouve le même style de zombies que Zombie. Malgré un budget médiocre et un tournage chaotique, les frères Ford parviennent à transporter le spectateur dans un univers peu exploité, et dans une nature totalement originale dans les films de zombies, l'Afrique. On oublie donc les grandes villes américaines remplies de morts-vivants dans des endroits plus étroits les uns que les autres, pour se retrouver de plein jour dans une nature vide, très vaste, aux grandes étendues. Tout est donc dévoilé au spectateur et aucune cachette n'est possible. Le choix de cette nature renvoie aux origines de la maladie, le vaudou, malheureusement exploité trop rarement dans le cinéma de genre. Cette nature et cette luminosité, à la fois claires et chaudes, aux dominantes jaunes, accentuées par les couleurs du désert, apportent un contraste magnifique entre la peau des zombies et cette nature sèche, morte, comme la plupart des êtres qui l'occupent. Les deux réalisateurs choisissent aussi de mettre en scène, d'une façon qu'ils justifient parfaitement, de véritables zombies façon Romero afin, selon l'un des deux frères, de ne pas faire un film d'action, comme les films d'"infectés" de nos jours. Malgré le manque d'argent, les effets spéciaux restent impressionnants, avec une quantité de sang et de gore tout à fait respectable, notamment une scène incroyable où le héros renverse un zombie en voiture et l'achève en lui roulant sur le crâne, tout cela en plan d'ensemble. Cependant, on retrouve quelques maladresses, comme deux faux-raccords plutôt voyants, et l'on ressent quelques longueurs vers le milieu du films, mais qui sont compensées par la beauté des paysages qu'elles nous dévoilent. Tout au long de THE DEAD, les frères Ford parsèment le film de plans esthétiques d'une nature sublime. Ce qui fait de THE DEAD un film constamment angoissant, c'est l'apparition omniprésente de zombies dans le cadre, en arrière-plan, où de courts plans de morts-vivants, servant de transitions, afin de rappeler au spectateur que la menace est toujours présente, et que le héros n'est jamais à l'abri de tout. THE DEAD est servi par un casting honnête voire quelque peu médiocre notamment avec un Rob Freeman (Il faut sauver le soldat ryan, Ten dead men) peu convaincant lorsqu'il ouvre la bouche, ce qui explique sa petite quantité de dialogues, ceux-ci maîtrisés de façon à ce que le film ne sombre jamais dans le ridicule. THE DEAD s'achève avec une fin ouverte, mais expliquant que le danger est omniprésent, que la fuite est indispensable et qu'il n'y a nulle part où se cacher. Les frères Ford nous livrent donc une perle du cinéma de zombies, bouleversant le genre, que l'on peut déjà considérer comme un film culte et qui, on l'espère, sera sujet à une suite, que les deux fans des films de zombies ont projet de tourner.

CLIQUEZ ICI pour visiter le site officiel de THE DEAD et retrouvez sur notre page Facebook notre liste des dix meilleurs films de zombies.

Les zombies de THE DEAD, dont celui-ci qui a une fort ressemblance
avec ceux de I walked with a zombie de Jacques Tourneur

Superbe Affiche de THE DEAD où le crâne est en forme du continent africain. 

lundi 2 avril 2012

Source Code

Bonjour ! Je vais aujourd'hui vous parler de SOURCE CODE, un film américain réalisé en 2011 par Duncan Jones, après son premier film Moon, réalisé en 2009.


Titre : Source Code
Réalisation : Duncan Jones
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jeffrey Wright, Michael Arden...
Année de sortie : 2011
Genre : Science-fiction

Synopsis : Colter Stevens, membre d'un projet expérimental top secret, appelé Source Code, est envoyé dans le passé pour revivre en boucle les huit dernières minutes du passager d'un train avant qu'il n'explose. Sa mission : identifier les auteurs de l'attentat afin de prévenir une nouvelle attaque. La course contre la montre commence...

