dimanche 26 août 2012

L'étrange pouvoir de Norman

Bonjour ! Je vais vous parler pour la première fois sur le site d'un film d'animation, L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN, réalisé par Sam Fell (La légende de Despereaux, Souris City) et Chris Butler, sortit dans nos salles le mercredi 22 août.

"Criera bien qui criera le dernier !"


Titre : L'étrange pouvoir de Norman
Réalisation : Sam Fell et Chris Butler
Acteurs : Kodi Smith-McPhee, Tucker Albrizzi, Anna Kendrick, Casey Affleck, Christopher Mintz-Plasse, Leslie Mann, Jeff Garlin, Elaine Stritch, John Goodman...
Année de sortie : 2012
Genre : Animation, Fantastique

Synopsis : Norman est un gamin isolé. Introverti, il a cette faculté de parler aux fantômes qui errent encore dans notre monde en attendant de trouver la paix. Son oncle, un ivrogne notoire écumant les poubelles de la toute petite ville de Blythe Hollow, a lui aussi ce lien étrange avec l'au-delà. Le jour où il décède d'une attaque, il laisse le soin à son neveu d'empêcher la malédiction de la sorcière de se reproduire. Ce soir, alors qu'on fête l'anniversaire de sa pendaison, elle va déterrer les zombies.

Infos utiles : 31 000 visages miniatures ont été conçus pour animer les personnages. Le personnage de Norman, par exemple, a nécessité 8000 pièces à lui tout seul. Les cheveux de Norman, le personnage principal, sont faits de poils de chèvre, fixés ensemble grâce à du gel et de la colle. Cette chevelure est d'ailleurs composée de 275 piques ! L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est le second long-métrage de la société Laika Entertainment, dont le premier était Coraline (De Henry Selick), réalisé en 2009.

Ma critique : L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN, dont le titre original est Paranorman, beaucoup plus judicieux que le titre français - preuve de notre incroyable talent pour déformer les titres des films et de se défaire d'une quelconque originalité - est une véritable surprise du cinéma d'animation. Tout d'abord pour son approche sensible au cinéma d'épouvante. Ce n'est sûrement pas par hasard que le film soit distribué par Universal, le studio à l'origine de l'âge d'or du cinéma d'épouvante, qui fête par ailleurs ses 100 ans, en nous offrant un certain retour aux sources. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est un film d'animation qui fait preuve de matière et d'un travail appliqué en utilisant la technique du stop-motion. Le travail hyper minutieux des réalisateurs nous livre un véritable spectacle visuel, comme une superbe poursuite en voiture. De nos jours, on a tendance à réfléchir à deux fois avant d'aller voir un film d'animation dans les salles, tant le niveau d'inspiration court à sa perte et que le budget se fait de plus en plus restreint. L'intention n'y est plus, l'originalité non plus, et les dessins ne sont plus que réalisés par ordinateur. C'est avec le film de Sam Fell et de Chris Butler que l'on assiste à un véritable travail technique, qui ne prend pas les enfants pour des imbéciles. Le long-métrage renvoie - malgré une marge de différence - aux petits bijoux de l'animation d'il y a plus de dix voir vingt ans tels que Chicken run et Wallace et Gromit, tous deux faits entièrement de pâte à modeler. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est l'un des rares rejetons de ces ancêtres. On est loin des productions Pixar, Disney ou Burton, et c'est tant mieux. Le film dévoile une sincérité remarquable, preuve que l'on peut en retrouver dans l'animation autre que Disney/Pixar, les clichés et la morale américaine en moins. Le métrage joue d'ailleurs de façon subtile avec ces clichés, en reprenant certains codes du teen-movie. C'est notamment à travers le personnage de Norman que l'on retrouve le plus de tendresse, un personnage sincère, touchant, bouleversé par la perte de sa grand-mère, et qui semble se libérer l'esprit en regardant des films de zombies. Ici donc - et pour une fois - les films d'horreurs, que l'on accuse trop souvent à tort et à travers de pousser les jeunes à exécuter des actes violents, ne sont pas mis ici à l'écart mais bien en avant. Le film d'épouvante n'est pas le facteur des soucis du jeune garçon mais bien une façon de s'en défaire. L'autre force du film est le grand nombre de références cinématographiques au films de genre, comme celle, peut-être un peu trop présente d'ailleurs, du Sixième sens (De Mr. Night Shyamalan), et de classiques comme Halloween (De John Carpenter), Poltergeist (De Tobe Hooper) et Vendredi 13 (De Sean S. Cunningham). Chose que n'oserait ni assumerait pas Tim Burton, le sois-disant génie du fantastique et de l'épouvante, qui s'acharne plus à livrer des oeuvres rentables que artistiques. Le générique de fin renvoie à ceux des films de monstres des années 30. Il est d'ailleurs nécessaire de rester jusqu'à la fin de celui-ci afin d'assister aux secrets de fabrication des personnages à travers une courte vidéo. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes, chacun s'y retrouvant. Les enfants riront davantage du comique de situation et de geste et les adultes des dialogues et des références. On retrouve dans l'oeuvre de Fell et Butler un super casting pour les voix originales américaines, comme celles de Casey Affleck (The killer inside me, I'm still here) pour le rôle de Mitch, de Christopher Mintz-Plasse (Fright night, Kick-ass) pour le rôle de Alvin et de John Goodman (Red state, Panic sur Florida Beach) pour le rôle de Mr. Prenderghast. Le film à aussi le mérite de nous offrir une musique originale, avec par exemple un morceau de Dizzee Rascal en plein milieu du film sur lequel dansent certains personnages. L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN est donc une grande réussite, drôle, touchante et effrayante, et techniquement surprenante, à voir en famille, entre amis ou entre amoureux. On aurait cependant apprécié quelques zombies de plus.


