Kung Fury

Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2015, KUNG FURY est un court-métrage bien singulier qui nous vient de la Suède. Réalisé, écrit, produit et joué par David Sandberg, le film est sorti gratuitement en ligne le 28 mai 2015 sur Youtube.

Voici le film complet, disponible avec des sous-titres français et en HD :

Titre : Kung Fury
Titre original : Kung Fury
Réalisation : David Sandberg
Scénario : David Sandberg

Acteurs : David Sandberg, Jorma Taccone, Steven Chew, Leopold Nilsson, Andreas Cahling, Erik Hornqvist, Per-Henrik Arvidius, Eleni Young, Helene Ahlson, Eos Karlsson, Magnus Betnér, Björn Gustafsson, David Hasselhoff, Frank Sanderson...

Sortie en ligne : 28 mai 2015
Genre : Action

Synopsis : Détective à la police de Miami et adepte des arts martiaux, Kung Fury entreprend un voyage dans le temps depuis les années 80 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Son objectif : tuer Adolf Hitler, alias "Kung Führer", et venger son ami tué par le leader nazi. Un problème technique va le conduire jusqu’à l'époque Viking.

Ma critique : Auriez-vous imaginé un jour voir un film d'action suédois à la sauce 80's mettant en scène un flic pro du kung-fu à Miami qui retourne dans le passé pour combattre Hitler avec l'aide de Thor et d'un coéquipier tricératops ? C'est aujourd'hui possible avec KUNG FURY, un court-métrage de 31 minutes réalisé, écrit, produit (via Laser Unicorns) et joué par le suédois David Sandberg. Financé grâce à la plateforme Kickstarter, le film aurait pu voir le jour sous forme de long-métrage s'il avait atteint les 1 000 000 de dollars, et non les 650 000 dollars, chiffre qui est tout de même plus du triple des gains espérés pour le court (200 000 dollars).

KUNG FURY est un véritable buzz, un succès en tous points. A commencer par une promo avec une bande-annonce et un clip musical avec David Hasselhoff, un jeu-vidéo en application (Kung Fury : Street Rage) et des produits dérivés, accumulant les millions de vues sur Youtube et attirant des financeurs. Puis le film est présenté à Cannes lors de la Quinzaine des réalisateurs, mais n'est pas récompensé. Et enfin, la gratuité. Pouvoir regarder gratuitement et légalement un film si riche de 31 minutes en haute qualité est un vrai cadeau. Si le mélange des genres évoqués plus haut fonctionne, c'est bien parce que le court-métrage vise plus le clip stylisé que la cohérence d'un film bien construit. Néanmoins Sandberg ne s'abandonne pas au simple effet de style et parsème son oeuvre d'humour, de guest stars et de paysages naturels, ce qui rend ce clip plus attrayant.

Si KUNG FURY cultive une esthétique tout à fait américaine, le film reste une production entièrement suédoise. En effet, Miami a été reconstituée à... Umeå, la plus grande ville du nord de la Suède, et douzième plus grande ville du pays. David Sandberg revient aussi à ceux qui ont battit son pays, les vikings (ici deux jeunes femmes sculpturales, et non de gros barbus rustres) et renvoie à la mythologie nordique, avec Thor, interprété par le culturiste suédois Andreas Cahling. On est loin du Thor de Marvel, rendons à la Scandinavie ce qui appartient à la Scandinavie !

Entre deux scènes sur fond vert, Sandberg nous offre aussi de magnifiques paysages de son pays. Implicitement - et volontairement ? -, KUNG FURY renvoie à la question de l'implication de la Suède dans la Seconde Guerre mondiale, le pays "aryen" par excellence pour Hitler. On le voit quand le dictateur souhaite la bienvenue en Allemagne au héros et quand il lui dit qu'ils ne sont pas si différents. S'ensuit un bon coup de poing dans les parties histoire de le faire taire et de rendre hommage à un pays qui a aussi beaucoup souffert du nazisme.

Là où le film est aussi placé sous le signe de la Suède, c'est du côté du casting principalement suédois, avec des stars nationales telles que, outre Andreas Cahling, la culturiste Helene Ahlson, l'acteur et présentateur Björn Gustafsson et l'humoriste Magnus Betnér. S'ajoutent à eux deux stars américaines, Jorma Taccone (Hot rod, Girls), membre de The Lonely Island grimé en Hitler, et le kitschissime David Hasselhoff (Alerte à Malibu, K 2000), toujours très fort dans l'auto-dérision, qui prête aussi sa voix au morceau True Survivor.

KUNG FURY est déjà culte, un film de et témoin de son temps, un bijoux d'Internet de sa promotion au produit fini. Sur le plan esthétique, Sandberg ne force pas trop sur les tons, même s'il s'agit de reconstituer l'atmosphère d'un jeux vidéo et d'un film d'action des années 80, mais on est loin de l'horrible style de Zack Snyder et de ses filtres à la Instagram dans 300. Et puisque c'est gratuit et si généreusement offert au public, autant s'en réjouir et pourquoi pas le regarder encore...