Infos utiles : SOURCE CODE est en partie produit par Vendôme Pictures, une petite maison de production française, fondée par Philippe Rousselet ainsi que par le présentateur télé Arthur. Topher Grace (Spider-man 3, That '70s Show) devait à l'origine interpréter le rôle de Colter, avant de céder sa place à Jake Gyllenhaal.

Ma critique : SOURCE CODE est le deuxième long-métrage de Duncan Jones, le fils du célèbre chanteur anglais David Bowie, après son premier coup de maître, Moon, magistralement interprété par Sam Rockwell (Confessions d'un homme dangereux, Iron Man 2), et qui affirmait les débuts du jeune réalisateur dans la science-fiction. Après ce premier essai incroyable, déjà perfectionniste, malheureusement sortit en Direct to DVD, le cinéaste peut s'offrir une sortie en salle avec SOURCE CODE, au scénario prometteur, deux ans seulement après Moon. Avec un budget plus large mais toujours restreint, il se débrouille parfaitement  à s'appuyer sur une question qui semble tourmenter l'esprit du jeune réalisateur, celle de l'utilisation de l'homme à son insu, à des fins technologiques et humanitaires. Duncan Jones livre avec SOURCE CODE un thriller psychologique sur fond de science-fiction, qui a le mérite d'être construit par un scénario purement original, ce qui change des actuels remakes, suites ou préquelles, réalisés par des cinéastes pour la plupart en manque d'inspiration, à l'inverse totale du jeune fils Bowie. Après un générique sur des plans aériens majestueux de Chicago, mettant en avant la densité des moyens de transports et de la population américaine, Jones place le spectateur au même niveau que le personnage principal, qui ne sait qui il est, où il est, ni qu'est ce qu'il y fait. On découvre alors ces réponses en même temps que lui, le spectateur étant manipulé par le réalisateur tout autant qu'il le fait avec son personnage. Après une explication brève mais efficace de la situation, le spectateur, toujours du point de vue interne, va mener l'enquête, comme le héros, tout au long du film, prenant le temps de s'interroger sur chaque détail d'une même scène qu'il va revivre plusieurs fois. Jones parvient à maintenir le spectateur en haleine dans un huit-clos mobile, avec des actions diversifiées, et une intensité des dialogues toujours constante. On retrouve dans SOURCE CODE de nouveau un jeune acteur, plus célèbre cependant que le héros de Moon, Jake Gyllenhaal, au physique avantageux, parfait dans un costume aux couleurs métalliques, qui sait alterner entre blockbusters, comme Prince of Persia ou Le Jour d'après et films au public plus restreint, comme l'incontournable Zodiac, ou encore le film qui lança sa carrière, alors encore jeune, le sublime Donnie Darko. Gyllenhaal, au top de sa forme, interprète de façon irréprochable - comme on aimerait davantage le voir - un personnage intensif et bouleversent, avec toujours cette touche de fine ironie qui lui est propre.  On retrouve Michelle Monaghan (Mission Impossible : Protocole Fantôme, Date limite) dans le rôle de sa femme, Vera Farmiga (Les infiltrés, Esther) et Jeffrey Wright (Broken flowers, Quantum of solace), qui n'apportent aucune véritable présence en plus de celle imposante de Gyllenhaal, mais qui fondent comme il le faut le contexte infernal de la situation du héros. On retrouve ici, comme dans Moon, où le grand Kevin Spacey (Usual Suspect, Las Vegas 21) prêtait seulement sa voix au robot, un autre acteur absent de l'écran mais présent par sa voix, Scott Bakula (American Beauty, Chuk), prêtant sa voix au père du héros, au moment de l'appel.  SOURCE CODE dispose d'une image numérique tout à fait remarquable, apportant au film un aspect technologique et moderne. La seule chose que l'on pourrait reprocher au cinéaste, c'est de ne pas avoir de nouveau fait appel à un grand compositeur pour la bande originale du film, comme la superbe musique du film Moon, du compositeur Clint Mansell, connu pour ses bandes originales de Donnie Darko et Requiem for a dream. Le film s'achève avec une fin quelque peu complexe mais laissant court à l'imagination du spectateur, de la même manière que le premier film du réalistaur. Duncan Jones, de façon très perfectionniste, réalise avec SOURCE CODE un thriller futuriste original et riche, qui ne laisse pas indifférent, et qui promet une longue carrière au jeune cinéaste, qui le mérite largement.

