Titre : World War Z
Réalisation : Marc Forster
Acteurs : Brad Pitt, Mireille Enos, Fana Mokoena, Daniella Kertesz, Elyes Gabel, James Badge Dale...
Année de sortie : 2013
Genre : Fantastique
Synopsis : Un homme se lance dans une course contre la montre pour aider le monde à surmonter ses divisions et faire face à l'apocalypse. Dans tous les pays, par tous les moyens, chacun devra se battre car l'humanité n'a plus qu'un espoir de survie, la guerre.
Infos utiles : WORLD WAR Z est une adaptation du livre éponyme publié en 2009 et écrit par Max Brooks, qui n'est autre que le fils du cinéaste Mel Brooks (La folle histoire du monde, Frankenstein Junior). Brad Pitt à tenu à réaliser les cascades lui-même. La scène d'ouverture, qui se déroule à Philadelphie, à en réalité été réalisé à Glasgow en Ecosse. Brad Pitt, avec sa boîte de production Plan B, a en partie produit le film de Forster.
Ma critique : Alors que le très bon roman de Max Brooks (auteur également du savoureux Guide de survie en territoire zombie) était une sorte de compte-rendu mondial d'une catastrophe passée avec moult histoires différentes et originales qui prenaient place aux quatre coins du monde en conservant pour autant un aspect politique et une forme romerienne du zombie, le film de Marc Forster, à qui l'on doit le très bon Quantum of Solace (2008), va inévitablement à contre courant. Inévitablement car il faut tout d'abord reconnaître la difficulté - l'impossibilité ? - d'adapter un roman de ce genre, d'une part car la durée d'un film, même longue, ne permettrait pas d'explorer la richesse d'une telle œuvre et d'autre part car le schéma du livre est tout simplement inadapté à celui d'un long-métrage, à savoir une succession de cas isolés.
C'est ainsi que le personnage qui narrait le livre en se contentant simplement de retranscrire les témoignages des survivants prend forme, et se doit donc d'être présenté et de permettre au spectateur de s'y identifier. Sentimentalisme oblige, voila qu'on nous impose en plus du héros une femme et ses trois enfants, finalement sans importance jusqu'à la fin de WORLD WAR Z. Autre point remarquablement décevant par rapport au livre, les zombies romeriens sont remplacés par de vulgaires infectés - de qui on peut d'ailleurs contester le terme de zombies, étant donné que l'on ne sait pas si les morts reviennent à la vie et ils n'ont pas l'air attirés par la chair - et ils sont honteusement réalisés par ordinateur, ce qui décrédibilise totalement les créatures, qui en plus de courir se grimpent dessus tels des rats. Si seulement cette identification aux rats avaient été poussée pour orienter le thème de l'infecté vers celui de la rage ou de la peste, avec des créatures supervisées en conséquence, comme l'avait fait Jim Mickle dans Mulberry Street (2011), cela aurait été plus judicieux.
On va de déceptions en déceptions, notamment avec la décrédibilisation de la menace contagieuse liée au manque total de sang et de chair ainsi que l'agaçante manie de Forster de cadrer hors-champ les éviscérations, à croire que Disney soit derrière tout ça, heureusement que la firme n'a pas encore racheté le monopole du zombie. On ne croit pas un instant au danger des infectés et à la menace virale, d'une part car ils ne sont pas réalistes physiquement et d'autre part car leurs capacités - vitesse et force - sont telles qu'elles les rendent quasi-invincibles et fugitifs, au point que la caméra ne semble pas assez rapide pour les suivre.
Malgré cette somme de défauts inadmissibles, le film tente toutefois d'explorer dans sa première partie l'histoire du livre, ainsi que son aspect politique. Après une scène d'ouverture impressionnante d'un embouteillage à Philadelphie envahie d'une minute à l'autre par une foule d'infectés, qui ont de l'allure uniquement lorsqu'ils sont filmés par plans aériens dont Forster abuse quelque peu, et une scène de chaos dans un supermarché, WORLD WAR Z nous emmène en Corée du Sud, pour une scène saisissante à vélo, puis à Jérusalem (en réalité à Malte), où l'on parle enfin politique, mais pas pour longtemps car le personnage principal Gerry Lane, campé par Brad Pitt, arrive comme par hasard au mauvais moment, celui où des infectés attirés par le bruit, une caractéristique plutôt intéressante et bien exploitée, franchissent le gigantesque mur qui borde la ville. Alors que l'on se disait, pour les amateurs du livre surtout, que le film commençait pas si mal, voila que Brad monte à bord d'un avion pour une scène aussi improbable que ridicule, avant de se retrouver jusqu'à la fin du film dans une base scientifique.
C'est à partir de là que le film oublie le schéma du livre et l'évocation mondiale de la catastrophe pour se centrer sur le personnage principal, qui de façon dérisoire va sauver le monde à lui seul, comme si lui seul pouvait apporter une solution au chaos, et en plus quelle solution ! Celle de boire du Pepsi avant de faire face aux infectés, à travers un gros placement de pub qui ne manquera pas de faire rire la salle ? Une fois ingurgitée la dose de pathos et d'héroïsme délivrée par Brad Pitt, pas encore remis de sa publicité pour Chanel - sa coupe en témoigne - et qui n'échappe pas à des ralentis pesants, le film s'achève avec une rapidité jamais vue et telle que le spectateur en reste béat.
Malgré quelques invraisemblances du personnage de Gerry Lane, Brad Pitt (Cogan : killing them softly, Mr. and Mrs. Smith), dont le personnage mériterait plus de relief, parvient à convaincre face aux innombrables invraisemblances de WORLD WAR Z, autant dans son rôle de l'ex agent de l'ONU que dans celui du père de famille ordinaire. On retrouve à ses côtés Mireille Enos (Gangster squad, série The Killing), qui change d'une starlette fluette qui, même si il lui est accordé peu d'importance, incarne un personnage sensible face aux dangers que prend son mari. Mais on retient surtout la performance de la belle Daniella Kertesz, qui se surpasse pour son premier rôle au grand écran, incarnant celui d'une soldate courageuse, répondant parfaitement au personnage de Gerry.
WORLD WAR Z laisserait penser que derrière ce film commercial se cache un film plus subtil et politique, mais non, ce n'est bien qu'une opération commerciale qui ne réussit même pas à apporter aux amateurs de films d'horreurs un complément spectaculaire de scènes d'actions - mise à part les quelques plans aériens efficaces - aux petites productions, que l'on préférera toujours. Le film de Marc Forster est aussi un exemple de plus d'une mauvaise adaptation d'œuvre littéraire. Pour la véritable histoire de zombies à l'échelle mondiale, tournez vous vers le roman, et pour la politique, on préférera l'excellent The bay (de Barry Levinson).
Brad Pitt et Mireille Enos |
Brad Pitt en bon père de famille |
Plan aérien - véritablement filmé depuis un hélicoptère - des infectés en train d'escalader le mur menant à Jérusalem |
Le film par son rythme nous tient en haleine pendant 2 heures, les effets visuels sont très beaux et on décèle tout de même un propos politique. Brad Pitt parvient à insuffler un aspect sérieux au film et c'est quasi un exploit.. Pour un blockbuster, WWZ remplit largement son rôle je trouve, t'es assez dur sur ce coup là Lucas.. Mais je n'ai pas lu le livre, c'est sûrement pour ça.
RépondreSupprimerDadou