"Criera bien qui criera le dernier !"
Titre : L'étrange pouvoir de Norman
Réalisation : Sam Fell et Chris Butler
Acteurs : Kodi Smith-McPhee, Tucker Albrizzi, Anna Kendrick, Casey Affleck, Christopher Mintz-Plasse, Leslie Mann, Jeff Garlin, Elaine Stritch, John Goodman...
Année de sortie : 2012
Genre : Animation, Fantastique
Synopsis : Norman est un gamin isolé. Introverti, il a cette faculté de parler aux fantômes qui errent encore dans notre monde en attendant de trouver la paix. Son oncle, un ivrogne notoire écumant les poubelles de la toute petite ville de Blythe Hollow, a lui aussi ce lien étrange avec l'au-delà. Le jour où il décède d'une attaque, il laisse le soin à son neveu d'empêcher la malédiction de la sorcière de se reproduire. Ce soir, alors qu'on fête l'anniversaire de sa pendaison, elle va déterrer les zombies.
Infos utiles : 31 000 visages miniatures ont été conçus pour animer les personnages. Le personnage de Norman, par exemple, a nécessité 8000 pièces à lui tout seul. Les cheveux de Norman, le personnage principal, sont faits de poils de chèvre, fixés ensemble grâce à du gel et de la colle. Cette chevelure est d'ailleurs composée de 275 piques ! L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est le second long-métrage de la société Laika Entertainment, dont le premier était Coraline (De Henry Selick), réalisé en 2009.
Ma critique : L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN, dont le titre original est Paranorman, beaucoup plus judicieux que le titre français - preuve de notre incroyable talent pour déformer les titres des films et de se défaire d'une quelconque originalité - est une véritable surprise du cinéma d'animation. Tout d'abord pour son approche sensible au cinéma d'épouvante. Ce n'est sûrement pas par hasard que le film soit distribué par Universal, le studio à l'origine de l'âge d'or du cinéma d'épouvante, qui fête par ailleurs ses 100 ans, en nous offrant un certain retour aux sources. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est un film d'animation qui fait preuve de matière et d'un travail appliqué en utilisant la technique du stop-motion. Le travail hyper minutieux des réalisateurs nous livre un véritable spectacle visuel, comme une superbe poursuite en voiture. De nos jours, on a tendance à réfléchir à deux fois avant d'aller voir un film d'animation dans les salles, tant le niveau d'inspiration court à sa perte et que le budget se fait de plus en plus restreint. L'intention n'y est plus, l'originalité non plus, et les dessins ne sont plus que réalisés par ordinateur. C'est avec le film de Sam Fell et de Chris Butler que l'on assiste à un véritable travail technique, qui ne prend pas les enfants pour des imbéciles. Le long-métrage renvoie - malgré une marge de différence - aux petits bijoux de l'animation d'il y a plus de dix voir vingt ans tels que Chicken run et Wallace et Gromit, tous deux faits entièrement de pâte à modeler. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est l'un des rares rejetons de ces ancêtres. On est loin des productions Pixar, Disney ou Burton, et c'est tant mieux. Le film dévoile une sincérité remarquable, preuve que l'on peut en retrouver dans l'animation autre que Disney/Pixar, les clichés et la morale américaine en moins. Le métrage joue d'ailleurs de façon subtile avec ces clichés, en reprenant certains codes du teen-movie. C'est notamment à travers le personnage de Norman que l'on retrouve le plus de tendresse, un personnage sincère, touchant, bouleversé par la perte de sa grand-mère, et qui semble se libérer l'esprit en regardant des films de zombies. Ici donc - et pour une fois - les films d'horreurs, que l'on accuse trop souvent à tort et à travers de pousser les jeunes à exécuter des actes violents, ne sont pas mis ici à l'écart mais bien en avant. Le film d'épouvante n'est pas le facteur des soucis du jeune garçon mais bien une façon de s'en défaire. L'autre force du film est le grand nombre de références cinématographiques au films de genre, comme celle, peut-être un peu trop présente d'ailleurs, du Sixième sens (De Mr. Night Shyamalan), et de classiques comme Halloween (De John Carpenter), Poltergeist (De Tobe Hooper) et Vendredi 13 (De Sean S. Cunningham). Chose que n'oserait ni assumerait pas Tim Burton, le sois-disant génie du fantastique et de l'épouvante, qui s'acharne plus à livrer des oeuvres rentables que artistiques. Le générique de fin renvoie à ceux des films de monstres des années 30. Il est d'ailleurs nécessaire de rester jusqu'à la fin de celui-ci afin d'assister aux secrets de fabrication des personnages à travers une courte vidéo. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes, chacun s'y retrouvant. Les enfants riront davantage du comique de situation et de geste et les adultes des dialogues et des références. On retrouve dans l'oeuvre de Fell et Butler un super casting pour les voix originales américaines, comme celles de Casey Affleck (The killer inside me, I'm still here) pour le rôle de Mitch, de Christopher Mintz-Plasse (Fright night, Kick-ass) pour le rôle de Alvin et de John Goodman (Red state, Panic sur Florida Beach) pour le rôle de Mr. Prenderghast. Le film à aussi le mérite de nous offrir une musique originale, avec par exemple un morceau de Dizzee Rascal en plein milieu du film sur lequel dansent certains personnages. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est donc une grande réussite, drôle, touchante et effrayante, et techniquement surprenante, à voir en famille, entre amis ou entre amoureux. On aurait cependant apprécié quelques zombies de plus.
Norman et sa très belle lampe de chevet zombie |
- Voici un petit making-of très interessant sur la réalisation L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN :
- Voici la chanson "Fix up, look sharp" de Dizzee Rascal qui figure dans le film :