CLIQUEZ ICI pour découvrir le site officiel de SOURCE CODE.


Jake Gyllenhaal nous a impressionné en 2012 en interprétant de façon magistrale et inattendue le rôle d'un tueur en série fou et assoiffé de sang dans le clip de la chanson "Time to dance" du super groupe français The shoes, prouvant la capacité du jeune acteur à interpréter diverses rôles, et ceux-ci d'une certaine profondeur. Ce clip d'environ huit minutes, à travers une image granuleuse et colorée sublime, exprime les tréfonds d'un homme physiquement normal, mais intérieurement rempli d'une rage extrême, d'une façon rarement exploitée dans le cinéma.

Voici le clip :

samedi 31 mars 2012

La dame en noir

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! La célèbre production britannique Hammer, après son retour fulgurant en 2008 avec Morse de Tomas Alfredson (La taupe), nous livre une autre grande surprise, LA DAME EN NOIR, de James Watkins (Eden Lake), qui renoue avec le style gothique de la production qui avait cessé toute activité en 1979.


Titre : La dame en noir
Réalisation : James Watkins
Acteurs : Daniel Radcliffe, Ciaran Hinds, Janet McTeer, Liz White, Shaun Dooley, Roger Allam...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur/Epouvante

Synopsis : Jeune clerc de notaire à Londres, Arthur Kipps ne se remet pas de la mort de sa femme à la naissance de leur fils, quatre ans plus tôt. Envoyé en province pour régler la succession d'une vieille excentrique, il rencontre des villageois traumatisés par des évènements dont ils ne veulent même pas parler...

Infos utiles : LA DAME EN NOIR est adapté du roman anglais "The woman in black", écrit par Susan Hill et publié en 1983. Depuis sa publication, le roman a été adapté plusieurs fois au théâtre et même à la télévision avec un téléfilm du même nom. Afin d'éviter un format d'image traditionnel des films d'horreurs, James Watkins a choisit de tourner en 2.35 à la place du 1.85.

