Méfiez-vous d'où vous vous baignerez cet été ! Ce qui vous chatouille les pieds peut être une simple algue ou un zombie affamé !
Je n'ai que trouver une bande-annonce en anglais, la voici tout de même :
Titre : Le lac des morts vivants
Réalisation : J.A. Lazer (Jean Rollin)
Acteurs : Howard Vernon, Nadine Pascale, Pierre-Marie Escourrou, Anouchka, Anthony Mayans, Burt Altman, Jean Rollin...
Année de sortie : 1981
Genre : Horreur
Synopsis : Une jeune femme disparaît alors qu'elle se baigne au bord d'un lac, dans lequel, au cours de la Seconde Guerre Mondiale, des soldats nazis furent tués et jetés à l'eau par des partisans. Quelques temps plus tard, ce sont de jeunes basketteuses qui périssent dans d'atroces conditions. Le lac est hanté par les nazis revenus d'entre les morts pour se venger de leur sort...
Infos utiles : LE LAC DES MORTS VIVANTS est considéré par certains comme le pire film du cinéma français. Le film a été interdit au moins de 12 ans en France tandis qu'en Angleterre il fut interdit aux moins de 18 ans et en Allemagne aux moins de 16 ans. Le film a été tourné en deux versions, une version censurée où les filles se baignent habillées et une version non censurée où les filles se baignent nues, afin d'atténuer le niveau de censure dans certains pays. A l'origine, c'est Jesus Franco qui devait réaliser le film.
Ma critique : Le cinéma de Jean Rollin (Le viol du vampire, La morte vivante) est particulier. Il aborde le cinéma de genre avec un certain amateurisme et ne résigne pas sur le sexe, le mettant même en valeur en le mêlant à l'horreur, notamment dans ses films de vampires. On retrouve cependant le thème du zombie avec LE LAC DES MORTS VIVANTS, dont le scénario est signé par l'espagnol Jesus Franco (L'abîme des morts vivants, Les nuits de Dracula) qui connaît bien son sujet. Le film de Rollin, alias Lazer, sert au spectateur une double couche d'horreur, celle de zombies et celle de nazis qui, combinées, font des méchants du film des zombies nazis. Rollin trouve également le moyen de dénuder leurs victimes en les faisant se baigner - nues de préférence - dans un lac verdâtre reculé, de la même couleur que le maquillage des affreuses créatures avides - pas que - de chair fraîche. Effectivement, ceux-ci sont capables d'avoir des sentiments ainsi que de se retourner contre leurs alliés. Tout est donc propice pour effrayer et divertir les spectateurs avides de gore et de femmes légèrement dévêtues. C'est comme cela que commence le film de Rollin. On suit une jeune femme déjà peu habillée marchant seule dans les bois, en direction d'un lac. Après quelques plans de la nature et d'un cigne, la jeune femme, à notre grande stupeur, se déshabille, vu que personne ne risque de la voir, mis à part le spectateur et le cigne ! La jeune femme plonge donc dans l'eau pour y nager en attendant que le metteur en scène donne le top départ au mort vivant caché sous l'eau pour sauter sur la belle créature innocente. Cette première scène annonce donc au spectateur tous les enjeux du film, soit les zombies, le gore et les poitrines exposées de femmes en détresse. La scène qui suit nous offre un aperçu des dialogues psychologiques des personnages, d'ailleurs étrangemment décalés par rapport aux mouvements des lèvres, intrigués par cette disparition hors du commun. C'est à cette occasion que le maire du village, joué par le super Howard Vernon (Délicatessen, Les prédateurs de la nuit) raconte ses - très longs - souvenirs de guerre à une journaliste. Survient alors un flash-back permettant de mieux plonger le spectateur dans son histoire, et de pouvoir visualiser les infinissables ébats amoureux - dont il serait évidemment idiot de na pas en profiter - entre un soldat allemand et une pauvre fermière innocente, bordés d'une musique languissante, dont même les protagonnistes semblent s'ennuyer. Mais ce sont au moins des rires garantis que nous offre ce bon Rollin. Mais n'oublions pas le propos sérieux du film, que le maire semblait lui aussi oublié. Il revient au déroulement de son histoire pour nous évoquer ses souvenirs de la Seconde Guerre Mondiale, plus particulièrement lorsqu'il jeta une poignée de nazis dans un lac qui nous est pas inconnu. Malgré l'aspect propret des costumes et des véhicules, la reconstitution s'avère respectable voire réaliste, dans une campagne française qu'il est bon et rare de voir dans les films d'épouvantes français de ces années là, notamment tournés avec une image qui frôle l'amateurisme, ce qui rend d'autant plus réaliste les décors naturels. Après avoir expliquer explicitement et visuellement l'histoire, Jean Rollin peut mettre place à l'action, et faire sortir les zombies du lac, dont la raison de la date de leur séjour sur terre reste et restera inconnue. Suivent alors et encore de nombreuses baignades de jeunes filles évidemment nues, filmées sous l'eau, par soucis de style - mon oeil ! - qui offrent justement aux yeux un spectacle plutôt satisfaisant, les zombies s'aggripant aux jambes de celles-ci, qui rappelle sans conteste le brillant L'enfer des zombies de Lucio Fulci. Les zombies sortent alors de l'eau, menés par une personne qui nous est pas inconnu, Jean Rollin himself ! Après avoir sauté sur quelques occasions de nous montrer d'autres créatures nues - un bon paquet au final ! - et nous avoir livré une scène sentimentale entre un zombie romantique et une jeune fille, Rollin achève son oeuvre avec une fin savamment expédiée, comme savent le faire comme il se doit les réalisateurs de cinéma bis. La fin est malgré tout réussie. LE LAC DES MORTS VIVANTS est sans conteste l'une des plus grandes séries B de l'histoire du cinéma, qui brille par son manque de maîtrise, en multipliant par exemple moulte bourdes, comme une caméra qui tangue, un mort - un vrai mort - qui bouge encore, le maquillage qui se détache, des hublots dans le lac ou encore une figurante qui rigole en arrière-plan alors que la scène ne se prête pas - du moins involontairement - au registre comique. Mais c'est tout ce qui fait le charme d'une série B, ici du LAC DES MORTS VIVANTS, dont on n'est pas prêt d'oublier ces zombies verts - en opposition aux zombies bleus de Zombie de George Romero, ce lac, ces femmes nues, cette campagne française et ce style si unique et cher à Jean Rollin.
Les zombies, pas contents, sortent de l'eau, menés par Pierre-Marie Escourrou |
Une femme en détresse, qui semble ne pas voir d'où le danger vient |
Voici la très belle affiche du film :