Norman et sa très belle lampe de chevet zombie

- Voici un petit making-of très interessant sur la réalisation L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN :



- Voici la chanson "Fix up, look sharp" de Dizzee Rascal qui figure dans le film :

vendredi 3 août 2012

Riff raff

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de RIFF RAFF de Ken Loach (Land and freedom, Sweet sixteen), que l'on pouvait retrouver avec La part des anges, son dernier film sortit récemment et encore disponible dans certaines salles.

N'ayant pu trouver la bande-annonce du film, voici un extrait de la première minute du film, soit du générique :


Titre : Riff raff
Réalisation : Ken Loach
Acteurs : Robert Carlyle, Emer McCourt, Jimmy Coleman, Ricky Tomlinson, George Moss, Peter Mullan...
Année de sortie : 1991
Genre : Drame

Synopsis : Stevie sort de prison. L'énergie joyeuse de ses nouveaux collègues de chantier et sa rencontre avec une candide et fantaisiste chanteuse sans emplois illuminent sa nouvelle vie.

Infos utiles : RIFF RAFF a reçu le Prix de la critique internationale lors du Festival de Cannes 1991 et Meilleur film Prix du Cinéma Européen 1991.

Ma critique : L'expression "riff raff" en anglais est employée par la bourgeoisie pour désigner les "canailles" aux activités jugées douteuses. Ken Loach, comme à son habitude, aborde le thème de personnes en difficulté, qui se battent pour leur survie dans le milieu urbain, ici sous le régime autoritaire de Margaret Thatcher, qui fut Premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990. Le cinéaste met donc en scène avec RIFF RAFF des personnages récurrents de ses films. Cependant, il aborde ce thème avec un certain humour que l'on retrouve tout au long du film. C'est le traitement de la relation entre les personnages et de leur sympathie qui poussent le spectateur à rire de bonne foie avec eux. Mais cela n'empêche pas à Loach de bouleverser le spectateur avec des scènes difficiles et des évènements tragiques qui ne cessent d'abbatre psychologiquement les personnages. C'est sur le chantier que semble se réunir leur joie et leur humanité. Ce film nous prouve donc que l'on peut à la fois rire et pleurer  d'un sujet qui ne prête pas au rire, à condition que maîtrise il y ait. C'est d'ailleurs lorsque l'on a pu rire avec les personnages et que l'on s'est attaché à eux que la chute dramatique est d'autant plus difficile à supporter. Le chantier, qui forme pratiquement une unité de lieu du film, semble animer autant les personnages que le spectateur, jusqu'à sa déchéance. Il représente un être à part entière. On retrouve dans cette oeuvre l'excellent Robert Carlyle (Trainspotting, The full monty), alors jeune, qui marque avec RIFF RAFF le début de sa carrière, qui le mènera jusqu'à Hollywood. Il incarne ici un personnage solitaire, silencieux et observateur, déjà habitué à une vie difficile, dont on ignore le passé. Au fil du film il se montrera beaucoup plus lucide et réaliste que sa petite amie, interprétée par Emer McCourt (Loop, The bargain shop), qui en apparence cherche à montrer de l'assurance mais qui en fait est dépendante des autres. On retouve dans les seconds rôles ceux de travailleurs et amis de chantier de Stevie (Robert Carlyle), de véritbale maçons, tous géniaux. On retrouve également Peter Mullan (Neds, Trainspotting), alors au tout début de sa carrière. Ce qui fait la force de RIFF RAFF est son extrême sincérité et les dialogues servis par des acteurs tant réalistes que l'on semble assister à leur véritable vie. Malheureusement l'image du film sembe s'être déteriorée avec le temps, et semble avoir perdu de sa couleur et de son grain. RIFF RAFF est une véritable leçon de vie mise en scène dans l'Angleterre des années 90, aussi agréable et drôle que bouleversante et dérangeante.

Robert Carlyle (à gauche), sur le chantier