Ma critique : La Hammer revient en force avec LA DAME EN NOIR, respectant les codes de ses films d'horreurs gothiques des années 70, mais avec une image et une technique moderne. James Watkins, le réalisateur de l'incroyable Eden Lake, parvient à créer une peur rare et originale, celle apportée par des apparitions silencieuses dans le dos du personnage, dont le spectateur seul commence par les voir, lui laissant le doute de l'authenticité des visions. Les fantômes et esprits, modernisés avec le temps, qui triomphent actuellement dans les films d'horreurs comme Paranormal activity d'Oren Peli, ont ici une approche plus classique, renouant avec le film de fantôme gothique, laissant place à de simples apparitions et détails, mais foudroyant d'effroi et d'angoisse. LA DAME EN NOIR respecte ses ancêtres avec un début typique des films de la Hammer, dans la ligné des Dracula, où un jeune homme naïf - ici notaire, comme Jonathan Harker - a comme mission de s'occuper d'une vieille et grande demeure, n'ayant bien évidemment pas suivit les avertissement des villageois hostiles. Après une arrivée dans la maison hantée à travers de grands paysages majestueux sans fin, le héros va peu à peu trouver raisons aux préventions des habitants. Cette trame oubliée depuis les derniers films de la production britannique fait un retour jubilatoire, permettant aux fans des classiques de l'épouvante de redécouvrir cet émerveillement à travers une technologie évoluée et des acteurs de notre époque. James Watkins visite certes tout les clichés de l'épouvante, mais avec une finesse et une parfaite façon de les filmer, rendant l'ennuie et le ridicule impossibles. On retrouve dans LA DAME EN NOIR le post-Harry Potter, Daniel Radcliffe, qui parvient à lâcher ses lunettes et sa baguette magique et à se démarquer de la saga à succès, comme l'avait fait Leonardo DiCaprio après Titanic (De James Cameron). Le jeune acteur, au physique d'enfant, joue pourtant un jeune homme de 22 ans, à l'instar des héros très jeunes de l'âge d'or de la Hammer. Il parvient parfaitement, en toute modestie, à jouer son personnage, un personnage naïf, honnête, bon et innocent, à qui il arrive une succession de malheurs, avec des yeux bleus en parfaite harmonie avec les couleurs froides et bleuâtres du film. On retrouve aussi Ciaran Hinds (La taupe, Bons baisers de Bruges), qui avait déjà joué aux côtés de Radcliffe dans Harry Potter et les reliques de la mort, juste, dans un personnage amical et touchant. LA DAME EN NOIR, munis d'un budget moyen, parvient à nous offrir une nature anglaise sublime, à dominante d'un bleu très froid, jouant avec des touches de jaune, notamment à travers de grands plans de vastes plaines, où le héros s'aventure, la nature prenant le dessus de l'homme, comme l'avait fais Werner Herzog dans Nosferatu, fantôme de la nuit, où le jeune Harker, interprété par Bruno Ganz, arpentait les collines humides d'une nature glaçante. Le film de Watkins s'achève avec une fin crue, à l'instar du très bon Jusqu'en enfer de Sam Raimi (Evil dead, Intruder) mais finalement enjolivée, pour finalement finir avec un plan final majestueux et ironique. LA DAME EN NOIR renoue donc avec un genre longtemps enfouit que long exhume enfin pour livrer un film d'épouvante gothique et classique, avec une grande peur et une angoisse omniprésente, rare dans la vague gore et commerciale des films d'horreurs actuels, permettant à Daniel Radcliffe de se détacher de son personnage d'Harry Potter.

Voici le site officiel de LA DAME EN NOIRhttp://www.ladameennoir-lefilm.com
Et cliquez ICI pour visiter le site officiel de la Hammer Production

Daniel Radcliffe

Daniel Radcliffe
Ciran Hinds

dimanche 18 mars 2012

38 témoins

Bonjour chers lecteurs et lectrices ! Je vais vous parler aujourd'hui de 38 TÉMOINS, un film français réalisé par Lucas Belvaux (Rapt, La raison du plus faible) en 2012.


Titre : 38 témoins
Réalisation : Lucas Belvaux
Acteurs : Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia, François Feroleto, Natacha Régnier, Patrick Descamps, Didier Sandre...
Année de sortie : 2012
Genre : Drame

Synopsis : Une nuit, dans une rue du Havre, une femme est sauvagement assassinée. Les habitants de l'immeuble au pied duquel elle est morte jurent n'avoir rien vu ni entendu, excepté un pilote de bateau, peu à peu rongé par le remords.

Infos utiles : 38 témoins est adapté du roman "Est-ce ainsi que les femmes meurent ?" de David Decoin, dont l'histoire se situe à New York dans les années 60. Le tournage a eu lieu pendant 8 semaines, en février et mars 2011, dans la ville du Havres et ses alentours.

Ma critique : 38 TÉMOINS commence comme un polar sombre, avec des plans froids de bateaux à containers, d'une dominante de bleu, déshumanisant le film, également dans les plans qui suivent, ceux d'un cadavre dans le hall d'un immeuble. Cette ambiance glacial, sans aucune source de vie, à l'instar de la scène d'ouverture de The Ghost writer de Roman Polanski (Le pianiste, Chinatown), cloue le spectateur dans son fauteuil. Cet aspect de polar va pourtant se dissiper dans la suite du long-métrage, pour laisser place à une réflexion sur le refus de s'adonner à la souffrance et a exécuter une rédemption, tout en titillant l'ampleur de la "non-assistance à personne en danger". La présentation du personnage principal est faite par l'intermédiaire du meurtre et de la police lors des témoignages des voisins. Le spectateur ne sait donc rien du personnage avant le terrible évènement. 38 TÉMOINS aborde un sujet banal mais dont la question n'est pourtant rarement relevé : celle du regret de la "non-assistance à personne en danger". Cette question n'avait pas lieu dans le roman, se déroulant aux Etats-Unis, où cette loi est inexistante. Belvaux situe l'histoire dans le Havre, petite ville pourtant tranquille, qui va correspondre totalement au climat glacial et vide du film. Le meurtrier est ingénieusement retiré de l'histoire, pour ne laisser place qu'à la réflexion des personnages, afin de ne pas sombrer dans le film policier. Malgré un casting réussi, on retrouve malheureusement de fortes longueurs à travers des dialogues lourds et trop appuyés, enlevant une grande crédibilité au film. Les ressorts de l'histoire sont également tous livrés des le début du film, ce qui semble au spectateur n'avoir plus aucune découverte dans la suite du film. Malgré tout, le génie du réalisateur belge se retrouve à travers des détails subtils, comme une scène où Yvan Attal avoue ce qu'il a vu et entendu à sa femme, alors qu'elle dort, laissant à celle-ci ainsi qu'au spectateur le doute de l'existence de ces aveux, et le voisin qui apparaît inexplicablement sur son balcon pour observer le personnage de Pierre, rappelant sans conteste un autre film sublime de Roman Polanski : Le locataire. On retrouve dans 38 TÉMOINS Yvan Attal (Rapt, New York, I love you) d'un physique particulier et d'une humanité extraordinaire, jouant avec perfection la destruction intérieure d'un homme, dont Belvaux donne cependant trop la parole, empêchant un jeu davantage silencieux, qui forme pourtant le charme du personnage, une Sophie Quinton (Poupoupidou, Le Skylab) quelque peu insupportable, ne faisant que déclarer ses répliques, dépourvu de personnalité, mais qui colle justement à son rôle, un rôle fantomatique. On retrouve également Nicole Garcia (Pourquoi tu pleures ?, Les bureaux de Dieu), frôlant un jeu excessif, le juste François Feroleto (Asylum) et l'excellent Didier Sandre (Train d'enfer, Memory lane) en procureur strict mais honnête. Le film s'achève par une fin relevant un rythme essoufflé par ses quelques longueurs, en mettant en scène une reconstitution incroyable du meurtre. 38 TÉMOINS se démarque des thrillers français actuels par la création d'une ambiance glacial rare et originale, et permet à Yvan Attal de se surpasser.

Yvan Attal et Sophie Quinton

samedi 10 mars 2012

[REC] 3 Génesis

Bonjour ! Je vais aujourd'hui vous parler en avant-première du film espagnol [REC] 3 GENESIS, troisième volet de la saga [REC], qui sortira dans nos salles le 4 avril 2012. J'ai pu le voir en avant-première au cinéma le Grand Rex le mercredi 7 mars, en présence de l'équipe du film.


Titre : [REC] 3 Génesis
Réalisation : Paco Plaza
Acteurs : Leticia Dolera, Diego Martin, Ismael Martinez, Alex Monner, Claire Baschet, Sr. B, Jana Soler, Emilio Mancheta...
Année de sortie : 2012
Genre : Horreur

Synopsis : C'est le plus beau jour de leur vie : Koldo et Clara se marient ! Entourés de leur famille et de tous leurs amis, ils célèbrent l'évènement dans une somptueuse propriété à la campagne. Mais tandis que la soirée bat son plein, certains invités commencent à montrer les signes d'une étrange maladie. En quelques instants, une terrifiante vague de violence s'abat sur la fête et le rêve vire au cauchemar... Séparés au milieu de ce chaos, les mariés se lancent alors, au péril de leur vie, dans une quête désespérée pour se retrouver...

Infos utiles : [REC] 3 GENESIS est le premier volet de la saga [REC] à être distribué par la compagnie américaine Fox Searchlight Pictures, qui a acquis les droits de la franchise en 2011. Comme son titre l'indique, le film se déroule avant [REC] et [REC] 2.

Ma critique : [REC] 3 GENESIS est le troisième volet d'une franchise qui a démarré fort avec un [REC] dynamique et sanglant à souhaits, pour sombrer dans le ridicule avec [REC] 2, tous deux réalisés par Paco Plaza (Les enfants d'Abraham, L'enfer des loups) et Jaume Balaguero (Malveillance, A louer). Pour le troisième épisode, Jaume Balaguero laisse sa place de réalisateur à Paco Plaza seul, pour s'occuper de la production. Jaume Balaguero réalisera cependant le prochain [REC] Apocalypse. Plaza a donc le champ libre pour exprimer son imagination. Dans le souci d’essouffler - encore plus - la saga, il prend donc l'ingénieuse mais lourde résolution de transgresser les codes d'une franchise qui virait dans la prétention et le n'importe quoi. Il prend donc l'énorme risque - de décevoir les fans - d'arrêter le procédé fort à la mode actuellement, celui du found-footage, utilisé dans un but uniquement commercial depuis son apogée avec [REC], venant à l'origine de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato. Il prend aussi le risque de mélanger humour et horreur. Ces deux intentions fort généreuses mais risquées démontrent déjà un aspect auto-dérisoire de la franchise qui commençait à se prendre largement au sérieux, notamment par la présence de Balaguero. Cependant l'humour de [REC] 3 GENESIS est mal exploitée par le réalisateur. Plaza ne pousse jamais ses limites et rend le spectateur dans une situation délicate où il ne sait où donner de la tête, indéterminé face à l'humour et l'horreur, par un cinéaste qui ne fait que donner de fines touches de pinceau pour chaque élément, sans jamais les exploiter. De très bonnes idées sont tout de même présentes, comme le personnage de "John l'Eponge" et la séquence géniale, accompagnée de violons grinçants, où le personnage de Koldo découvre une armure pour l'enfiler afin de sauver sa dulcinée, accompagné d'un autre, lui aussi en armure, qui disparaîtra de façon hilarante. Cela rappelle sans conteste le dément Evil dead 3 - Army of Darkness, de Sam Raimi (Trilogie Spider-man, Jusqu'en enfer). [REC] 3 GENESIS commence à l'instar des deux premiers. Un faux menu de DVD s'affiche alors à l'écran, et un diaporama de photographies de mariage est lancé, puis suivent des images filmées par des caméras subjectives du même évènement. On reste donc dans la tradition du found-footage. Cependant après une scène de massacre beaucoup trop rapide, la caméra est subtilement cassée (voir la bande-annonce). Aucune preuve de l'évènement n'est donc possible. Le film se transforme donc en "véritable film", de façon très réjouissante pour les yeux du spectateur. Quelques clins-d'oeil seront tout de même introduits par la suite à travers des caméras de surveillance où la vision infrarouge d'une caméra utilisée par les personnages pour se frayer un chemin. C'est peut-être ce changement de mise en scène qui explique le manque important d'originalité dans les scènes de "zombies", toutes caractérisées par une simple apparition de ceux-ci dans le dos d'un personnage, puis très vite éliminé. De plus, après une courte scène de massacre expédiée, où la quasi-totalité des personnages ont trouvés la mort, les quelques survivants trouvent la leur dans le quart-d'heure qui suit, laissant donc la place au couple de mariés pour le restant du film, alors que l'on s'attendait à un véritable massacre tout au long du film, comme ses deux prédécesseurs. Les caractéristiques des infectés changent quand cela arrange le réalisateur, hésitant entre le zombie classique de Romero (La nuit des morts-vivants, Survival of the dead) et celui qui court, pour finalement laisser place à des espèces de vampires, craignant la religion. En plus de l'humour, le cinéaste introduit une véritable histoire d'amour au film, celle du couple de mariés, avec de trop nombreuses scènes d'amour entre les deux personnages, cassant un rythme de film d'horreur effréné, désiré par le réalisateur espagnol. On retrouve dans [REC] 3 GENESIS un casting inconnu en France, mais dont les deux personnages principaux sont des vedettes en Espagne. On retrouve donc la belle Leticia Dolera (Disparitions, Man push cart), excellente en marié révoltée et rancunière, qui nous livre une phrase ironique et puissante déjà culte, présente dans la bande-annonce : "c'est mon jour", armée d'une tronçonneuse et prête à découper du zombie. Son jules est interprété par Diego Martin (Manolete, Les borgia), surmené, sachant jouer de façon fine et expressive avec ses expressions physiques. [REC] 3 GENESIS s'achève avec une fin quelque peu bâclée et cédant à une énorme facilité, précédent une scène finale esthétique et forte, pour déboucher sur un plan final symbolique bouclant ce conte horrifique, mais n’annonçant malheureusement pas le quatrième volet de la saga. [REC] 3 GENESIS est donc un film plein de défauts, avec un scénario mal exploitée, pourtant munis d'un lieux et d'un contexte supers : le mariage. Le film est tout de même constitué de très bonnes idées, et ose certaines choses qui affirment un certain courage chez le metteur en scène, celui de l'auto-dérision, de l'humour et d'une mise en scène originale et modeste, constituée de certains plans majestueux, jouant avec des couleurs orangeâtres, qui montre au spectateur que c'est parfois l'intention qui compte, pardonnant les erreurs techniques d'un film certainement pas nul, et qui révèle la réflexion intelligente de Paco Plaza.

Voici le site officiel de [REC] 3 GENESIS, très bien fait, pleins de téléchargements gratuits et d'informations : http://sites.wildside.fr/rec3/index.html

Leticia Dolera
















Leticia Dolera et Diego Martin



















Voici la superbe affiche promotionnelle de [REC] 3 GENESIS, simple mais efficace, avec comme slogan "Ce devait être le plus beau jour de ma vie..." :



lundi 5 mars 2012

Les infidèles

Bonjour ! Je vais vous présenter aujourd'hui un film que je suis allez voir avec réticence au cinéma, LES INFIDÈLES, film français à sketches réalisé par sept réalisateurs.

Voici la bande-annonce quelque peu mensongère de LES INFIDÈLES, sous le doux son de la chanson rock "Have love will travel" de The Sonics :


Titre : Les infidèles
Réalisation : Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Michel Hazanavicius, Eric Lartigau et Alexandre Courtès
Acteurs : Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Alexandra Lamy, Géraldine Nakache, Guillaume Canet, Sandrine Kiberlain, Manu Payet, Isabelle Nanty...
Année de sortie : 2012
Genre : Comédie

Synopsis : Variations sur le thème de l'infidélité masculine à travers plusieurs sketches et intermèdes placés sous le signe de la goujaterie.

Infos utiles : Les affiches publicitaires des INFIDÈLES présentant les acteurs Jean Dujardin et Gilles Lellouche en plein acte d'adultère ont été retirées quelques jours après leur exposition. Selon l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), ces affiches représentaient une image dégradante de la femme. Le tournage s'est déroulé entre mai et juillet 2011, à Paris et à Las Vegas. Jean Dujardin s'est inspiré du titre du film de Marin Scorsese, Les infiltrés, pour donner au sien celui des INFIDÈLES. C'est en apercevant du coin de l'oeil la jaquette du film de Scorsese que Dujardin lut par erreur "Les infidèles".

Ma critique : LES INFIDÈLES, à travers ses affiches et bandes-annonces annoncent une comédie vulgaire et grossière. On découvre cependant en salle la face cachée du film, la plus importante, une face purement dramatique. Il est donc difficile de classer ce film dans "comédie" au lieu de "drame". Effectivement, LES INFIDÈLES présente dans sa bande-annonce toutes ses scènes de parties de jambes en l'air et ses blagues plus grossières les unes que les autres, afin d'attirer un public large dans les salles. Film qui semble au premier abord dénué d'une quelconque profondeur et de subtilité, prouve totalement le contraire. Sans compter les quelques scènes de sexualité plutôt crues et d'une vulgarité complaisante, le film, à travers une dizaine de sketches, d'une courte durée dans l'ensemble, fait le portrait de plusieurs personnages différents joués par deux mêmes acteurs et suivant la même idée générale, l'infidélité, sujet actuel, puisque le taux d'infidélité et de divorce au sein des couples ne cessent d'augmenter. Le film commence et se termine par un même sketche, présenté dans la bande-annonce, donnant le sentiment au spectateur de regretter le prix de sa place. A partir du deuxième sketche, une autre ambiance s'installe et va persister dans la plupart des sketches suivants, une ambiance sombre, noyant le spectateur dans les méandres de la réflexion humaine, à travers des scènes tendues, à l'instar de celles d'Eyes wide shut, de Stanley Kubrick (Orange mécanique, Shining), dans les dialogues tendus entre un couple s'humiliant l'un face à l'autre. Ce sont ces sketches qui forment véritablement le sens caché du film, et sa profondeur intelligente, en n'oubliant cependant pas les doses d'humour potache et noir, parfois même un humour dont le spectateur réalise pas la suite que le "gag" est bien plus dramatique que drôle, à travers des personnage littéralement pitoyables, perdus et seuls, outre les deux du début et de la fin, n'étant autre qu'ingrats. On retrouve dans cette réalisation costaude un grand nombre de réalisateurs et un casting parfait. Pour des courts métrages de quelques minutes à des dizaines de minutes, on retrouve sept - déjà -grand réalisateurs français, dont l'actuellement primé et au sommet du box office français Michel Hazanavicius, réalisateur de l'oscarisé The Artist et des très bon OSS 117, tous deux avec Jean Dujardin. On retrouve également derrière la caméra les acteurs Jean Dujardin et Gilles Lellouche, les metteurs en scènes Emmanuelle Bercot (Backstage, Clément), Fred Cavayé (A bout portant, Pour elle), Eric Lartigau (Pourquoi tu pleures ?, Prête-moi ta main) et Alexandre Courtès (The incident). On retrouve en tête d'affiche Jean Dujardin (The Artist, Brice de Nice) et Gilles Lellouche (Platane, Les petits mouchoirs), jouant tout deux de façon irréprochable. On retrouve en seconds rôles Guillaume Canet (Ne le dis à personne, Les petits mouchoirs), ici très drôle, Manu Payet (L'amour c'est mieux à deux, Coco), qui se dépasse et dévoile un talent comique - il était temps ! -, Alexandra Lamy (Un gars une fille, Ricky), dans un rôle inhabituel et bouleversant, Isabelle Nanty (Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre), pour une fois touchante, et Sandrine Kiberlain (Polisse, Le petit Nicolas). Le film livre finalement une critique de l'infidélité, à travers chaque morale explicite des sketches. LES INFIDÈLES s'achève avec une fin ironique mais quelque peu grossière, dont on aurait pu se passer de quelques plans, mais qui renverse la situation et qui rend les personnages davantage touchants, à travers un sujet relevant certainement d'une réalité. LES INFIDÈLES, malgré quelques scènes dérangeantes et vulgaires, livre une véritable leçon sur la nature humaine, étonnante venant du cinéma français, à travers une mise en scène et des acteurs fascinants.


Voici la chanson "Have love will travel" de The Sonics présente dans la bande originale du film :



Voici les affiches promotionnelles de LES INFIDÈLES, de très mauvais goût :